Centrafrique : La tragédie du mariage précoce à Gallo
Bangui, 16 novembre 2023 (CNC) – Le mariage précoce, phénomène dévastateur en République centrafricaine , bat des records dans la commune de Fauh, et plus particulièrement à Gallo, une ville située entre Boire et Cantonnier. Les statistiques alarmantes révèlent une réalité choquante : des jeunes filles, âgées de 12 à 16 ans, sont contraintes d’épouser des hommes beaucoup plus âgés ou des jeunes hommes, venant travailler dans les chantiers d’or à proximité.
Le processus de mariage précoce est alimenté par des pratiques douteuses, impliquant le versement d’une somme de 10 à 20 000 francs CFA comme dot aux parents de la jeune fille. En échange de cette transaction financière, la fillette doit accepter l’offre matrimoniale et abandonner ses études, devenant ainsi la servante de son nouveau mari. Cette réalité cruelle entraîne des conséquences dévastatrices sur l’éducation des jeunes filles, comme l’affirme Goni Ghislain Narcisse, directeur de l’école mixte de Gallo.
Les obstacles auxquels sont confrontées ces adolescentes sont nombreux, allant des différences de travaux exigés à la pratique généralisée du mariage précoce dans la région. Il en résulte que la plupart des jeunes filles ne parviennent pas à terminer leurs études. Le directeur de l’école dénonce un phénomène devenu monnaie courante, plongeant ces jeunes filles dans une vie de mariées avant même d’avoir eu la chance de vivre leur adolescence pleinement.
L’impact négatif de cette réalité se reflète également dans la santé des jeunes mères. Yakité Symphorien, chef du centre de santé de Gallo, souligne les graves problèmes auxquels sont confrontées ces adolescentes lors de leur accouchement. Les risques pour la santé des jeunes filles enceintes sont considérables, mettant en lumière les conséquences désastreuses du mariage précoce sur la vie et le bien-être des adolescentes.
Dans la région de Gallo, la situation est alarmante, avec près de 70% des filles mineures devenant mères. Cette triste réalité les laisse souvent livrées à elles-mêmes, dépendantes de parents dépassés par la situation ou abandonnées à la merci de la nature. La mort prématurée des hommes plus âgés ou le départ des jeunes maris vers les chantiers extérieurs laissent ces jeunes mères seules, sans soutien et sans ressources.
Pour les observateurs locaux, il est impératif que des mesures urgentes soient prises pour mettre fin à cette tragédie sociale à Gallo. D’après eux, la sensibilisation, l’éducation et des interventions gouvernementales sont nécessaires pour briser ce cycle néfaste du mariage précoce. Il est crucial que la communauté locale, les autorités et les organisations internationales unissent leurs efforts pour protéger les droits fondamentaux des jeunes filles, les éloigner de ce piège destructeur et leur offrir des opportunités éducatives et un avenir prometteur. Le temps d’agir est maintenant, avant que davantage de vies ne soient sacrifiées sur l’autel de cette pratique nocive.
Emmanuel Gassawi
Correspondant du CNC à Béloko
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