CENTRAFRIQUE Présidence : Qui succèdera à Catherine Samba-Panza ?

Publié le 30 juillet 2014 , 4:46
Mis à jour le: 30 juillet 2014 4:46 pm

Le Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique en Centrafrique, tenu, à Brazzaville, du 21 au 23 juillet, sous la présidence du « médiateur », Denis Sassou Nguesso, est comparable à une montagne qui a accouché d’une souris. Aucun résultat palpable n’en est sorti. On s’y attendait un peu, les participants centrafricains, venus de Bangui, ayant accepté d’effectuer le voyage, pour faire du tourisme, ce qui n’est pas, forcément, une mauvaise chose, par ce temps de vacances. Le dictateur congolais n’est, donc, pas l’homme de la situation, en Centrafrique. Pas plus que le dictateur tchadien, Idriss Déby Itno, qui avait pesé, de tout son poids, à Malabo, pour que ces assises sur la réconciliation, soient organisées, à Brazzaville. Et pas ailleurs. Le comprendront-ils seulement cette fois-ci ?

Annoncée en marge du Sommet de l’Union africaine (UA), de Malabo, fin juin dernier, le Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique des Centrafricains, du 21 au 23 juillet, à Brazzaville, a connu un échec retentissant. Les frais de transport et de prise en charge des 170 invités, voire plus, auraient pu servir à autre chose, en Centrafrique où tout manque. Présidé par le président du Congo, Denis Sassou Nguesso, « médiateur » dudit conflit, ce Forum portait, en lui-même, les germes de son propre échec, quand le président du Tchad, Idriss Déby Itno, avait proposé sa tenue, à Brazzaville, pensant que ce serait le moindre mal pour lui. C’était minimiser le degré d’animosité des Centrafricains à l’endroit des présidents, Denis Sassou Nguesso et Idriss Déby Itno. Si Déby est identifié et, nommément, cité comme le responsable principal de la descente aux enfers du Centrafrique, Denis Sassou Nguesso n’est pas épargné, pour autant. Son action, en Centrafrique, est animée par des arrière-pensées de politique intérieure congolaise. Pour vu d’un immense trésor pétrolier sans fin, il comptait « acheter » une paix précaire, en Centrafrique, auprès de certains leaders centrafricains corrompus, dans le but de faire plaisir à la communauté internationale, et en profiter, au niveau de la politique intérieure, au Congo, où il souhaite passer, en force, en modifiant la constitution, qui lui interdit de se représenter à sa propre succession, en 2016. Voyant qu’il corrompt, tout, sur son passage, hommes politiques, chefs d’Etat, et industriels français, Washington lui a demandé de respecter la constitution de 2002.

Autre raison qui montre que la « médiation » de Sassou est gênante. Il sponsorise, ouvertement, un candidat à la présidentielle de février 2015, ce qui fait de lui, juge et partie. Tous ces éléments n’ont pas été pris, en compte, à Malabo, sinon, la capitale congolaise n’aurait pas été choisie. On avait cru que le fait de privilégier comme nouvel interlocuteur sous-régional, dans le dossier centrafricain, le président angolais, José Eduardo dos Santos, allait, de facto, marginaliser l’influence nocive du Tchadien Déby et du Congolais Sassou. Mais c’était sans compter sur la casquette d’Idriss Déby Itno, de président en exercice de la CEEAC, depuis plus de 4 ans, laquelle lui a permis de contourner sa mise à l’écart que cherchait la communauté internationale. Là où Luanda aurait pu donner des gages de neutralité et, donc, de succès, à cette idée de réconciliation, Déby a préféré, une fois de plus, contrôler le processus, via, le Congo- Brazzaville. Conclusion : à quelque chose malheur est bon. Ce n’est pas si mal que le président congolais ramasse cet échec dans la figure, du fait du refus poli mais ferme de la classe politique et de la société civile centrafricaines, d’y prendre part. Si au moins, cela pouvait lui servir de leçon, pour les occasions futures.

Avec l’arrivée des casques bleus des Nations-Unies, en septembre, le Centrafrique va se diriger, résolument, vers la tenue de l’élection présidentielle, au début de l’année 2015. Le compte à rebours va, bientôt, commencer. Il n’est pas tôt de donner, par ordre alphabétique, une première liste, non exhaustive, des principaux (futurs) candidats, à la succession de Catherine Samba-Panza.

