CENTRAFRIQUE / FRANCE : EMMANUEL MACRON FACE A UN DILEMME

Publié le 2 janvier 2019 , 8:38
Mis à jour le: 2 janvier 2019 8:38 pm

 

CENTRAFRIQUE / FRANCE : EMMANUEL MACRON FACE A UN DILEMME

 

 

IDRISS DEBY N’APPORTERA PAS DE SOLUTION AU CONFLIT CENTRAFRICAIN !

        

Bangui (RCA) – CNC – Pourquoi cet acharnement du président français à penser que le conflit centrafricain ne pourrait être résolu que grâce à son ami Déby ? L’autocrate des bords du lac Tchad ne sera jamais le bienvenu en RCA. A-t-on oublié qu’un collectif de victimes a esté auprès de la Cour Pénale Internationale dans l’espoir de le faire condamner pour les crimes de guerre commis par ses soldats en Centrafrique ?

         Le président Déby a une part de responsabilité énorme dans le chaos qui règne en RCA. La plupart des Centrafricains le tiennent pour responsable de leurs malheurs. En outre, ses propres compatriotes le combattent, les armes à la main.

         Dans une tribune au quotidien français Libération du 22 décembre 2018, l’écrivain Thomas Dietrich écrit sans détour : « Macron au Tchad : une faute morale et politique. » En se rendant à N’Djamena, c’est effectivement une lourde faute que commet le président français. Les homologues de Déby en Afrique centrale se méfient de lui, parce qu’il se croit investi par Macron comme proconsul et gendarme du centre de l’Afrique. Les relations entre lui et Sassou Nguésso, président du Congo, sont, par exemple, exécrables. Il est perçu par tous comme l’agent des basses œuvres de la Françafrique.

LES FRANÇAIS PERDENT PIED DANS CE QUI FUT LEUR CHASSE GARDÉE

         La situation complexe de la RCA, ancienne colonie française, chasse gardée et symbole de la Francafrique, exige une politique audacieuse, menée de façon à éviter tout comportement à connotation néocoloniale, impérialiste et paternaliste.

         Malheureusement, les Centrafricains sont en train de rejeter la France, le président Macron et son gouvernement. Les attitudes « maousse costaud » de son ministre des Affaires Étrangères, les amitiés de Le Drian avec le peu recommandable Idriss Déby, la violation des accords de défense entre le Centrafrique et la France, le retrait prématuré de la force française Sangaris, le traitement méprisant et infantilisant du président Touadera par son homologue français ont fini par exacerber la colère des Centrafricains et les détourner de la France, l’amie de toujours, qui, apparemment, ne l’est plus.

         Tout ce tohu-bohu a fait le lit des Russes en Centrafrique. Les voilà devenus les nouveaux tuteurs du pays de Boganda.

LES RUSSES S’INSTALLENT

         Visiblement, le président Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ne savent plus comment faire pour endiguer l’expansionnisme soviétique en République Centrafricaine.

         Les Russes sont en train de réduire à néant l’influence écrasante de l’occident sur le continent noir. Dans le camp occidental, c’est panique à bord. Les Américains installent en douce des bases militaires un peu partout. Rumeur ou intox, on apprend l’envoi par la Fédération de Russie de 500 soldats des forces spéciales supplémentaires en Centrafrique, au cas où la France et le Tchad engageraient des actions militaires pour tenter un coup de force contre le président Touadera.

         Est-ce bien raisonnable d’en arriver à ces extrémités qui risquent de déstabiliser encore plus la fragile stabilité des États de l’Afrique Centrale ? On entend en outre des bruits de bottes en provenance du Tchad : des mercenaires viendraient soutenir l’UPC d’Ali Darassa qui veut marcher sur Bangui. Il aurait d’ailleurs envahi la ville minière de Bakouma, sous/préfecture hautement stratégique du Mbomou. Bakouma, c’est l’uranium, le pétrole, l’or et les diamants. C’est aussi AREVA…

PLUS LE TEMPS PASSE, PLUS LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE CHANCELLE

         La multiplication des intervenants étrangers en Centrafrique sème un désordre qui plombe tout espoir de paix. C’est la loi du plus fort qui prévaut. Tout se passe comme si les puissances exogènes prédatrices avaient oublié qu’elles étaient dans un pays souverain. Ce sont toujours elles qui fomentent les conflits, divisent et dressent les peuples les uns contre les autres.

         Les Centrafricains sont mis hors-jeu. Leurs dirigeants apparaissent comme des exécutants et des supplétifs pour les néo-colonisateurs et les impérialistes qui envahissent leur pays. La guerre froide est-ouest a trouvé son nouveau terrain de jeu : la République Centrafricaine.

         Pour l’instant, on prépare les troupes. On s’observe, on s’épie. Français et Russes se toisent et se diabolisent. Les Centrafricains, après avoir succombé aux chants des sirènes russes qui, à coups de roubles, ont su orchestrer une diabolisation en règle des Français, commencent à s’interroger sur leur présence. Et si les envoyés de Poutine étaient venus, non pour manifester leur altruisme ou leur philanthropie envers les Centrafricains, mais pour des raisons inavouables ? Alors que le président Touadera avait fait appel à eux pour aider les Forces Armées Centrafricaines à désarmer les séditieux et à ramener la paix, chacun en vient désormais à les soupçonner de négocier secrètement avec les ex-Sélékas ! On aimerait bien avoir l’avis des autorités centrafricaines, et surtout celle du président Touadera, sur le double jeu des Russes.

         Les Centrafricains doivent exiger de leurs dirigeants une clarification sur les raisons de la présence russe dans leur pays. La vigilance devrait être la règle au pays de Boganda. Hélas ! Depuis son indépendance, la RCA a été une proie facile pour les prédateurs étrangers et les aventuriers de tous bords. Souvent, d’ailleurs, avec la complicité d’une élite corrompue et cupide.

         Il faut que les dirigeants retrouvent le chemin d’un patriotisme chevillé au corps. Il faut cesser d’humilier la République Centrafricaine. C’est un grand pays qui dispose d’un énorme potentiel pour se développer, mais que ses dirigeants bradent pour quelques poignées de biens mal acquis à des exploiteurs étrangers.

         Pour que la paix et la réconciliation nationale reviennent, il faut que les Centrafricains égarés déposent les armes pour négocier. La paix en Centrafrique est l’affaire des Centrafricains. Tant que les étrangers se substitueront aux dirigeants du pays, ils auront intérêt à entretenir le chaos pour mieux assujettir les Centrafricains, afin de piller leur pays.

         Que 2019 soit l’année du sursaut centrafricain !

         Que la paix et la réconciliation nationale adviennent enfin !

         COURAGE A TOUS LES CENTRAFRICAINS MEURTRIS !

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(2r janvier 2019)

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