Centrafrique : la CPS sous contrôle politique ? les accusations contre Arnaud Djoubaye Abazène
Bangui, 28 novembre 2023 (CNC) – Dans un pays déjà rongé par des années de violence, d’impunité et d’instabilité, des allégations d’influence politique sur la Cour Pénale Spéciale (CPS) de Centrafrique soulèvent des préoccupations quant à l’équité de la justice dans ce pays. Les témoignages et les preuves suggèrent que des acteurs politiques, en particulier le ministre de la justice Arnaud Djoubaye Abazène, pourraient exercer une influence indue sur cette juridiction hybride, jetant ainsi un doute sur son impartialité.
L’affaire de la prison de Bossembélé, surnommée “Guantanamo”, est un exemple concret des préoccupations entourant la CPS. Le commandant Vianney Semndiro, placé en détention depuis 14 mois pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, est l’objet de l’attention de la CPS. Cependant, il est difficile de ne pas remarquer que d’autres officiers supérieurs de l’armée nationale qui ont également servi dans cette prison sous le régime du général François Bozizé sont épargnés. Pourquoi le commandant Semndiro est-il la seule personne à être poursuivie ? La réponse semble être liée à une vendetta personnelle du ministre de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazène.
Il est important de noter que le ministre Abazène lui-même a été prisonnier de Guantanamo à un moment donné de son passé. À l’époque, il avait été accusé de fournir discrètement des informations stratégiques à son cousin Michel Djotodia, chef de la Seleka. Ces accusations l’avaient conduit à être incarcéré à la prison de Bossembélé avant d’être transféré à Bangui pour raisons de santé. À cette époque, il connaissait le commandant Vianney Semndiro comme le chef de cette prison. Cependant, il est difficile de justifier pourquoi d’autres officiers qui ont servi cette prison avant Semdiro n’ont pas été inquiétés, malgré leur rôle dans la gestion de la prison à cette époque. Certains officiers ont même affirmé que le ministre Abazène aurait exercé des pressions sur ses collègues magistrats centrafricains au sein de la CPS pour influencer leur décision, jetant ainsi le doute sur l’impartialité de la juridiction.
Une autre affaire qui suscite de sérieux doutes est celle de l’ancien chef de guerre Abdoulaye Issene. Encore une fois, selon des sources interrogées par la Rédaction, le ministre de la Justice est au centre de l’interpellation et de la remise d’Abdoulaye Issene à la CPS. De plus, des allégations de fabrication de preuves pour incriminer ce chef rebelle émergent. Toutefois, il est important de noter que le ministre de la justice lui-même, en 2012 et 2013, est considéré comme le cerveau de la Seleka, ayant planifié et dirigé ses actions. Alors, pourquoi une telle persévérance à poursuivre Abdoulaye Issene tout en laissant d’autres figures majeures de la Seleka et d’autres groupes armés en liberté, telles qu’Abazène, Djono Ahaba, Toumou Déya, Hassan Bouba et d’autres ?
Ces questions laissent présager une influence politique inquiétante sur la CPS en Centrafrique. Si une institution censée lutter contre l’impunité devient elle-même l’objet de soupçons quant à son indépendance, cela mine la confiance du public envers le système judiciaire. Il est impératif que des enquêtes approfondies et transparentes soient menées pour établir la vérité sur ces allégations et garantir que la justice soit rendue de manière équitable et impartiale, sans aucune influence politique. La Centrafrique mérite une justice qui soit au-dessus de tout soupçon pour construire un avenir meilleur. Nous continuerons à suivre de près ces développements et à vous tenir informés dans nos prochains articles sur CNC.
Par Gisèle MOLOMA
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