Centrafrique : Difficile contexte de travail pour les humanitaires

Publié le 21 août 2017 , 6:03
Mis à jour le: 21 août 2017 6:14 pm

Centrafrique : Difficile contexte de travail pour les humanitaires

 

 

 CopyrightCNCLes déplacés de Bangui. Credit photo : Éric Ngaba.
CopyrightCNCLes déplacés de Bangui. Credit photo : Éric Ngaba.

 

 

Bangui, le 22 août 2017.

Par : Fred Krock, CNC.

 

Le samedi 19 août 2017, les acteurs humanitaires œuvrant en République centrafricaine, à l’instar de leurs pairs du monde entier, ont célébré la Journée internationale de l’aide humanitaire. Cette célébration est intervenue à un moment particulier marqué par la recrudescence de violences tous azimuts à l’intérieur du pays, alors que les humanitaires eux, font face à deux problèmes : dans un premier temps, le sous-financement de l’action humanitaire ; et deuxièmement, la prise pour cible des ces acteurs humanitaires sur le terrain.

La dégradation crescendo de la sécurité à l’intérieur du pays a eu d’incidence très grave sur la situation humanitaire. L’année 2017, en particulier a été celle qualifiée par les humanitaires de période d’instabilité marquée par une forte recrudescence de la violence, la hausse du nombre de déplacés et des attaques devenues plus fréquentes contre les acteurs humanitaires. Pour preuve, depuis janvier 2017 à ce jour, selon les chiffres disponibles auprès de OCHA, le nombre de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire est passé de 2,2 en janvier à 2,4 millions en juin, et 600 000 personnes sont déplacées.

A l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, le Coordonnateur humanitaire en République centrafricaine, Najat Rochdi, a déploré que les déplacements forcés privent encore 13% de la population centrafricaine de ses droits les plus fondamentaux. En outre, la présence massive des groupes armés rend difficile l’accès à des villes entières où les besoins humanitaires sont pourtant critiques et urgents. Le thème de la journée mondiale de l’aide humanitaire « Les civils ne sont pas une cible » revêt entièrement son sens en Centrafrique où le regain de violence a particulièrement augmenté la vulnérabilité des civils. « Au cours du semestre écoulé, nous avons assisté au retour de violences basées sur l’appartenance religieuse et ou ethnique. Cette tendance, si elle se poursuivait, emmènerait le pays vers un avenir beaucoup plus sombre. Les exemples sont nombreux dans le monde, la haine et le rejet d’autrui n’ont jamais mené une nation vers la paix, la stabilité et le développement » a-t-elle regretté.

La persistance de la violence affecte aussi les humanitaires. « Depuis le début de l’année 2017, plus de 200 attaques ont ciblé les acteurs humanitaires et ont couté la vie à 11 humanitaires » a souligné Mme Rochdi. Le pillage des bases, les attaques contre le personnel et les convois humanitaires tendent à se généraliser et fragilisent davantage les civils qui n’ont d’autre recours que les humanitaires pour satisfaire des besoins certes basiques mais critiques et urgents tel que l’accès à la santé, à l’alimentation et à l’eau potable pour ne citer que ceux-là.

« La Journée de l’aide humanitaire est une occasion pour mobiliser le public autour des idéaux humanitaires et de célébrer le travail désintéressé accompli dans des situations souvent périlleuses » a-t-elle rappelé. Grâce à l’action des humanitaires, depuis le début de l’année, 75% des patients ont été référés à un centre de santé, 58% des infrastructures de santé sont appuyées par des humanitaires. Il en va de même pour 74% de l’éducation des garçons et des filles. Enfin, 42% des retournés ont eu accès à des activités génératrices de revenus.

La Journée mondiale de l’aide humanitaire constitue aussi une opportunité de rappeler à tous les lois internationales et les principes auxquels les parties au conflit ont tous adhéré. Tous doivent s’assurer que les droits fondamentaux des civils sont respectés et garantis. Cela implique qu’ils aient accès à l’assistance humanitaire, qu’ils ne servent pas de bouclier humain aux belligérants ou qu’ils soient pris en otage lors des affrontements. Ce sont ces mêmes obligations internationales qui exigent l’accès humanitaire sans entrave et sans condition.

Une campagne a été lancée au niveau mondial pour amener les dirigeants à respecter les engagements sur la protection des civils pris lors du Sommet mondial de l’humanitaire. « Cependant, cette protection est l’affaire de tous. Un premier pas simple est de toujours préserver la liberté et l’intégrité de l’humain. Un deuxième pas est de vous mobiliser avec nous pour la signature de la pétition mondiale sur la protection des civils » a rappelé Najat Rochdi.

 

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