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Centrafrique : Le Conseil Économique et Social fait fausse route en faveur de la tokenisation

Le Conseil Économique et Social fait fausse route en faveur de la tokenisation

 

Monsieur Alfred Poloko, Président du Conseil Économique et Social de la République centrafricaine
Monsieur Alfred Poloko, Président du Conseil Économique et Social de la République centrafricaine

 

 

Bangui, 23 mai 2023 (CNC) — Dans son dernier avis publié lors de sa première session extraordinaire de l’année 2023, le Conseil Économique et Social a exprimé son soutien en faveur du projet de loi sur la tokenisation des ressources naturelles et foncières. Cependant, il est alarmant de constater que le Conseil a choisi d’ignorer les conséquences potentiellement désastreuses de cette approche.

 

Tout d’abord, il convient de souligner que la tokenisation des ressources naturelles et foncières est une pratique controversée et largement expérimentale. Elle consiste à transformer des actifs physiques, tels que des terres ou des minerais, en tokens numériques sur une blockchain. Cette approche soulève de nombreuses questions quant à sa légalité, sa faisabilité technique et ses répercussions sur les communautés locales.

 

Le Conseil affirme que le projet de loi est conforme aux dispositions de la Constitution et qu’il respecte les bonnes pratiques juridiques et institutionnelles. Cependant, cette affirmation semble être déconnectée de la réalité. La Constitution a été adoptée en 2016, bien avant l’émergence de la tokenisation en tant que concept légal. Il est évident que les auteurs de la Constitution n’ont pas pu anticiper les défis complexes et les risques associés à cette technologie émergente. Pour preuve la monnaie de référence “sango”, n’est le nom d’aucune pièce de monnaie inscrite dans la Constitution.

 

De plus, le Conseil prétend que le projet de loi est conforme aux bonnes pratiques nationales et internationales. Cependant, il est essentiel de noter que la tokenisation des ressources naturelles et foncières est encore largement inexplorée à l’échelle internationale. Très peu de pays ont adopté des réglementations claires à cet égard, et ceux qui l’ont fait sont confrontés à de nombreux problèmes juridiques et opérationnels.

 

Il est également troublant que le Conseil recommande simplement quelques amendements mineurs au projet de loi, sans aborder les problèmes fondamentaux qu’il soulève. La tokenisation des ressources naturelles et foncières peut conduire à une privatisation rampante de ces actifs, en mettant en danger les droits des communautés locales et en favorisant l’accaparement des ressources par des acteurs puissants.

 

En outre, la tokenisation présente des risques élevés en termes de sécurité des données et de vulnérabilité aux cyberattaques. Les systèmes basés sur la blockchain ne sont pas infaillibles et ont déjà été victimes de piratages majeurs, entraînant des pertes financières considérables. La tokenisation des ressources expose donc la République Centrafricaine à des risques inutiles et met en péril la stabilité économique du pays.

 

Il est regrettable que le Conseil Économique et Social n’ait pas pris en compte ces préoccupations majeures et se soit contenté d’émettre un avis favorable au projet de loi sur la tokenisation. Cette décision met en évidence un manque de compréhension et de prévoyance quant aux conséquences potentielles de cette technologie sur l’économie et la société centrafricaines.

 

Il est impératif que le gouvernement centrafricain reconsidère sérieusement sa position sur la tokenisation des ressources naturelles et foncières. Plutôt que de s’empresser d’adopter une technologie encore largement expérimentale, il serait préférable de mener des études approfondies, de consulter les parties prenantes concernées et de prendre en compte les leçons tirées des expériences d’autres pays.

 

La République Centrafricaine a besoin de politiques économiques et sociales solides qui favorisent le développement durable, la protection des droits des communautés locales et la préservation de ses ressources naturelles. La tokenisation, dans sa forme actuelle, ne semble pas être la réponse à ces défis complexes.

 

Il est décevant de constater que le Conseil Économique et Social de notre pays, la République Centrafricaine, Président par le politologue Alfred Poloko,  a émis un avis favorable au projet de loi sur la tokenisation des ressources naturelles et foncières. Cette décision témoigne d’une compréhension superficielle de cette technologie émergente et ignore les risques potentiels qu’elle entraîne. Il est essentiel que le chef de l’État Faustin Archange Touadera et son gouvernement, dirigé par son ami Félix Moloua,  ainsi que le Conseil économique et social réévaluent leur position et prennent des mesures plus prudentes pour préserver l’intérêt supérieur du pays et de ses citoyens.

 

Par Alain Nzilo

Directeur de Publications

 

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