CENTRAFRIQUE : LA FRANCE A-T-ELLE UNE BOUSSOLE EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ?

Publié le 17 juillet 2017 , 6:43
Mis à jour le: 17 juillet 2017 6:43 pm

CENTRAFRIQUE : LA FRANCE A-T-ELLE UNE BOUSSOLE  EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ?

 

Opération sangharis

 

Bangui, le 18 juillet 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

APRÈS LA FORCE «SANGARIS», LA FRANCE DÉPÊCHE LE 21e RIMA. EST-CE POUR AIDER ENFIN LES FORCES CENTRAFRICAINES ET LA MINUSCA A APPRÉHENDER LES CHEFS DES SÉDITIEUX ?

          L’État-major français annonce une « mission d’envergure ». Si on prend à la lettre l’expression, il faut s’attendre à une opération d’ampleur. Les chefs rebelles, impunis jusqu’à maintenant, n’ont plus qu’à bien se tenir. C’est peut-être la fin de leur arrogance et de leur impunité, du défi insensé qu’ils ont lancé au peuple centrafricain.

          Les Marsouins doivent achever le travail non terminé par la force Sangaris. Il faut qu’ils parviennent à emmener les bandes armées à la table des négociations en vue de rétablir la paix (SIRIRI) et la réconciliation. La France a les moyens d’aider les Forces Centrafricaines à nettoyer les poches des rebelles et à contraindre ces derniers de déposer les armes. Le Président Touadera doit se féliciter publiquement de cette nouvelle donne française.    

          Cette fois-ci, les autorités centrafricaines, après s’être concertées avec les autorités françaises, doivent définir des missions claires : obliger les bandes armées à déposer les armes ou les désarmer de force ; mettre fin aux occupations illégales des préfectures ; appréhender les mercenaires et les renvoyer dans leur pays. Car beaucoup d’entre eux sont des brigands, des criminels de guerre, auteurs de crimes contre l’humanité, recherchés par leur pays.

          La tâche sera peut-être rude, mais la France dispose en Centrafrique de moyens non négligeables. Elle a des soldats aguerris et du matériel stratégique de pointe : ses drones servent à faire du renseignement, mais ils peuvent aussi combattre. Ses hélicoptères Caracal apportent aux opérations une contribution efficace.

          Vaincre les rebelles en Centrafrique et ramener la paix exige de la France qu’elle s’engage en force. Mais vaincre les ex-Sélékas, en majorité musulmans, c’est aussi protéger la France et l’Europe, en empêchant que

L’Etat Islamique ne transforme la République Centrafricaine en sanctuaire.   Pour en venir à bout, la France pourrait aussi investir massivement dans les mines de matières premières : elle tarirait ainsi les sources de revenus des ex- Sélékas. Il lui faudrait en outre mettre en garde le président du Tchad et dénoncer ses manigances en Centrafrique, que nous avons dénoncées à plusieurs reprises.                                                                                         

          Enfin, la levée de l’embargo insupportable sur les armes à destination de la RCA permettrait au pays de participer à sa propre défense.

 

UNE PRÉSENCE FRANÇAISE SANS BOUSSOLE ?

          On se souvient de la déclaration, tapageuse et péremptoire, prononcée à l’Assemblée nationale par Yves Le Drian, ministre de la Défense, au début de l’opération Sangaris : « en six mois, tout sera terminé… »

          Trois ans plus tard, c’est l’enlisement.

          La force Sangaris est repartie en France en abandonnant une Centrafrique, exsangue et désarmée, à la férocité des rebelles. Or, les seules forces que craignent ces barbares des temps modernes sont, justement, les forces françaises.

          Dès leur retrait, les violences ont redoublé. Nous avions, à l’époque, condamné, ici même, ce départ prématuré. Soixante pour cent (60%) du territoire centrafricain sont occupés par des bandes armées qui y appliquent leur loi : razzias et massacres de populations ; incendie de villages qui font fuir les habitants dans les forêts hostiles ; pillage des mines des matières premières ; trafic d’essences rares ; braconnage de la faune, désormais menacée de disparition …

          La réduction drastique de Sangaris a laissé le champ libre aux ex-Sélékas et aux Antibalakas. Ce retrait, qui ressemble à une faute stratégique, avait été ordonné par François Hollande qui craignait un enlisement des forces françaises dans le bourbier centrafricain. 

          Pourquoi la France dépêche-t-elle à nouveau des Marsouins en Centrafrique ? Une sorte de Sangaris?  On a l’impression que, depuis la colonisation, la France ne s’est jamais préoccupée de connaître l’homme oubanguien et centrafricain.  Occupée comme elle l’était à exploiter les matières premières pour son propre bénéfice, elle a, tout simplement, oublié l’Humain. La France par ce complexe de supériorité à infantiliser et déresponsabilisé une population qui, INE fine, a été victime d’un complexe d’infériorité. Le retard centrafricain est du en partie à ce mépris. Pour les colons, l’Oubanguien était « un grand enfant » à qui on ne pouvait confier aucune responsabilité que ce soit et dont on ne pouvait favoriser l’éducation.

          Plus grave : la France a pratiqué la politique néfaste qui consiste à « diviser pour régner », en montant les ethnies les unes contre les autres. Conséquence : des antagonismes insurmontables ont miné les relations entre les populations. Le Centrafricain est devenu méfiant. On se demande si les chrétiens et les musulmans arriveront à se parler pour retrouver la fraternité et la sérénité de jadis. Il faut le souhaiter, car les souffrances des populations doivent cesser.  De la descente interminable en enfer, doit surgir l’espoir d’une nouvelle Centrafrique

 

 

Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l'article.
Monsieur Joseph Akouissonne. Auteur de l’article.

 

JOSEPH AKOUISSONNE

(17 juillet 2017)

 

 

 

 

 

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