Centrafrique : quand les employés de la mairie de Boda travaillent sans salaire depuis des mois, le maire, Barthélémy Pilapédé,  leur demande de faire avec

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quand les employés de la mairie de Boda travaillent sans salaire depuis des mois, le maire, Barthélémy Pilapédé,  leur demande de faire avec

 

Aimé Barthélémy Pilapédé, maire de la ville de Boda. Photo: RNL/Destin de Bonheur Wilikon
Aimé Barthélémy Pilapédé, maire de la ville de Boda. Photo: RNL/Destin de Bonheur Wilikon

 

Rédigé le 08 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Aimé Barthélémy Pilapédé, maire de Boda, a abordé la question des arriérés de salaires des employés municipaux lors d’une interview récente. Ses déclarations confirment une situation déjà connue dans de nombreuses communes centrafricaines : des agents publics qui travaillent sans être payés pendant que leurs responsables se contentent de constater l’impuissance.

 

 

Interrogé sur les arriérés de salaires du personnel municipal, le maire Aimé Barthélémy Pilapédé répond : “Pour ces arriérés là, c’est partout, dans toutes les communes ça existe, mais nous faisons avec le peu que nous avons”.

 

Cette réponse commence par minimiser le problème en le généralisant. Puisque toutes les communes connaissent cette situation, cela devient presque normal, acceptable. Cette normalisation de l’impayé des salaires témoigne d’une résignation face à un dysfonctionnement qui devrait provoquer l’indignation.

 

Le maire poursuit : “On n’a pas d’autre chose à faire. On continue d’éponger petit à petit parce que la commune est vraiment à terre. Vous savez qu’il n’y a plus de bureau d’achat, il n’y a plus de subventions, l’état civil est gratuit. Donc ce sont les recettes qui aident la mairie à avancer, mais en ce moment c’est un peu difficile”.

 

Cette explication détaille les contraintes financières de la commune. L’absence de bureaux d’achat,  ces structures qui achetaient autrefois les produits agricoles – prive la mairie d’une source de revenus. L’arrêt des subventions gouvernementales coupe une autre source de financement. La gratuité de l’état civil, mesure sociale en apparence, réduit encore les recettes municipales.

 

Ces contraintes sont réelles. Mais elles ne justifient pas qu’on demande aux employés de travailler sans salaire. Un employeur qui ne peut pas payer ses employés devrait arrêter de les faire travailler, pas leur demander de continuer gratuitement en attendant des jours meilleurs qui ne viendront peut-être jamais.

 

Le maire Aimé Barthélémy Pilapédé ajoute une phrase qui résume toute l’absurdité de la situation : “Tous ces personnels municipaux là, ils savent ce problème, on est habitué et puis on fait avec parce que le gouvernement nous a placé confiance de gérer notre localité”.

 

Les employés municipaux “sont habitués” à ne pas être payés. Cette phrase devrait provoquer un scandale. Comment peut-on s’habituer à travailler sans salaire ? Comment peut-on normaliser cette situation au point de la présenter comme acceptable ?

 

La référence à la “confiance” du gouvernement sonne comme une manipulation. On demande aux employés de continuer à travailler gratuitement au nom d’une confiance abstraite accordée par un gouvernement qui, lui-même, ne leur verse pas les subventions promises.

 

Sur les solutions envisagées, le maire reste vague : “Nous on se bat avec le peu que nous avons en main, avec les recouvrements des boutiques qui se passent à chaque mois mensuellement, nous essayons de diminuer ces arriérés”.

 

Les taxes collectées mensuellement auprès des boutiques locales servent à “éponger” progressivement les arriérés. Mais ces montants restent dérisoires face à l’ampleur des dettes accumulées. Cette stratégie d’épongement progressif signifie concrètement que les employés municipaux attendront des mois, voire des années avant de récupérer l’intégralité de ce qui leur est dû.

 

Cette situation des employés municipaux de Boda se répète dans des dizaines d’autres communes centrafricaines. Partout, des agents publics locaux travaillent sans salaire ou avec des mois de retard, pendant que leurs responsables se contentent de gérer la pénurie.

 

Ce système d’exploitation des employés municipaux repose sur leur absence d’alternatives. Dans des villes comme Boda, les emplois sont rares. Les gens acceptent de travailler sans être payés parce qu’ils espèrent toucher un jour leurs arriérés et parce qu’ils n’ont pas d’autres opportunités.

 

Cette précarisation des agents publics locaux compromet la qualité des services municipaux. Comment des employés qui ne sont pas payés depuis des mois peuvent-ils rester motivés et efficaces ? Comment peuvent-ils subvenir aux besoins de leurs familles tout en continuant à se présenter au travail ?

 

La responsabilité de cette situation dépasse le maire de Boda. Le gouvernement central a coupé les subventions aux communes sans se préoccuper de leur capacité à fonctionner. Cette décentralisation sans moyens transforme les communes en structures fantômes où les employés travaillent gratuitement pendant que les services se dégradent.

 

Le maire Pilapédé ne propose aucune solution concrète à court terme. Il se contente de “faire avec” en attendant que les recettes locales permettent d’éponger progressivement les arriérés. Cette résignation face à une situation inacceptable témoigne de l’impuissance des autorités locales.

 

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