Bangui – La circulation dans la capitale centrafricaine Bangui était fortement perturbée lundi par une grève surprise des taxis contre le racket et une manifestation de femmes dénonçant la présence des groupes armés au sein du gouvernement, a constaté un correspondant de l’AFP.
Les conducteurs de taxis et taxis-bus ont cessé le travail sans prévenir lundi matin, forçant de nombreux Banguissois à rejoindre leur travail à pied, et donnant par endroits des allures de ville morte à la capitale.
Ils entendaient protester contre le racket et autres tracasseries dont ils se disent victimes de la part des policiers et gendarmes au passage des barrages érigés sur les principales avenues de Bangui.
C’est un arrêt de travail spontané, nous n’avons pas besoin de préavis, a expliqué à l’AFP le secrétaire général du syndicat des conducteurs des taxis et taxis-bus (SCTB), René Sokambi Kandjia.
Nous avions donné trois semaines au gouvernement pour qu’il puisse régler la situation sur les check-points. Mais (…) les tracasseries perdurent et prennent encore de l’ampleur. C’est pourquoi ils (les militants du SCTB) ont décidé de cet arrêt de travail, a déclaré M. Sokambi.
Une manifestation organisée sur l’avenue Barthélémy Boganda, l’une des principales artères de la capitale, a par ailleurs rassemblé près de 1.800 personnes, en grande majorité des femmes, selon la police.
Les manifestantes, au nombre d’environ 3.000 selon les organisateurs, protestaient contre la possible présence de membres des groupes armés au sein d’un futur gouvernement.
Un possible remaniement gouvernemental est attendu dans les prochains jours à la suite d’un accord de cessation des hostilités fin juillet entre belligérants de la crise centrafricaine.
Non aux postes de responsabilités grâce aux armes!, clamaient les protestataires, rassemblées à l’appel de l’Organisation des femmes centrafricaines (OFCA).
Il est hors de question que des membres des groupes armés à l’origine de tous les malheurs des Centrafricains soient nommés à des postes au gouvernement, a déclaré une responsable de cette association, Dorothée Mbokani.
Sifflant et lançant divers slogans, les manifestantes se sont rendues devant la représentation de la force africaine actuellement déployée dans le pays, la Minusca, où elles ont bloqué la circulation automobile alors que plusieurs de leurs déléguées y étaient reçues par des responsables de l’ONU.
Nous n’admettons pas que les groupes armés aient une place de choix au gouvernement après tout ce que les femmes, les populations centrafricaines ont subi, a souligné Mme Mbokani.
Le rassemblement s’est déroulé sans incident.
Après des mois de violences intercommunautaires sanglantes, Bangui, quadrillée par les forces internationales, connaît depuis quelques semaines une relative normalisation.
Les principaux protagonistes de la crise centrafricaine — l’ex-rébellion Séléka à dominante musulmane et les milices anti-balaka, formées majoritairement de combattants chrétiens — ont signé fin juillet à Brazzaville un accord de cessez-le-feu.
Il semble jusqu’à présent à peu près respecté, même si des affrontements ont fait au moins 22 morts la semaine dernière a Batangafo (300 km au nord de Bangui).
Jeudi dernier, la présidente de transition, Catherine Samba Panza, a promis un nouveau gouvernement de large ouverture. Nous devons ouvrir nos bras à nos compatriotes d’autres sensibilités politiques, religieuses, communautaires, a-t-elle plaidé.
AFP