CENTRAFRIQUE : DEVOIR  ET  OBLIGATION  DE FRANCHIR LE RUBICON

Publié le 7 décembre 2019 , 8:18
Mis à jour le: 7 décembre 2019 8:18 pm

 

 

DEVOIR  ET  OBLIGATION  DE FRANCHIR LE RUBICON

 

Responsabilité historique oblige, les générations centrafricaines actuelles se doivent de franchir le rubicon pour essayer de fixer quelques repères devant permettre aux générations centrafricaines nouvelles de faire de la Politique une Mission d’Objectifs.

 

Durant les six (6) décennies (1960-2019) de l’indépendance octroyée, nous avons manqué de courage politique et avons été incapables de nous construire et fixer des repères. La République Centrafricaine qui a ployé sous les précédents régimes dictatoriaux et exclusifs durant 639 mois (août 1960 – mars 2013), s’est totalement écroulée durant les 303 jours de gestion des pouvoirs de l’Etat par un régime très sanguinaire, dirigé par le Président auto-proclamé NDJOTODIA. La énième crise militaro-politique de la coalition seleka (2012-2013), n’a pas apporté des solutions politiques de réduction de la pauvreté ou de misère en Centrafrique, mais plutôt a exhumé les questions de frustrations, d’exclusions et de haine longtemps enfouies dans nos subconscients individuels et collectifs, et auxquelles les générations centrafricaines actuelles doivent maintenant apporter, de manière concrète et collective, les réponses qui s’imposent. Ces générations actuelles, victimes des malheureuses inconséquences politiques des acteurs politiques centrafricaines et édifiées par celles positives des autres au niveau international, se doivent maintenant de se transcender, car les soixante (60) ans de pseudo-indépendance ont été :

  • Soixante (60) ans d’insécurité chronique,
  • Soixante (60) ans de gâchis politiques,
  • Soixante (60) ans de déchirure sociale,
  • Soixante (60) ans de néantisation du pays.

 

Les générations centrafricaines nouvelles n’ont pas besoin de connaitre six (6) autres décennies de gâchis politiques ou de néantisation du pays, mais auront plus besoin de quelques repères fondamentaux pour leur permettre de s’organiser mieux que nous. Nous avons maintenant et désormais le devoir, l’obligation de commencer à faire de la Politique un creuset d’alternatives plus crédibles, parce que la finalité première de toute action politique demeure l’amélioration des conditions de vie en société, mission à laquelle nous avons failli, à cause de nos propres limites et de nombreuses interférences ou influences extérieures. Nous devons maintenant savoir capitaliser ou positiver nos propres turpitudes et inconséquences politiques, réussir à fixer quelques repères fondamentaux pour permettre aux générations centrafricaines nouvelles de bien s’auto-organiser.  Certes, nous ne pouvons pas fixer tous les repères, mais nous devons fixer les essentiels. Pour ce faire, nous sommes tenus maintenant de répondre aux questions déterminantes suivantes :

 

  • Quelles sont les causes encore cachées pouvant obérer l’émancipation de notre pays ?
  • Quel modèle de société et quelle forme de régime politique s’imposent après ces six (6) décennies de gâchis politiques ?
  • Comment désormais organiser la délégation et la gestion des pouvoirs du Peuple Centrafricain, qui en est le détenteur naturel ?
  • Comment organiser la redistribution des pouvoirs sociaux et économiques pour une symbiose nationale, la reconstruction économique et préparer un avenir radieux ?
  • Quels sont les moyens ou ressources indispensables disponibles ?

 

Les possibles réponses à ces questions fondamentales sont et seront fonction de notre sérieux, de notre volonté, de notre détermination et, surtout, de notre réalisme et de notre pragmatisme politiques. Nous devons maintenant être conséquents, savoir être assez orgueilleux et audacieux. Nous devons maintenant nous poser les vraies et bonnes questions pour avoir les vraies et bonnes réponses. Maintenant, il nous appartient de savoir ce qu’il faut faire et comment le faire.

 

Toutes questions posées, toutes réflexions et analyses faites, l’idoine alternative est et demeure :

L’Instauration d’un Nouvel Ordre Constitutionnel, axé sur l’alternance politique

 

Et pourquoi un nouvel ordre constitutionnel axé sur l’alternance politique ?

