Centrafrique: Quand le pouvoir en place manipule la population contre la MINUSCA.
Bangui, le 20 août 2016. 13:21′.
Par: Gisèle MOLOMA.
Depuis près de deux semaines, le pouvoir en place, plus précisément le Président Faustin Archange TOUADÉRA et son Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI, appuyés par leur Ministre de la Sécurité publique l’Évangéliste Serge BOKASSA, ont méthodiquement planifié et cultivé des rumeurs dans le pays afin de discréditer la Mission Multidimensionnelle des Nations-Unies en Centrafrique (MINUSCA). Le but: se dédouaner de la fuite d’Abdoulaye Hussein, un Chef rebelle de la Séléka qui avait quitté Bangui au vu et au su de ces mêmes personnalités, (au nez et) à la barbe de nos Forces de sécurité intérieure. Comment ces rumeurs sont-elles cultivées par ce trio de l’Exécutif? Contre-enquête de notre équipe.
Bravo! Bravo Monsieur Simplice Mathieu SARANDJI pour être classé cette semaine la personnalité la plus ridicule suite à votre déclaration sur les antennes de la radio Ndèkè-Luka dans l’affaire dite d’Abdoulaye Hussein. Au lieu de s’attaquer aux forces des Nations-Unies qui tentent malgré tout d’aider le peuple Centrafricain dans cette période difficile de son histoire, il serait mieux pour le gouvernement de faire sa propre analyse de cette affaire, tout en remettant en cause son propre dispositif de sécurité mis en place dans la capitale ou ailleurs, aux fins de se corriger dans le future.
Après les graves accusations du gouvernement contre la MINUSCA dans lesquelles les forces internationales de cette grande Institution des Nations-Unies ont été directement accusées d’aider dans leur fuite, les trois chefs redoutables de la Séléka du quartier Km5, l’une de nos équipes a mené une enquête, et du côté de nos forces de sécurité qui ont participé au combat de Damara, et du côté des celles de la MINUSCA, sans oublier les différents témoins de cet événement.
Dans cette enquête, nous avons relevé plusieurs faux témoignages, des mensonges, des manquements de la part des officiers de la garde présidentielle ayant dirigé le combat de la ville de Damara. Contacté par CNC, un Officier des gardes rapprochés du président Faustin Archange TOUADÉRA nous a confirmé, dans un premier temps, qu’ils étaient au nombre de 15 soldats à poursuivre le cortège d’Abdoulaye Hussein sur la route de Damara dans leur fuite. Selon cet officier, le combat de Damara a été dur mais ils ont réussi à neutraliser 8 combattants d’Abdoulaye Hussein et sans préciser la perte de leur côté. Sur ce point, nous lui avions posé la question de savoir pourquoi les autres ont réussi à quitter Damara malgré cette perte énorme? Cet officier nous a répondu que les soldats français en couverture aérienne cette nuit les ont intimidés et les empêchés de faire le combat. En ce moment, il ajoute, qu’ils ont vu d’Abdoulaye Hussein et ses éléments, en toute tranquillité, en train de changer les roues crevées de leurs véhicules qu’ils avaient réussi à détruire 3 en amont, sans préciser si ce sont des soldats de la MINUSCA qui leur avaient remis des roues d’échange.
Combien de temps ils ont mis à changer leurs roues? L’officier nous a répondu qu’ils ont passé près de 3/4 d’heure sur place avant de quitter Damara.
Et pendant ce temps, vous ne faites que les observer? Embarrassé, il nous a dit que ces éléments et lui avaient coupé devant le cortège d’Abdoulaye Hussein afin de les neutraliser à l’entrée de la ville de Sibut.
Confusion totale! Mon commandant, vous venez de nous dire à l’instant que vous avez vu Abdoulaye Hussein et ses éléments changer leurs roues pendant 45min et quitter Damara en toute tranquillité, mais à quel moment vous avez coupé devant ce cortège et sur quelle voie vous avez empruntée rapidement pour être en avance par rapport à ce cortège qui serait logiquement devant vous? À ce niveau, pas de réponse claire de la part de cet officier.
