Le marché de l’emploi en Centrafrique, les recruteurs sèment la pagaille dans un secteur peu réglementé. Notre enquête.

Le marché de l’emploi en Centrafrique, les recruteurs sèment la pagaille dans un secteur peu réglementé. Notre enquête.

Marché emploi 2

 

Bangui, le 19 janvier 2017. 10:21′.

Par : Gisèle MOLOMA. CNC.

Depuis le déclenchement de la rébellion des libérateurs en 2002 et leur prise de pouvoir en 2003, le Centrafrique est envahie par l’arrivée massive des Organisations Non Gouvernementales internationales sur le sol centrafricain. Cet envahissement a permis d’élargir peu à peu le marché de l’emploi et les recrutements se faisaient plus ou moins réguliers. Pendant ce temps, certaines personnes qui se disaient ” Spécialistes du recrutement” faisaient aussi leur apparition sur ce segment de marché encore vert à cette époque en mettant en œuvre une méthode du recrutement parfois proche de l’esclavage pour les uns et du réseau mafieux pour les autres, le tout sous la bénédiction tacite des autorités du pays. Ainsi, des nombreux Centrafricains, pris en tenaille par ces crapuleux professionnels, n’ont qu’à remettre leur sort entre les mains de Dieu, faute de la loi pour les protéger.

Désormais en Centrafrique, il est devenu rare, même très rare de trouver une Organisation qui recrute directement, sans passer par un cabinet ou un soi-disant spécialiste du recrutement, leur employé ou autres. Pour ces Organisations, seuls les chasseurs des têtes qui disposent les meilleures techniques, ou tout simplement le secret caché pour dénicher la perle rare, peuvent être admis. Constatant l’intérêt pour ce mode du recrutement qui ne leur aurait pas moins rapporté financièrement, ces mêmes recruteurs tentent par tous les moyens de diversifier, pour des raisons d’économie disaient-ils, leurs offres de Service. Parmi celles-ci, la plus prisée est celle de la location d’un agent ou cadre, à la manière des agences d’intérim, mais d’une autre façon. Il est vrai que cette pratique n’est pas nouvelle dans le pays, comme on l’a vue dans les sociétés de gardiennage, elle est désormais élargie dans presque tous les secteurs d’activité comme Finances-Banques, le système des Nations-Unies, la télécommunication.

La technique.

Elle est simple comme bonjour : Créer une base des données des demandeurs d’emploi avec des profils divers et pointus et les faire louer aux organisations intéressées.

La paye.

Ces salariés ne perçoivent que le tiers, voire le quart de son prix de location-emploi. Une véritable exploitation de l’homme.

D’après nos enquêtes, toutes les agences des Nations-unies et la MINUSCA, les ONG internationales, les banques, les compagnies de téléphonies mobiles et bien d’autres encore, font recours, de façon quasi automatique, à ce genre de recrutement pour leurs services de gardiennage, entretien et nettoyage et de plus en plus régulier pour certains emplois. Ce qui est incompréhensible, la quasi-totalité de ces recruteurs malins sont des expatriés qui disposent de solides liens avec ces Organisations.

Les Centrafricains ? Oui, ils sont là, mais quelque part dans le Service des Ressources Humaines des Organisation Non Gouvernementale (ONG) internationales. Là encore, c’est le jeu des parents et des amis qui pourrissent la vie aux autres. Même si le Département des Ressources Humaines, dans la quasi-totalité des ONG internationales, est géré par des expatriés, le poste d’Assistant est toujours réservé aux nationaux, c’est-à-dire les Centrafricains. Et entre ces derniers, ils se connaissent presque tous au point qu’ils s’appellent dans leur jargon “RH” entre eux.

Les RH dans les ONG en RCA sont des demi-dieux, selon certains demandeurs d’emploi contacté par CNC. Ils peuvent couler ou favoriser un candidat sans que leur Chef hiérarchique se rende compte. Dans la plupart des Organisation Non Gouvernementale internationale qu’on a pu infiltrer à Bangui dans le cadre de cette enquête, le faux jeu se passe souvent au moment de la vérification de l’antécédents professionnel d’un candidat admissible ou de sa convocation pour un entretien post-écrit dans laquelle on tente de faire croire qu’ils ont un mauvais antécédent professionnel chaotique pour les uns ou qu’ils seraient injoignables pour les autres.

Cette tactique fâcheuse à la limite de haine pratiquée depuis toujours dans certaines ONG dont Mercy Corps où travaille un RH national à moralité douteuse et passé sulfureux, arrive désormais sur les bureaux à la MINUSCA.

Aussi bizarre que cela puisse avoir lieu, la situation des femmes qui travaillent dans certaines Organisations Non Gouvernementales internationales reste très compliquée. La grossesse : Elle est interdite. Malheur à celle qui en fait le contraire, le contrat ne sera pas renouvelé. C’est quelle loi du travail que l’on applique en Centrafrique ? En tout cas, difficile d’y croire. Les Centrafricains quant à eux tentent de survivre dans cette confusion en attendant le jour meilleur que le Dieu du ciel entende leur voix.

Si dans les pays développés la loi tente de protéger les salariés intérimaires, en Centrafrique par contre, c’est le laisser-aller pour tous. Les employés intérimaires ne sont pas en mesure de connaître le montant exact de leur salaire brut, avant tout prélèvement, y compris celui du recruteur intermédiaire. Pour cela, on se demande si la Centrafrique veut devenir la Chine d’Afrique en concurrence avec l’Ethiopie ?

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