Bangui (CNC) – Dans sa déclaration audio publiée sur les réseaux sociaux, le chef rebelle Mahamat Al Khatim, patron du mouvement patriotique centrafricain (MPC) s’en prend à l’honorable Martin Ziguélé, Président du parti MLPC et menace de quitter l’accord de paix de Khartoum. Pourquoi ?
« … je veux répondre à Martin Ziguélé. Je ne sais pas si c’est le Président (Touadera) qui l’a poussé. On ne fait pas la politique comme ça. Les gens qui font la politique, quand ils ne savent pas comment le faire, il faudrait la cesser. Nous étions là en 2015 quand la Minusca était venue nous voir pour dialoguer, car la guerre n’est pas bien. Nous avions accepté… Finalement à Khartoum, nous avions dialogué avec le gouvernement et Martin Ziguélé était là. Il me croisait régulièrement, mais il n’a pas dit un mot que je suis tchadien. Mais quand le gouvernement dialoguait avec moi, j’étais tchadien ou centrafricain… ?Alors, les gens de l’Union africaine, vous écoutez bien les propos de Martin Ziguélé qui veut mettre le feu aux poudres. On est prêt… », déclare Mahamat Al Khatim.
Mais d’où vient la colère du général autoproclamé chef rebelle Mahamat Al Khatim ?
Quelques jours plutôt, l’honorable Martin Ziguélé, lors de son interview sur les ondes de la radio Ndékèluka, disait :
« … Le MLPC soutient au présent, a soutenu dans le passé et continue de soutenir l’accord de Khartoum pour une raison fondamentale. C’est que la guerre qui nous a imposées depuis six ans aujourd’hui est animée par des acteurs qui ne sont pas les fils de ce pays. Il faut que les choses soient claires. C’est des acteurs qui sont principalement étrangers et qui veulent prendre notre pays. Et nous ne pouvons pas accepter cela. Nous soutenons l’accord de paix pour deux raisons. La première raison c’est pour obtenir pacifiquement que le dernier air du DDR s’applique et ils répartissent chez eux. Et la deuxième raison est que l’accord ne prévoit pas l’amnistie. Donc il faut que la justice, qui fait partie de la devise du MLPC, soit appliquée. Et que les Centrafricains sachent exactement ce qui s’est passé. Par ce qu’il y’a eu beaucoup de mensonge et de manipulation, notamment contre le MLPC… » avant de poursuivre que « tous les trois mouvements les plus virulents. Que ça soit Abbas Sidiki, que ça soit Al Khatim, que ça soit Ali Darassa, ils ne sont pas des Centrafricains. C’est clair et net. Il n’y a pas de débat là-dessus… ».
Alors, pourquoi les chefs rebelles ont-ils peur ?
Évidemment, pour les Centrafricains, la peur change de camp depuis les déclarations de l’honorable Martin Ziguélé qui demande à ce que ces trois chefs rebelles ne soient poursuivis devant la justice avant leur expulsion du territoire nationale. Heureusement l’accord de paix de Khartoum n’a pas prévu une amnistie pour eux, expliquent-ils.
Si aujourd’hui Martin Ziguélé fait peur et continue de faire peur aux groupes armés dans le pays, c’est qu’il est l’homme politique qui a plus d’épaisseur et un poids diplomatique très important qui pourraient manifestement faire basculer certaines choses dans le pays.
Al Khatim, un Centrafricain ou un tchadien ?
Comme lui-même disait : « … C’est moi général Al Khatim, ex-caporal de l’armée centrafricaine, ce n’est pas l’armée tchadienne…. J’ai commencé dans l’armée centrafricaine depuis 2003 jusqu’à ce jour ».
Pour le chef rebelle Mahamat Al Khatim, le fait de servir dans l’armée nationale lui confère de droit la citoyenneté centrafricaine, alors que certains observateurs nationaux l’avaient identifié comme l’un des nombreux mercenaires tchadiens recrutés au Tchad par l’ancien Président centrafricain François Bozizé pour fomenter son coup d’État contre son beau-frère président Ange-Félix Patassé en mars 2003 avant de les naturaliser centrafricain et incorporé dans les forces armées centrafricaines.
Cependant, étant naturalisé centrafricaine et auteur présumé des nombreux crimes contre l’humanité et crimes de guerre perpétrés dans son pays hôte, Mahamat Al Khatim pourrait se voir retirer sa nationalité centrafricaine en vertu de la loi sur la citoyenneté et immigration en République centrafricaine, selon une source judiciaire contactée par CNC.
Il y’a lieu de noter que depuis plusieurs semaines, l’opposition démocratique et la société civile demandent au pouvoir de Bangui d’abroger les décrets présidentiels nommant les chefs rebelles qu’elles qualifient « mercenaires étrangers » aux différents postes au sein de l’armée centrafricaine, aux cabinets et dans le gouvernement.
Cependant, les Centrafricains se posent la question de savoir pourquoi les chefs rebelles ne se sont pas inquiétés après la signature de l’accord de paix de Khartoum si celui-ci n’a pas prévu une amnistie générale pour eux. Y a-t-il une clause secrète entre le gouvernement et les chefs rebelles ?
Aussi, pourquoi les multiples manifestations de l’opposition ne les ont pas inquiétés alors que leurs têtes avaient été demandées ?
Pourquoi attendre les déclarations de l’honorable Martin Ziguélé pour enfin avoir peur ?
À suivre…
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