A.G. Dologuelé
A.G. Dologuelé

Dologuélé Georges Anicet, président de l’URCA (Union pour le renouveau centrafricain), un parti qui n’existait pas, il y a un an, et qui ambitionne de conquérir la magistrature suprême. Ancien premier ministre, Georges Anicet Dologuélé traîne quelques casseroles qui pourraient être brandies pendant la campagne, sans parler de sa gouvernance approximative, qui fut à l’origine de son éviction de la présidence de la BDEAC (Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale), en 2010. Autrement dit, la question se pose de savoir si les chefs d’Etat de l’Afrique centrale, seraient contents d’accueillir dans leur sérail, quelqu’un qu’ils avaient renvoyé pour cause de mauvaise gestion, d’une organisation financière sous-régionale ?

Pr Nguerekata Gaston M.
Pr Nguerekata Gaston M.

Mandata Nguérékata Gaston, professeur d’université de son état, apporte un bol d’air frais à cette campagne qui s’annonce difficile. Il est en train de recruter une soixantaine d’en quêteurs qui vont sillonner l’ensemble du pays pour rencontrer 30.000 Centrafricains, de toutes les catégories sociales, afin de recueillir leurs besoins, à partir desquels il va confectionner un « Cahier de doléances », qui permettra l’élaboration de son programme politique de campagne. La démarche est nouvelle, en Centrafrique, et, même, en Afrique. Cette forme de démocratie participative n’a, jamais, été expérimentée, nulle part, sur le continent. Le gros inconvénient, cependant, est que Gaston Mandata Nguérékata risque de rester théoricien, bon universitaire qu’il est. Professeur de mathématique dans une université américaine qui lui a accordé une mise en disponibilité, il ne connait pas le fonctionnement de l’administration centrafricaine. Un désavantage certain par ces temps où le futur président n’aura pas droit à un état de grâce.

Willibiro Sacko
Willibiro Sacko

Willybiro Sako Jean, candidat à la présidentielle, de février 2015, a passé, près de 3 semaines, en France et en Belgique, au mois de mai. En France, pays qu’il connait, bien, pour y avoir exercé les fonctions d’ambassadeur du Centrafrique, pendant plusieurs années, avant d’être appelé au gouvernement, il a rencontré des officiels de l’Etat et des partis politiques. Il affiche ses ambitions, après 40 ans de bons et de loyaux services, où le meilleur président, pour lui, demeure le général André Kolingba. Jean Willybiro Sako n’est pas le mieux placé des candidats. Non seulement, il n’a pas de parti politique digne de ce nom pour l’accompagner, mais il lui faudra, aussi, un trésor de guerre car on ne peut faire une omelette sans casser les œufs. Sa réputation de mettre de l’ordre, partout, où il passe, suffira-t-elle pour que ses compatriotes le mettent en pole position ? C’est à lui de jouer.

Martin Ziguelé
Martin Ziguelé

Ziguélé Martin, président du plus grand parti centrafricain, le MLPC (Mouvement de libération du peuple centrafricain), jadis présidé par Ange Félix Patassé, dispose de bonnes cartes, en main, pour diriger le pays, dès la fin de la transition. Ancien premier ministre, de 2001 jusqu’au coup d’état du 15 mars 2003 de François Bozizé, Martin Ziguélé devrait mettre, à profit, ses liens privilégiés avec ses frères africains de l’Internationale socialiste, qui ont pu accéder au pouvoir, ces dernières années, en Guinée (Alpha Condé), au Niger (Mahamadou Issoufou) et, en 2013, au Mali (Ibrahim Boubacar Keïta). Il est, aussi, avantageux, pour lui, que le pouvoir, en France, soit entre les mains des socialistes qu’il connait bien. Mais ces atouts suffiront-ils ?

Sa principale faiblesse, réside dans son manque de communication. Il ne sait pas dire qu’il est le meilleur choix.

Afrique Éducation Numéro 396 – Centrafrique – Présidence : Qui succèdera à Catherine Samba-Panza ?

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