CENTRAFRIQUE : DES MERCENAIRES RUSSES ET UN FRANÇAIS

Publié le 27 septembre 2018 , 4:05
Mis à jour le: 27 septembre 2018 4:05 pm
Des mercenaires russes à Sibut en Centrafrique. Photo : Corbeaunews.

 

 

CENTRAFRIQUE : DES MERCENAIRES RUSSES ET UN FRANÇAIS

 

 

 

A L’ASSAUT DUNE MINE D’OR !

 

UN COMMANDO INSOLITE

          Il semblerait qu’une escouade de cinq mercenaires russes et d’un Français serait partie à l’assaut de la ville de Ndassima, riche en or.

          Si la nouvelle se confirme, il faut bien dire que la composition de ce commando, un Français aux côtés de Russes, surprend quelque peu. On sait qu’ils ne se font pas la bise tous les jours en Centrafrique. Ils se livrent plutôt à une guerre d’influence, feutrée mais âpre : la France pour protéger son pré carré, les Russes pour avoir une base d’influence et surtout, mettre la main sur les immenses matières premières du pays.

          Parti de Bambari, préfecture de la Haute-Kotto, le commando a été escorté par dix rebelles du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC), lourdement armés. La formation s’est ébranlée le 23 septembre, à bord de 4X4 loués par le même FPRC. Assistons-nous là à la constitution insolite d’une association de prédateurs en bande organisée ?

          En tout cas, cette surprenante coalition de nuisibles démontre à souhait que la Centrafrique est devenue la proie de prédilection de la pègre internationale. Si les faits étaient avérés, le gouvernement ne pourrait pas demeurer sans prendre une initiative et demander des explications aux Russes, qui jouent ouvertement la carte des ex-Sélékas. En agissant comme ils le font, ils leur attribuent une légitimité et accréditent la thèse de la partition du pays. Si les Russes ont besoin d’une escorte pour protéger leurs agents, c’est aux FACAS, forces armées nationales, qu’il revient d’assurer cette mission, et non à une bande de hors-la-loi.

 

QUESTIONS

     

1- A quel jeu ambigu se livrent les Soviétiques en Centrafrique ? Ont-ils noué des liens avec les ex-Sélékas ? Aident-ils en catimini les rebelles à s’emparer du pouvoir à Bangui ? Réunir à Khartoum (Soudan) les seuls chefs des factions sélékistes sans inviter le gouvernement légitime centrafricain, c’était se mettre en concurrence avec la concertation initiée par l’Union Africaine à Bouar (Centrafrique). Les autorités centrafricaines sont-elles informées des initiatives russes dans le pays ? Au départ, le président Touadera avait sollicité l’aide des Russes pour mettre fin, militairement, aux agissements criminels et à l’occupation de 80 % du territoire par les groupes politico-militaires. Depuis, rien n’a bougé.

     2- Que faisait le mercenaire français, formellement identifié par la population, aux côtés des mercenaires russes de la société Wagner ? Est-il une taupe des services français ? Ou tout simplement un traitre, qui a trahi pour quelques pépites d’or et quelques carats des diamants de la mort ? La présence de ce mercenaire est incongrue. A moins que des Français ne fassent désormais équipe avec des Russes sans que les autorités centrafricaines en soient informées ?

    3- La population est-elle informée de tous ces traquenards destinés à faire des Russes les nouveaux tuteurs de la Centrafrique ? Le Conseiller russe à la sécurité, nommé par Poutine auprès du président Touadera, donne l’impression de contrôler le pouvoir centrafricain. Terrible et angoissante question : le gouvernement centrafricain a-t-il toujours la maîtrise des affaires ? Où sont donc passés les politiciens du pays ? Leur silence et leur inaction surprennent et inquiètent.

Compte tenu de cet imbroglio, force est de constater que la fin du chaos n’est pas proche. Nous apprendrons malheureusement peut-être bientôt que les rebelles ont obtenu ce qu’ils voulaient, avec l’aide des puissances étrangères qui trament dans l’ombre pour imposer leur paix aux Centrafricains.

          Mais, nous le savons, si règlement du conflit il y a, ce sera par la volonté des Centrafricains, et nul ne l’imposera de l’extérieur.

 

 

Par : JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(27 septembre 2018)

 

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