Centrafrique : Jusqu’à quand Touadéra et son directeur de cabinet vont-ils rabaisser
Bangui le 22 Août 2016: 10:30″
Par YASMINA Perriere.
Affirmer que le lendemain de la République centrafricaine se présente sous un jour très peu encourageant, c’est énoncer une douloureuse évidence. C’est comme dire, la neige est blanche, la forêt tropicale est verte.
Avec ceci de détestable que rien, absolument rien, aucun principe démocratique, ni aucune règle républicaine, pas davantage de règlements administratifs — même les plus élémentaires — ne trouvent grâce au yeux des nouveaux maitres de Bangui qui les foulent allègrement au pied. Pis, la volonté de paraître et le besoin d’exister à n’importe quel prix de certains membres, pas des moindres, de l’entourage de Faustin-Archange Touadéra vont à l’encontre de certaines loi de la République.
Ce qui fait dire à nombre d’observateurs sérieux que si le « bozizisme », si tenté qu’il existât, fut un accident de l’histoire, le « touadérisme » si tant qu’il venait à exister, ne serait qu’un aventurisme, au sens de mésaventure.
En effet, il n’a échappé à personne que le directeur de cabinet du président centrafricain, Firmin Ngrabada est partout, on le voit sur toutes les photos, dans tous les déplacements de son patron. Tout se passe comme si Firmin Ngrabada assumait une fonction représentative au sein de l’appareil administratif. Alors que son rôle premier est de gérer et d’organiser au quotidien le cabinet du président de la République. Il apparait même sur la photo officielle du Gouvernement, une grande première pour un simple directeur de cabinet. Plus grave, Firmin Ngrabada, parait-il, participe aux conseils des Ministres, en violation flagrante du règlement intérieur du conseil des ministres. C’est dire que si tous ceux qui ont rang et prérogatives de ministre ou de ministre délégué dans le pays devaient siéger en conseil de ministre, il n’y aurait pas assez de place pour contenir tout le monde.
Faut-il rappeler que contrairement à ses prétentions, le directeur de cabinet du chef de l’État n’appartient pas au Gouvernement, loin s’en faut. De ce fait, il n’a ni la qualité ni le droit de prendre part aux délibérations du conseil des ministres. Car son rang et prérogatives de ministre d’État ne fait pas de lui un membre du Gouvernement à part entière. Mais c’est seulement pour être pris en compte par les services de la solde et surtout pour encadrer ses rapports avec les vrais membres du Gouvernement. Et ce, en application du décret n° 94.87 du 08 mars 1994, portant organisation et fonctionnement de la Présidence de la République. Pour un inspecteur du travail et de la sécurité sociale, même sorti de l’école de Saidou, dont la vocation est de faire respecter la législation du travail dans notre pays, cela est inadmissible.
D’autant plus révoltant qu’avant lui, certains dignes fils du pays ont eu à assumer les fonctions de directeur de cabinet à la présidence de la République. Participaient-ils aux conseils des Ministres ? A-t-on un jour vu un Karim Meckassoua, un Michel Gbezera Bria, le professeur Mabingui, un Mahamat Kamoun, pour ne citer que ceux-ci, qui ont occupé le poste de directeur de cabinet à la Présidence de la République et qui avaient tous rang et prérogatives de « ministre d’État », accompagner le président partout et nulle part ou même figurer sur la photo officielle du Gouvernement ? Pourquoi Touadera et son directeur de cabinet veulent nous faire croire que la République n’existe que depuis le 30 mars 2016 ? Où allons-nous avec ces agissements qui jettent du discrédit sur les institutions de la République ?
L’incompétence et la désinvolture du président centrafricain et sa bande n’expliquent pas tout. C’est le silence complice de la communauté nationale, mais surtout la peur du lendemain poussant les hauts cadres centrafricains à accepter tout et n’importe quoi qui encourage cette imposture. C’est parce que personne ne dit rien que Firmin Ngrebada croit être dans son bon droit agissant de la sorte. Peut-être même qu’il ignore totalement ces règles. Il appartient donc au chef du Gouvernement de s’opposer à cet état de choses pour faire entendre raison au président de la République et à son directeur de cabinet. Il faut leur expliquer que Firmin Ngrebada ne peut et ne doit être admis dans la salle du conseil des Ministres. Encore moins pour y siéger. En quelle qualité d’ailleurs ? Mieux, si Simplice Sarandji manque d’argument, il n’a qu’à demander à Touadéra si à l’époque où il était Premier ministre du temps du président Bozizé,
Michel Gbezera Bria en sa qualité de directeur de cabinet, siégeait en conseil de ministres. Pourtant, l’ambassadeur Gbezera Bria aussi avait rang et prérogatives de « ministre d’État ».
À tel point que même le cabinet présidentiel dont Ngrebada est censé dirigé, selon ses prérogatives, se montre aujourd’hui bardé de griefs et de piquants à son encontre. Ce qui a naturellement pour conséquence de porter un coup fatal à la nécessaire cohésion sans laquelle aucun travail en équipe n’est possible. Cela, bien entendu, au détriment du peuple centrafricain qui, lui, attend de ses dirigeants de la cohérence et de l’efficacité afin de relever les défis de l’heure.
D’ailleurs, les Centrafricains ne masquent plus leur dépit du médiocre résultat obtenu par Touadéra et sa bande depuis leur installation. Comme le régime se montre incapable de trouver, un temps soit peu, des réponses aux nombreux problèmes actuels, notamment ceux concernant la sécurité ou le retour à leurs domiciles des déplacés internes, bientôt, et nous en sommes convaincus, la population ne va pas manquer d’exhaler son mécontentement.
Yasmina Perrière