 

Des cendres des générations centrafricaines actuelles ou générations dites sacrifiées, doit renaître une espérance pour les générations centrafricaines nouvelles. Et cette espérance, s’entend par :

 

  • La Sécurité pour rassurer et faciliter la Paix qui demeure le déterminant pour une confiance mutuelle sur fond de vérité et de justice
  • Un Audace National et un Patriotisme Politique, pour proposer un modèle de société plus solidaire, plus responsable, plus participatif et plus entreprenant sur la base des valeurs d’humanisme et de démocratie réelle et sociale,
  • Un Etat de Droits bâti sur les principes et les valeurs universellement et socialement admises,
  • Un Etat organisateur, animateur et laïc, réaffirmant et consacrant l’Autorité de l’Etat sur fond de la Légalité,
  • Un Etat rassembleur faisant coexister en symbiose les communautés nationales et préservant leurs spécificités culturelles et cultuelles,
  • Un Etat à l’écoute des aspirations sociales par moyens d’informations, de concertations, de participations ou de dialogues,
  • Un Etat organisateur par la définition des éthiques et des normes de la vie en société,
  • Un Etat animateur et régulateur des conjonctures par des interventions et répartitions assez équitables des richesses pour niveler les différenciations sociales,
  • Un Etat qui prône l’auto-organisation, qui rend la société plus centrafricaine, plus solidaire, plus responsable, plus participative, plus impliquée et plus entreprenante,
  • Un Etat facilitant la refondation de la Nation Centrafricaine sur la base des impératifs sociétaux et aussi des valeurs traditionnelles positives,
  • Un Gouvernement représentatif ou inclusif, soucieux des attentes sociales et respectueux du jeu constitutionnel et démocratique reposant sur l’alternance politique.

 

C’est pour dire qu’un Ordre Constitutionnel, quel qu’il soit et dans n’importe quel pays digne de ce nom, se construit et s’entretient. Et il est construit sur la base des préoccupations du Peuple souverain, qui est le seul détenteur naturel des Pouvoirs, lesquelles préoccupations sont synthétisées, symbolisées par des normes de référence et qui sont contenues dans la Loi Suprême de la République appelée Constitution, à laquelle le Peuple et ses Représentants doivent obéissance et stricte observation sous peine de graves sanctions. Aussi, ce nouvel ordre constitutionnel constitue en soi, un judicieux mécanisme de redistribution des pouvoirs du peuple pour une stabilité politique durable, facilitant une symbiose nationale et une prospérité économique future.

 

Or, depuis 1966, l’ordre constitutionnel a été façonné selon les circonstances ou selon les intérêts que nos Gouvernants centrafricains sont amenés à défendre, au mépris des intérêts du Peuple Centrafricain. Cette défense ou protection d’intérêts autres que ceux du Peuple Centrafricain a été cause de mépris, d’exclusions, sur fond de manipulation, de refus d’organiser et de satisfaire, des clivages ethniques et régionaux, sibylline ment initiés et entretenus par les maîtres à penser, parrains et autres manipulateurs, et ont induit un sentiment de ‘’laissé pour compte’’ et une haine longtemps refoulés dans le subconscient individuel et collectif. Aujourd’hui le Centrafricain lambda est convaincu que l’instabilité politique et l’insécurité chronique ont été et demeurent des fonds de commerce politique et diplomatique, sciemment entretenus avec la complicité de ses gouvernants.

 

Il est temps d’extirper la haine chez le Centrafricain lambda, de commencer à ré créer une nation centrafricaine plus solidaire, plus responsable et plus entreprenante. Cette transformation est possible et dépend à la fois des exigences fortes du Peuple Centrafricain, des missions des Gouvernants qui doivent désormais être des missions d’objectifs, et surtout, des Gouvernants animés d’un sens très élevé de l’audace national et du patriotisme politique. Les Gouvernants centrafricains se doivent maintenant de dépasser les mesquins clivages politiques, se soustraire de certaines influences négatives, savoir s’inspirer des exemples des grandes figures oubanguiennes qui n’ont jamais mis les genoux à terre, malgré les rapports de force qui leur étaient défavorables.

 

Il est enfin temps de comprendre et nous sommes capables maintenant de comprendre, après ces soixante (60) ans de gâchis politiques, que la survie de notre pays dans le concert des nations dépend de nos capacités de nous transcender, d’accepter les dures évidences politiques et les exigences socio-politiques et sociétales qui s’imposent. Les grandes figures de l’Oubangui-Chari, ZEMIO, RAFAÏ, BANGASSOU, BAREM BAKIE, NDJOUBISSI, NGREMALE, SENOUSSI, KREBEDJE, YALOKE, KARINOU, KPOKOLITA,  YAFO, NGOUKOU, BOÏ LAMBA, KOTA NGOMBE, ZANGOA, OUEN NGAÏ,, NGAÏ SIYO, NDIKISSI et BOGANDA, avaient de nobles visions altruistes et empathiques pour leurs peuples, ce qui explique leurs compromis et ultimes sacrifices de l’époque, lesquels doivent  inspirer les générations centrafricaines actuelles pour instaurer cet ordre constitutionnel conséquent, qui fait encore défaut, enfin d’assumer leur responsabilité historique à laquelle, elles ou nous avons failli depuis soixante (60) ans.

