http://ccfd-terresolidaire.org/ 6 juin 2014
Le CCFD-Terre Solidaire a débloqué une aide d’urgence pour secourir plusieurs centaines de familles de réfugiés peuls centrafricains au Tchad et au Cameroun. Le CCFD-Terre Solidaire soutient également un plaidoyer en faveur de la réconciliation, dans le cadre du « Programme Paix » lancé par le CCFD-Terre Solidaire en 2012 au Tchad, en RCA, au Soudan et au Sud-Soudan. Un important forum de la société civile va se tenir en juin à Bangui, qui permettra de mesurer l’ampleur de la tâche de reconstruction à accomplir.
Une aide d’urgence a été débloquée par le CCFD-Terre Solidaire, à hauteur de 50 000 euros. L’objectif : apporter de la nourriture, des bâches, des moustiquaires imprégnées et des produits de première nécessité à 580 familles de réfugiés centrafricains qui se trouvent au sud du Tchad et à l’Est du Cameroun [1].
Ces centaines de familles sont réparties entre quatre camps de réfugiés (Toktoyo au Cameroun, Mbaïbokoum, Bitoye et Bessao au Tchad). Issues de la communauté peule, de religion musulmane, elles ont fui les violences en République de Centrafrique (RCA). Cette assistance humanitaire apportée aux réfugiés peuls s’inscrit dans le « Programme Paix » du CCFD-Terre Solidaire et ACORD lancé dès 2012 en RCA pour renforcer la société civile et répondre aux trois causes profondes du conflit dans ce pays : la compétition sur les ressources naturelles, les tensions identitaires et la mauvaise gouvernance.
La réconciliation, pas encore une priorité
Une réunion s’est tenue le 1er mars à N’Djamena, capitale du Tchad, entre des représentants d’associations peules du Tchad et de RCA en présence du CCFD-Terre Solidaire. Trois décisions ont été prises : La constitution d’une plateforme sous-régionale d’associations peules, qui se réunira pour la première fois mi-juin à Bertoua au Cameroun, une assistance humanitaire aux communautés réfugiées et un Forum des réfugiés centrafricains pour lancer un processus de retour dans leur pays.
Pour lancer le projet d’assistance humanitaire, deux missions d’enquête ont été réalisées par l’AIDSPC (L’Association pour l’Intégration et le Développement Social des Peules de Centrafrique), avec l’appui d’autres partenaires du CCFD-Terre Solidaire au Tchad et au Cameroun, afin d’évaluer les besoins, des réfugiés. Nombre d’entre eux ne reçoivent à ce jour aucune assistance de la part des agences humanitaires internationales.
Selon Bruno Angsthelm, chargé de mission Afrique : « la société civile centrafricaine, ne mesure pas encore bien les conséquences de l’exil des musulmans et en particulier des peules sur la construction d’une paix durable en Centrafrique. Comment imaginer le futur de pays sans débattre du rôle des uns et des autres, même inconscient, dans cette « chasse » aux musulmans ? Comment concevoir des élections alors que toute une partie de la communauté nationale est en exil ? »
Face à ces enjeux, plusieurs actions sont menées dans le cadre du « Programme Paix » du CCFD-Terre Solidaire et ACORD, programme qui a mobilisé 2 millions d’euros en 2013 pour soutenir et renforcer les sociétés civiles à agir pour une paix durable dans quatre pays (Tchad, RCA, Soudan et Soudan du Sud).
Une « société civile globalement très partisane »
En Centrafrique, le Programme Paix soutient un projet de réhabilitation et de renforcement du lien social dans la région de Bossangoa. Un comité de pilotage réunit les autorités locales et la société civile locale [2]. Un voyage d’échange avec les jeunes leaders associatifs chrétiens et musulmans au Cameroun et au Tchad est prévu début juillet sur entre autre la question du Vivre ensemble. Le programme a permis la publication du 1er numéro d’un bulletin d’information de la société civile.
Un forum de la société civile centrafricaine doit se tenir du 18 au 21 juin à Bangui, pour réfléchir aux actions à venir. « L’objectif consistera à faire une analyse lucide de la situation, en présence d’une société civile globalement très partisane, et d’imaginer ensemble des réponses crédibles », explique Bruno Angsthelm.
L’objectif final pour le CCFD-Terre Solidaire est de voir émerger une société civile plus solidaire et plus ouverte en Centrafrique, pour construire un avenir où la réconciliation ne reste pas un vain mot.
[1] Le Centre de Crise du MAE a été sollicité pour renforcer cet appui d’urgence.
[2] Financement UE/CCFD