CENTRAFRIQUE : LA RAISON PERDUE DES UNIVERSITAIRES QUI GOUVERNENT LE CENTRAFRIQUE
Bangui, le 24 juillet 2017.
Par : Alain Nzilo, Directeur de rédaction du CNC.
Entre les tueries de masse dans l’arrière-pays, le contrôle des ¾ du territoire par les groupes armés, la faillite des systèmes sanitaire et éducatif, l’état de quasi abandon des infrastructures routières, les coupures de courant et les ordures ménagères qui envahissent la ville de Bangui, le lancement des premières émissions de la télévision privée VISION 4 au cours d’une cérémonie « placée sous la très haute impulsion » ( !!!) selon la formule à la mode depuis l’avènement de Touadéra au pouvoir, de celui qui a solennellement prêté le serment de garantir la sécurité au Peuple centrafricain et de son territoire, le Président Faustin Archange TOUADERA apparait comme une sortie politique ratée.
Le choix de cette cérémonie d’inauguration par le Chef de l’Etat en personne qui aurait même pu prétexter du deuil qui la personnellement frappé à savoir la disparition brutale de sa tante maternelle, eu égard à son contexte d’insécurité endémique que traverse toujours le pays, est pour le moins troublant pour le commun des mortels dont l’obsession aujourd’hui se résume à l’interrogation de savoir quelle solution trouver à l’insécurité et son corollaire, le massacre des populations innocentes.
A l’opposé, il est tout de même surprenant de constater que l’esprit du tandem d’universitaires et d’académiciens qui gouverne la Centrafrique à savoir Mathieu Sarandji et Faustin Archange Touadéra, pourtant prédisposé à résoudre des équations plus complexes, ne soit pas en mesure de saisir la priorité d’une situation qui crève les yeux à première vue. Le bon sens, jusqu’à preuve du contraire, reste la chose la mieux partagée au monde.
Peut-on en déduire que nos célèbres académiciens ont désormais perdu leur bon sens, grisés qu’ils sont par le fait et la jouissance du pouvoir ? On ne saurait aller si vite en besoin.
Outre son serment constitutionnel, le Président Touadéra a fait de la restauration de la sécurité la priorité n°1 de son programme de gouvernement, si tant est qu’il en ait un.
Un peu plus d’an seulement après son investiture, le pays s’est embrasé avec son cortège de malheurs. A tel enseigne que beaucoup regrettent déjà son élection à la tête du pays. Pour beaucoup d’autres aussi, il n’est plus que le Président de la capitale Bangui, puisqu’il ne parvient pas à assurer la sécurité à ses compatriotes de l’arrière-pays. Jugement peut-être excessif !
La charge émotionnelle liée au deuil reste encore une réalité centrafricaine. Elle s’accompagne de privations de tout ce qui est superflu et surtout de réjouissance, ce qui est en contradiction avec ce que la télévision offre aux téléspectateurs.
Ce n’est pas dans ce contexte où la terre crache le feu et où les morts se comptent encore par dizaines si ce n’est par centaines, que le Peuple se divertira raisonnablement devant un poste téléviseur. Qui plus est, lorsque la source d’énergie manque ou n’est disponible que selon le jour, l’heure ou le quartier.
Comme nous l’affirmions en introduction, ce ne sont pas les priorités et les urgences qui manquent en Centrafrique. On n’en a que l’embarras de choix.
Alors que les médias publics nationaux sont à l’abandon, le comble de l’indécence a été franchi par cette cérémonie de promotionnelle exception assurée à un média privé et étranger de surcroît. Il suffit d’écouter les discours prononcés à cette occasion pour s’en convaincre et s’en outrer. Cette démarche présente tous les relents d’une opération maffieuse. Cerise sur le gâteau, le Pr se permet le luxe de décorer des hommes d’affaires qui n’ont même pas encore fait leurs preuves dans notre pays !
Il est urgent que nos illustres académiciens reviennent sur terre, oublient leurs formules mathématiques les plus complexes ainsi que les griseries du pouvoir qui sont à mille lieux des préoccupations et attentes vitales et urgentes du Peuple centrafricain, pour mettre en cohérence les priorités, les urgences et les attentes du peuple avec les choix du gouvernement afin d’apporter des solutions basiques simples et réalistes à ses problèmes quotidiens. Pour l’heure, la télévision ne constitue nullement une urgence prioritaire pour le commun des mortels que sont les Centrafricains.
Avec quel théorème faut-il expliquer cela pour le faire comprendre au célébrissime professeur et son « doungourou » de PM Mathieu Simplice Sarandji !
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