CENTRAFRIQUE : LA JUSTICE PÉNALE ET RÉPARATRICE EST-ELLE TOUJOURS À L’ÉPREUVE DE LA GRANDE MUETTE ? 

Publié le 16 mai 2020 , 2:19
Mis à jour le: 16 mai 2020 2:19 am
Excellente photo de Bernard selembi doudou 750x740
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui (République centrafricaine) – Depuis notre accession à la souveraineté internationale, lorganisation administrative et judiciaire de notre beau pays calquée intégralement sur le modèle colonial à toujours fonctionné de manière opaque et surtout teinté du manque de lisibilité et de transparence. Les précédents régimes qualifiés injustement de démocratiques et ceux issus des coups d’état ont tous contribué chacun en ce qui le concerne à la déconfiture de notre chère nation avec corollaire la déchéance de la patrie et notre classement parmi les derniers du continent.

 

En évidence, il faut rappeler que lhistoire na jamais pu restituer la mémoire collective sur les coulisses et les mystères des modes de gestion depuis que le peuple a affirmé sa souveraineté. Lannée 2020 qualifiée dannée électorale souvre avec des bonnes guerres de positionnement, des manœuvres insistantes de tripatouillage de la loi fondamentale et de différents pactes contre nature avec les bourreaux du peuple. Cest dans ce climat délétère que loffensive du ministre conseiller spécial du président de la république consiste à déballer en désordre sous forme de cours magistraux et à travers de « lives » épisodiques improvisés dans une intention délibérée de nuire aux intéts du général déserteur et de son parti politique le KNK.

Au firmament, nul nignore que ces déballages risquent davoir des effets par ricochet de nature à éclabousser la cote de popularité du pouvoir en place. Ces déballages qualifiés de « cours magistraux » par les internautes ont évoqué et révélé des faits graves passibles de poursuites pénales comme des meurtres, des crimes de masse, des crimes économiques ainsi que des détournements moyennant finances de suffrages des élections des années 1999, 2005, 2011 qui sont tous des infractions prévues et punies par le code pénal centrafricain.

Attiré par le caractère totalement inédit des révélations, le citoyen lambda sinterroge :

Quels sont les véritables buts recherchés par ces différentes révélations grotesques et monstrueuses ? Ces cours magistraux ne risquent-il pas danéantir et daffaiblir le président de la république dans sa course à la réélection ? Quels seront les éventuels effets de ces déballages sur la vie politique centrafricaine ? Que peut encore attendre le peuple de cette génération de politiciens ? Après ces macabres révélations en pleine année électorale, les électeurs seront-ils encore motivés pour effectuer leur devoir citoyen sachant que le suffrage est morcelé et distribué avant le scrutin ?

Ces déballages et révélations improvisés annoncent-il lextinction dune catégorie de personnages politiques ?

Ces révélations confirment-elle la maxime juridique qui énonce que le « criminel revient toujours sur le lieu de son crime » ?

A qui profite véritablement ces crime odieux ? In fine, les prochains présidents de la république pourront-ils encore brandir avec fierté le concept de « démocratiquement élu » ? Faisant abstraction de toutes considérations politiques politiciennes, la justice pénale et réparatrice demeure le dernier rempart pour rétablir la société dans ses droits.

A ce stade, il est important de souligner quaucune juridiction ne peut se saisir elle-même et dès lors que ces différents crimes ne sont pas encore prescrits, il appartient à ceux ou celles qui se sentent lésés ou plus simplement ceux qui ont intét pour agir de saisir le ministère public par voie de plainte ou dénonciation. Avant de décider de lopportunité des poursuites, le procureur de la république du ressort territorial de linfraction ou lun de ses substituts tout en veillant sur la notion de la présomption dinnocence peut soit ordonner une enquête préliminaire conduite par les officiers de police judiciaire, soit ordonner une information judiciaire confiée à un juge dinstruction, soit saisir directement une juridiction de jugement quand les faits sont extrêmement graves et notoires, soit enfin de classer le dossier sans suite lorsque les faits de lenquête ne justifient pas une poursuite.

Pour finir, nous estimons que le moment est venu pour que le peuple mûrissent en tirant les leçons de ces déboires pour être arbitre des prochaines échéances électorales et surtout de faire confiance à une nouvelle génération dhomme politique pour injecter un sang nouveau à une nation agonisante et sous perfusion.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que cest moi. 

 

Paris le 15 mai 2020.

Aucun article à afficher