Alors, au niveau de Sibut, le combat s’était déroulé comment pour qu’Abdoulaye Hussein et ses lieutenants puissent s’échapper aisément?
L’officier nous a expliqué qu’au moment où le cortège d’Abdoulaye Hussein était arrivé à 50km avant Sibut, les soldats rwandais de la MINUSCA qui étaient également présents avec eux à 50km de la ville de Sibut, ont pris leur char blindé et sont partis récupérer Aroun Gaye et Abdoulaye Hussein dans leur char et prendre la direction de Sibut.
Pendant ce temps, vous les gardes présidentiels, vous faites quoi? Pendant ce temps, nous procédons à l’arrestation des 8 éléments d’Abdoulaye Hussein.
Sans combat? Avec combat, répond y-il. Et les autres? Ils étaient en fuite dans la brousse.
Cet extrait de notre interview avec un officier de la garde présidentielle montre comment il y’a des incohérences totale dans le rapport d’événements qu’ils ont présenté au Président Faustin Archange TOUADÉRA et son Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI. Cette version des faits a été contestée par nos enquêtes sur le terrain.
Comment le Président Faustin Archange TOUADÉRA et son Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI pourraient-ils croire à cette version des faits? Difficile d’y répondre, mais selon un politologue Centrafricain, le Gouvernement cherche des voies et moyens de se dédouaner vite fait de cette affaire encombrante et nuisible, et la version de cet officier qui avait dirigé ce combat de Damara tombe juste. Il suffit de la remanier en ajoutant à la partie de Damara que ce sont les soldats de la MINUSCA qui ont aidé Abdoulaye Hussein et ses éléments avec des roues de secours afin qu’ils puissent partir. Or, le jeudi dernier sur les antennes de la radio Notre Dame, un officier de la Séléka avait confirmé que le départ d’Abdoulaye Hussein avec tous ses officiers du quartier Km5 a été facilité par le Président Faustin Archange TOUADÉRA. Cette version pourrait être proche de la vérité d’autant plus que, vu le nombre des checks’-points de contrôle des Forces Armées Centrafricaines à Bangui tout comme sur les routes des provinces, on ne peut que donner raison à cet officier de la Séléka. Des sources indépendantes au Pk12 et au niveau de l’Ecole Nationale de Police où une cinquantaine des soldats FACA sont basés, nous confirment aussi d’une autre manière l’hypothèse d’une complicité du pouvoir en place dans la fuite d’Abdoulaye Hussein. Le comportement des soldats cette nuit montre clairement qu’ils ont reçu l’ordre d’ouvrir le corridor.
Selon nos informations, le Ministre Serge Bokassa a tenu une réunion avec les directeurs généraux de la gendarmerie et de la police au sujet de ce départ aux alentours de 21 heures juste une heure du temps avant l’arrivée des véhicules d’Abdoulaye Hussein au Pk12 où sont repositionnés 4 véhicules de la gendarmerie et de la police et que c’est le Président TOUADERA qui leurs avait demandé de quitter la capitale lors d’un entretien qu’il a eu avec Abdoulaye Hussein et ses acolytes dont Aroun Gaye alias 50/50. « Pour vue que Bangui roule bien, votre peuple sera content de vos actions» avait conseillé au président son entourage.
Le pouvoir en place doit comprendre que la manipulation n’est politique et qu’en face d’eux il y a un peuple qu’on ne peut toujours le tromper ou le manipuler et la Communauté internationale. La politique à la Corée du Nord est explosive.
Accuser les forces des Nations-Unies est plus facile, mais faire son autocritique devient compliquer. Le Gouvernement ferait mieux d’être cohérent dans ses erreurs. Les incohérences de vos erreurs et vos idées, montrent aux centrafricains et à la Communauté internationale que ce sont ceux qui ont mis à mal la cohésion sociale qui sont à nouveau aux affaires.
Réarmement des Forces Armées Centrafricaines ne changera rien non plus aussi si la peur de mourir ne leur quitte. La capacité de résistance réside d’abord dans le moral que dans les armes stockés ou distribués..
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