CENTRAFRIQUE : LE COLLECTIF DES TOUADERATEURS, EMBRYON D’UN PARTI POLITIQUE OU MASTURBATION POLITIQUE ?

Publié le 5 mai 2017 , 8:22
Mis à jour le: 5 mai 2017 8:22 pm

CENTRAFRIQUE : LE COLLECTIF DES TOUADERATEURS, EMBRYON D’UN PARTI POLITIQUE OU MASTURBATION POLITIQUE ?                                                    

 

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Bangui, le 6 mai 2017.

Par : Bernard SELEMBY-DOUDOU, CNC.

 

Au lendemain de l’avènement à la magistrature suprême du President de la République, des groupes de soutien multiforme fleurissent avec des missions diverses qui se croisent ou même s’opposent au risque d’un chevauchement ou d’empiètement des pouvoirs et compétences.

 

Ces initiatives ont généralement pris racine en faisant référence à leur appartenance ethnique, raciale, régionale et aussi pour des intérêts ou calculs politiques et financiers. Devant cette panoplie d’initiatives, l’élu de la nation semble se perdre, en perpétuelle recherche de repères et ne sait à quel saint se vouer nonobstant les bonnes volontés qui se manifestent à son égard. Le dernier né de ces groupes de soutien dénommé “Le collectif des Touaderateurs” s’est auto-attribué des missions à l’instar d’un gouvernement bis heurtant au passage la sensibilité des observateurs de la vie politique centrafricaine.

Ainsi le citoyen lambda qui ne se prive jamais du désir de comprendre se pose les questions suivantes : quel est le statut juridique du collectif des touaderateurs ? Quelles sont leurs missions et attributions ? Quel est leur cahier de charges ? S’agit-il d’une doublure du gouvernement ou une structure pour combler les lacunes de ce dernier ? Quelle est leur philosophie ? Le collectif maîtrise t-il le projet de société du President de la République ? Le President de la République a t-il avalisé la démarche ? En d’autres termes, le President de la République est-il à l’origine de l’initiative ? Si non, le collectif veut-il se faire de la place lui-même ? Quelle est la place du collectif dans la hiérarchie des rapports Présidence/Gouvernement ? La voix du collectif est-elle audible dans l’entourage du President de la République ? Le collectif est-il un embryon de parti politique ou s’agit-il de la masturbation politique ?

À titre de rappel, un parti politique par définition est une organisation dont les membres mènent une action commune à des fins politiques. Leur objectif est de se faire élire, d’exercer le pouvoir en mettant en œuvre un projet politique commun. Tandis que la masturbation politique est une pratique politique qui consiste à se procurer soi même du plaisir politique ( prérogatives, valeurs…) sans effet immédiat ou lointain sur le système politique. Il s’agit généralement des activités politiques infécondes ou improductives. De ce rappel, le collectif des touaderateurs se reconnaît ou se retrouve dans quelle définition ?

Si par hasard le collectif se reconnaît dans la seconde définition, pourquoi se perdre ou perdre son temps dans un rêve masturbatoire ? Pensez-vous que le President de la République et son entourage sont prêts pour accepter tout soutien même infécond ? Ce collectif n’est-il pas à la frontière du griotisme folklorique ? L’opinion publique est tentée de croire que vos actions constituent les bases, les premières pierres d’un parti politique mais visiblement le pouvoir central n’a pas besoin de ce processus pour instituer son parti politique. Nous estimons que le President de la République se débrouille mieux en solo en dehors de ce soutien. Il n’a vraiment pas besoin de cette démarche, de cette masturbation qui n’a d’autres objectifs que d’émietter ces énergies. Nous vous rappelons in fine que les campagnes électorales sont définitivement terminées. Dès lors, le chef de l’Etat est devenu le President de tous les centrafricains sans exception. Il a ainsi besoin de toutes les compétences du pays et même de l’opposition pour reconstruire le pays en lambeaux. Cela doit se faire dans le strict respect du jeu et principe démocratique. En outre, la liste des animateurs du collectif en terme de morale, probité et d’intégrité n’incarne pas le sérieux voire même la dénomination du collectif qui renvoie à un jeu d’enfant. N’oubliez pas que vos actions risquent de noircir l’image du President de la République et de l’enfoncer d’avantage, de faire fuir les sympathisants et les indécis.

Dans l’optique de dynamiser votre démarche et de crédibiliser vos actions, nous vous proposons de demander une audience au President de la République pour encadrer, redéfinir et d’agencer vos activités par rapport à la politique générale du gouvernement. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 02 mai 2017

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