Centrafrique : La FAO inquiète du sous-financement du secteur agropastoral, un réel danger d’ici 2018
Bangui, le 1er mai 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
L’heure est grave et le danger guette sérieusement le secteur agropastoral en République centrafricaine. M. Jean Alexandre Scaglia, Représentant Résident de la FAO – partenaire principal du secteur agropastoral en a exprimé son inquiétude le 28 avril 2017 lors d’un café de presse à Bangui. Si le faible niveau de financement du secteur par la Communauté internationale reste tel qu’il est actuellement, la FAO risque d’arrêter brutalement son appui aux milliers de paysans dans le cadre de la stabilité du pays, sachant que la dernière crise laisse croire que l’instabilité est aussi fonction de la situation économique des ménages.
« Il est probable que les appuis directs de la FAO fournis depuis 2014 et qui ont permis une amélioration visible de la production agricole, alors que le retour des réfugiés s’annonce, ces appuis disparaitront en 2018 si la communauté internationale continue de ne pas soutenir ou de soutenir faiblement des besoins de relance rapide en Centrafrique », s’est inquiété M. Jean Alexandre Scaglia, Représentant Résident de la FAO en Centrafrique.
Or, la dernière crise militaro-politique en République centrafricaine a laissé entrevoir la situation économique défavorable des ménages surtout des jeunes dont plus de 80% vivent en milieu rural, comme étant l’une des causes profondes. D’ailleurs, c’est pour cela et averties à plus d’un titre que les nouvelles autorités ont placé l’agriculture au rang de la deuxième priorité nationale après la paix, la sécurité et la réconciliation nationale. Même dans le Plan Marshall de relèvement et consolidation de la paix en Centrafrique (RCPCA) soumis aux bailleurs de fonds, le 17 novembre 2016 à Bruxelles, un chapitre d’importance a été réservé à l’agriculture dans le Pilier de la Relance économique.
Seulement, au moment où la priorité nationale s’oriente clairement sur le monde rural, voilà que le principal partenaire financier du secteur, la FAO va enregistrer un faible taux de mobilisation de ressources afin de financer les activités des paysans. « … le bouclage financier de cette campagne 2017 a été particulièrement compliqué », a résumé en substance Jean Alexandre Scaglia qui a tenu à remercier les quelques partenaires qui continuent de financer le secteur, à savoir le Gouvernement de Royaume-Uni, l’Union européenne et les Etats unis d’Amérique.
Evidemment, ce sera un grand gâchis si la communauté internationale n’intervient pas vite. Car de 2014 à ce jour, d’importants investissements et progrès ont permis d’avoir des acquis énormes. Selon Scaglia, « suite à la dernière récolte agricole réalisée en début 2017 en RCA, on constate que par rapport à l’année 2015, l’année 2016 a vu la plupart des cultures augmentées avec certains chiffres remarquables », a confié le Représentant Résident de la FAO. Parlant des chiffres, l’on retiendra l’augmentation de 45% de la production de manioc ; 20% de la production de maïs ; 21% de la production d’arachide ; 14% de la production du riz. Ces rendements sont soutenus essentiellement par l’augmentation de surface, et donc signe d’une certaine sécurité et de rétablissement de confiance au sein du monde rural.
A ce tableau reluisant en matière d’agriculture s’ajoute celui de l’élevage avec une reconstruction réelle du cheptel avec une augmentation du nombre de bétails de 23% pour les bovins et 41% pour les petits ruminants. « Ce sont des véritables indicateurs de stabilité du monde rural », a martelé Jean Alexandre Scaglia.
Cependant, pour la compagne agricole 2017 dont le faible financement inquiète le Représentant de la FAO, 133 000 ménages sont visés pour être assistés par la FAO dont quelque 69 400 au cours du premier cycle. Ces ménages devront bénéficier des semences et d’outillages. « Ce genre d’assistance permet de rétablir durablement la sécurité alimentaire des ménages et d’accélérer le processus de reconquête de terres rurales », a fait savoir le Représentant de la FAO.
Ces plaidoyers du Représentant Résident sont également ceux des bénéficières directs que sont les paysans centrafricains, ainsi que la population en général qui souhaite vivre dans un pays stable.
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