 

Ce nouvel ordre constitutionnel doit se construire comme un facteur de stabilité, facilitant la symbiose nationale et la renaissance réelle de la nation centrafricaine, comme un édifice politique qui résiste et résistera aux velléités, turpitudes et inconséquences politiciennes et doit reposer sur de nouvelles lignes politiques plus visionnaires pour ne plus faire de mauvais choix, ni continuer de nous faire exploiter, ni compromettre les générations centrafricaines nouvelles.

 

En d’autres termes, le nouvel ordre constitutionnel se doit de proclamer et affirmer tous les droits humains inhérents à la vie en société, proclamer et faire du consentement du Peuple Centrafricain le fondement de tous les pouvoirs dans la République, parce que c’est le Peuple Centrafricain, et le Peuple Centrafricain seul,  qui est le détenteur naturel, et proclamer l’être humain libre, le situant au centre de toute action politique, parce que l’homme est né libre, responsable, conscient et sociable, vivant avec les autres et grandissant avec les autres….., nécessité naturelle et sociétale.

 

Un nouvel ordre constitutionnel pour permettre-faciliter la stabilité politique et faire la démocratie.

 

Un nouvel ordre constitutionnel est nécessaire, mais ne suffit pas pour faire la démocratie. La démocratie s’entend et ne s’explique que par de rigoureuses observation et application de la constitution républicaine et de son caractère irréversible. L’irréversibilité de l’ordre constitutionnel se nourrit de l’irréversibilité de l’ordre démocratique et vice versa, laquelle repose sur une culture démocratique, sans laquelle l’ordre constitutionnel ne serait que vain espoir ou non viable.

 

Le désordre politique qui a longtemps prévalu, a détruit le sens de la Nation, a instauré la haine individuelle et collective, a opposé le Centrafricain au Centrafricain. La Nation est à refonder ; la démocratie, étant un idéal, repose sur des règles de jeu que chaque peuple ou société doit savoir adapter à son contexte national et local, car toute société est constituée d’humains avec leurs singularités, particularités, spécificités et susceptibilités. Avec le nouvel ordre constitutionnel, nous devons affirmer notre volonté d’abandonner le désordre politique dans lequel nous avons végété pendant ces six (6) dernières décennies pour un ordre constitutionnel et démocratique plus conséquent. Ce nouvel ordre constitutionnel et démocratique doit s’appliquer à des hommes et doit être observé et respecté par des hommes. Or, gérer les hommes est toujours délicat, dans la mesure où ceux-ci ont des vices et des vertus, certains sont nostalgiques des régimes politiques qui les ont enrichis et qui les ont grandis, d’autres ne seront jamais satisfaits quelles que soient les actions ou les solutions politiques apportées, et qu’on ne peut pas toujours faire l’unanimité. C’est pour dire que le nouvel ordre constitutionnel et démocratique doit concilier des intérêts divergents sur fond de l’intérêt général. Pour ces quelques raisons, le nouvel ordre constitutionnel et démocratique doit exclure la démocratie intégrale, mais privilégier l’autorité, la rigueur, la fermeté, car il est et sera question de gestion de contradictions. Et quand on parle d’intérêts au sommet de l’Etat, il est souvent question d’intérêts d’Etat à Etat ou d’intérêts partagés.

 

Le nouvel ordre constitutionnel et démocratique préconisé ne sera effectif et concret que par (1) une conscientisation, une sensibilisation et une éducation civique complétée par une éducation politique, (2) la stricte et rigoureuse observation des règles du jeu démocratique, la judicieuse organisation des droits, des libertés, des contraintes, des obligations et des sanctions, et particulièrement des libertés de circulations, d’expression ou de presse qui servent souvent de référence, (3) la stricte observation des règles du jeu du pluralisme et de l’alternance politiques que beaucoup de nos régimes politiques ont récusé et (4) la grande vigilance des Leaders Politiques porteurs d’espoirs.

 

La mise en place d’une constitution et l’organisation des élections présidentielles et législatives couplées ne suffisent pas à faire de la démocratie. Elles sont nécessaires, mais la démocratie c’est plus que cela : le strict et grand respect des règles de jeu préétablies, et non organiser des élections qu’on ne veut pas perdre, tel que toujours conseillé.

 

 

 

 

WAFIO  Jean  Serge

Président du PDCA

 

                                                                                                                                                                                                         Décembre 2019

 

 

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