CENTRAFRIQUE : POURQUOI LE POUVOIR N’ENTREPREND T-IL PAS DE DISCUSSIONS AVEC L’OPPOSITION POUR LA RAMENER DANS LE PROCESSUS ÉLECTORAL EN ATTENDANT LE DIALOGUE POLITIQUE ?

Publié le 19 février 2021 , 11:11
Mis à jour le: 19 février 2021 11:11 pm
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui, République centrafricaine, vendredi, 19 février 2021, 21:40:09 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Depuis la proclamation des résultats définitifs des élections groupées par la cour constitutionnelle, certains candidats malheureux de l’opposition qualifiés de « modérés » ont très vite que prévu accepté les délibérations de la cour constitutionnelle confirmant la réélection du président de la république pour un nouveau mandat de cinq (5) ans, d’autres candidats qualifiés « d’extrémistes » ou « jusqu’au boutistes » regroupés au sein de la Coalition de l’Opposition Démocratique (COD 2020) ont rejeté en bloc les résultats au motifs que l’élection est émaillée d’innombrables irrégularités qui remettraient en cause la légitimité du pouvoir qui en est issu.

 

En conséquence de ce qui précède, les partis politiques membres de cette coalition politique ont unanimement pris la décision de se retirer de l’ensemble du processus électoral et surtout de ne présenter aucun candidat au scrutin partiel à venir, ni au deuxième tour des législatives. A titre de rappel, vingt deux (22) sièges seulement sur cent quarante (140) correspondant à moins d’un quart (1/4) de sièges ont été pourvus au premier tour des législatives. Ainsi par déduction, il reste cent dix-huit (118) sièges à pourvoir soit par les scrutins partiels, soit par l’organisation d’un deuxième tour. À ce stade, il apparaît important de souligner qu’à ce jour, l’Autorité Nationale des Élections (ANE), organe constitutionnel chargé de gérer les opérations électorales n’a pas officiellement enregistré une requête confirmant le retrait de la compétition des candidats de la coalition de l’opposition démocratique. Il en résulte que cette cacophonie folklorique à l’image de notre égoïsme politique laisse planer des inquiétudes sur la valeur juridique de la décision collective de la COD 2020 à l’allure et la trajectoire d’un document désuet par voie tacite…Seule l’histoire retiendra ce qui adviendra.

Inquiet que le front politique ouvert par la COD 2020 ne fragilise l’offensive militaire couronnée de reconquêtes des territoires jadis occupés par les groupes armés non conventionnels, le citoyen lambda s’interroge :

Pourquoi le pouvoir de Bangui n’entreprend t-il pas de pourparlers avec l’opposition radicale pour la ramener dans le processus électoral afin de légitimer son deuxième quinquennat ? À travers cet entêtement, le pouvoir de Bangui veut-il s’inscrire durablement dans la logique d’un passage en force ? Pourquoi le pouvoir assimile t-il toujours ou fait-il un parallèle entre la COD 2020 et la coalition des groupes armés communément appelée sous l’acronyme de CPC ? En conséquence des précédents, que se passera-t-il si le pouvoir s’entête à aller aux législatives sans la COD 2020 ?

À l’instar du président Béninois, une Assemblée nationale monocolore est-elle un gage de bonne gouvernance ?

Le retour de la COD 2020 ne devrait-elle pas insuffler une nouvelle dynamique au processus électoral ? Si l’opposition démocratique représentée majoritairement par la COD 2020 refuse de participer aux législatives à venir, va t-elle accepter de participer à la concertation voulue par le chef de l’état avec un format inconnu ? À contrario, quelles seront les conditions de l’opposition démocratique réunie au sein de la COD 2020 pour revenir dans le processus électoral ? Ce retrait avait-elle exclusivement pour but d’empêcher la tenue des élections, de boycotter ou de faire pression pour infléchir le pouvoir du mathématicien qui fait la priorité à la légalité au détriment de la légitimité ?

Il est évident qu’en s’inspirant du football, le forfait de l’opposition démocratique radicale ne disqualifie pas l’équipe gagnante mais pour des raisons esthétiques de la notion de démocratie, nous proposons au président de la république qui, apparemment est pris en otage par des velléités belliqueuses de son clan de prendre ses responsabilités conformément aux dispositions de la constitution du 30 mars 2016 afin de créer les conditions d’une élection apaisée, transparente et crédible.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

Alain Nzilo

Directeur de publications

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