Centrafrique : peut-on désarmer les groupes armés par la Force?

Publié le 23 janvier 2015 , 1:09
Mis à jour le: 23 janvier 2015 1:09 am
Soldats français de la force Sangaris à Bangui en Centrafrique
Photo: Laurent Van der Stockt

Centrafrique : peut-on désarmer les groupes armés par la Force?

Bangui – Corbeau News Centrafrique: 23-01-2015.

Depuis le coup d’État de mars 2013 où les rebelles de l’Ex-coalition Séléka ont chassé du pouvoir le Président François Bozizé, la Centrafrique est devenue un pays de non droit malgré la présence renforcée des forces internationales. Plusieurs groupes armés se sont créés et chacun cherche à se positionner en force pour contrôler un maximum du territoire. Les Deux principaux groupes armés connus sont les Anti-Balaka et l’Ex-coalition Séléka. L’Ex-coalition séléka contrôle actuellement plus de 60% du territoire centrafricain contre un peu plus de 25% pour les Anti-Balaka. Chaque camp essaie d’exploiter au maximum le territoire occupé. Or, les activités menées par ces groupes rebelles fragilisent totalement l’État centrafricain à tel point que plusieurs voix s’élèvent pour demander l’application pure et simple de la résolution des Nations-Unies qui n’est autres que la protection des civiles et le désarmement des groupes armés sur place. Mais peut-on désarmer les groupes armés par la force comme stipule cette résolution? Or, les avis divergent sur cette interrogation. Pour certains experts militaires, le désarment forcé des groupes armés est encore possible tant disque d’autres privilégient le désarment volontaire. Comment?

Gislain BERET, Médecin généraliste pense que :

Désarmer c’est avoir des moyens militaires nécessaires pour le faire et que la Minusca qui est une force des nations-Unies ne les manque pas. D’ailleurs la Minusca connait très bien où se trouve chaque camp : Anti-Balaka et Séléka. Leurs chefs sont bien identifiés et repérés. Ils voyagent même en toute impunité. Alors il suffit qu’un petit matin, on les encercle et procéder à leur désarmement voir même leur arrestation. Avec seulement 3000 hommes, la Minusca peut résoudre ce problème. Mais force est de constater que devant les forces de la Minusca, les rebelles non seulement de la séléka mais aussi les Anti-Balaka circulent avec leur armes et tirent même sur les civiles sans réaction de leur part.

Par contre Luc KOSSINGOU, Professeur juge :

Que le désarment forcé est pratiquement impossible vue l’enracinement de ces forces négatives dans leurs zones de contrôle. Les Anti-Balaka et Séléka agissent comme des trafiquants de drogue. Comme vous le savez, les trafiquants sont généralement des gens très gentils avec leurs entourages. Ils agissent en protecteurs des faibles contre les puissants ennemis. Ils qualifient toujours leurs ennemis de dangereux et c’est une manière de cultiver la peur en continue au sein de la population de leur localité afin de justifier leur existence. En plus d’agir comme protecteurs, ces groupes armés font régner la peur avec comme objectif d’éviter de se retrouver avec un éventuel traitre. Celui qui est contre leurs actes est considéré automatiquement comme un traitre. Ainsi, ces groupes armés font trainer des gens derrière eux. Aller désarmer par force ces Bandits, c’est aussi affronter les civils surtout que c’est difficile de faire la différence entre un rebelle et un civil. Comment peut-on désarmer dans de telle condition?

D’abord si les centrafricains acceptent qu’on désarme par la forces les Séléka et Anti-Balaka, il faut qu’ils soient prêts à accepter les pertes civiles. Je vous montre seulement un exemple : regarder seulement la foule des jeunes enfants qui courent derrière les Sangaris quand ils sont dans les quartiers et si jamais il y’a une embuscade? Dans certaines vidéos que j’ai pu voir, lors des échanges de tirs entre la Sangaris et les séléka à Bangui l’année dernière, j’ai vu même des enfants d’à peine 6 ans derrière les Sangaris? Comment peut-on interpréter ça?

Hormis le risque élevé en perte civile, chaque groupe armé dispose de service de communication qui ne tarde pas à créer de l’émotion au sein de la population toute entière. Pour un rebelle tué par les forces internationales, on utilise cette histoire pour faire de grand bruit et accuser ces forces d’assassinat…

Ces deux exemples montrent que c’est difficile de désarmer ces deux grands groupes armés sur notre territoire par la force surtout que la France ne veut pas qu’on l’accuse de génocide comme au Rwanda. Le désarmement, c’est à nous centrafricains de le faire et non aux autres.

Sahate Malik pour CNC

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