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CENTRAFRIQUE : GERVAIS LAKOSSO ET MARCEL MOKWAPI, HÉROS NATIONAUX MALGRÉ EUX.

CENTRAFRIQUE : GERVAIS LAKOSSO ET MARCEL MOKWAPI, HÉROS NATIONAUX MALGRÉ EUX.

 

SELEMBI DOUDOU

Bangui, le 14 novembre 2016. 10:41′.
Par: Doudou SELEMBY.

Devant le silence d’Etat et l’indifférence totale du pouvoir central face au carnage de Kaga-Bandoro et environs, la société civile par le truchement de ses leaders a initié une journée ville morte et une marche pour protester contre des tueries barbares dignes d’une certaine époque. Nous tenons à rappeler que la marche est garantie par les dispositions de la constitution centrafricaine du 30 mars 2016. La population, se sentant trahi et livré aux seigneurs de guerre par le nouveau pouvoir a adhéré massivement à l’appel du coordinateur du groupe de travail de la société civile. Cet appel s’apparente à l’appel du Général De Gaulle du 18 juin 1944 et cette ville morte a été une réussite inattendue. À travers cette réussite, la société civile a t-elle volé la vedette au pouvoir central ? Lors de la marche, il y avait des affrontements entre les forces de la Minusca et les manifestants entraînant des morts et de nombreux blessés. Les sources hospitalières ont confirmé formellement l’utilisation de balles réelles, alors on se pose la question de savoir si la société civile possédait des armes ? Si ce n’est pas le cas, qui a tué les manifestants ? Dans toute démocratie et tout pays de droit, dès lors qu’une manifestation publique engendre des morts, il est normal que le parquet général convoque les organisateurs pour déterminer les responsabilités. C’est ainsi que les deux leaders de la société civile ont été entendus, arrêtés et placés sous mandat de dépôt. Ils étaient accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, De trouble à l’ordre public, de destruction de biens et violence. Dans le respect du principe de légalité des délits et des peines, appeler au départ de la Minusca constitue un crime ou délit en droit positif centrafricain ? Les deux leaders avaient-ils des convocations en bonne et du forme ? Il semblerait que Marcel Mokwapi n’avait pas été convoqué mais pourquoi il a fait l’objet d’arrestation ? C’est lorsqu’on se projette à desseins dans la justice comparative que le bas blesse. Les vrais fossoyeurs de la République c’est à dire les seigneurs de guerre de la nébuleuse Séléka qui ont commis des crimes, viols, enlèvements, destructions, spoliation des biens publics et privés sont en liberté alors qu’ils sont connus des services de police. Par ce geste, le pouvoir central vient de commettre une erreur politique et a octroyé une plus value, une valeur ajoutée en faisant la publicité de ces deux personnages qui d’emblée ne représentaient pas grand chose sur l’échiquier politique. Pourquoi les deux compères n’ont pas été mis en résidence surveillée ? Ou libéré sous caution ? Les deux personnages n’étant pas des criminels patentés, donc ne constituent aucun danger pour l’ordre public. Des personnalités qui ont répondu d’eux même à une convocation de police constitue réellement un danger pour l’ordre public ? Sont-ils victimes de leurs patronymes ? Ont-ils volé la vedette à l’élu de la nation ? Nous avons estimé opportun de mettre en exergue l’extrême rapidité d’exécution de la justice qui étonne alors que depuis sept mois de gouvernance, le pouvoir hésite, trébuche et tâtonne dans les prises de décision. Comment des personnalités sans armes qui n’ont commis aucun crime peuvent se retrouver en prison alors qu’ils revendiquent une cause salvatrice pour le peuple qui vous a fait roi ? Outre les problèmes de compétence dont nous faisons l’économie, les droits liés à la garde à vue ( tels que le droit d’être assisté d’un avocat dès les premières heures de garde à vue, le droit de garder le silence, le droit d’être consulté par un médecin, le droit d’informer leurs familles etc…) leurs ont été notifiés et respectes ? Si tel n’est pas le cas, il y a nécessité de les relâcher et de ne pas statué sur le fond car en procédure pénale, la forme prime sur le fond. A l’expiration du délai de garde à vue, étaient-ils présentés à un juge avant leur transfert au camp Deroux ? Et pourquoi la prison du camp Deroux ? Le pouvoir est-il dans l’appétit de s’approprier les luxueux prisonniers ? Quelles sont les conditions de leur détention ? L’objectif est-il de museler la société civile ? Par ce fait, nous assistons à une justice à double vitesse animée par aucun souci d’équité. Le principe de l’équité sous-entend qu’une information judiciaire devrait être ouverte contre les forces de la Minusca. Le droit international a prévu de mécanismes pour poursuivre les membres d’une mission onusienne si et seulement si les autorités locales en manifestent le besoin. Le mutisme complice de la classe politique centrafricaine est choquant et les parlementaires nous dirons qu’ils se réservent le droit de ne pas s’immiscer dans une procédure judiciaire en cours. Alors que l’article 3 de la constitution du 30 mars 2016 interdit toute arrestation et détention arbitraire, tous les ingrédients ayant abouti à l’arrestation des deux compères semblent reposer sur des griefs fantaisistes. Ainsi nous appelons à la raison et de libérer les luxueux prisonniers et de réorienter le combat contre les vrais ennemis de la Centrafrique. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

Paris le 12 novembre 2016

Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections
Tel : 0666830062.

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