CENTRAFRIQUE : COMBAT DE CHEFS BLANC SUR LES BORDS DE L’OUBANGUI

Publié le 23 novembre 2018 , 5:07
Mis à jour le: 24 novembre 2018 2:50 am
un char français à Bangui Centrafrique
Blindé français en Centrafrique. CopyrightDR

 

CENTRAFRIQUE : COMBAT DE CHEFS BLANC SUR LES BORDS DE L’OUBANGUI

 

 

 

VLADIMIR POUTINE ET EMMANUEL MACRON SUR LE RING DE BANGUI : QUI VA METTRE L’AUTRE CHAOS ? LE COQ GAULOIS OU L’OURS SOVIÉTIQUE ?

         La République Centrafricaine est subitement devenue un centre d’intérêts et de préoccupations pour les Français et les Russes – sans oublier les Chinois et les Américains en embuscade. Elle s’est muée en mère de tous les combats d’influence.

         Il n’y a pas si longtemps, la France a retiré sa force Sangaris, alors que le pays était en plein chaos. De ce fait, les massacres sont devenus récurrents. La cohésion et l’intégrité du territoire ont été saucissonnées par des hordes de rebelles et leurs mercenaires. Les populations, martyrisées et terrorisées, ont pris le chemin incertain de l’exil. D’autres ont choisi de devenir les déplacées de l’intérieur. C’est un pays ami, au bord du précipice, que la France a choisi d’abandonner face aux périls. Car c’est ainsi que les Centrafricains considèrent l’attitude de l’Hexagone.

En tout cas, l’arrivée des Russes a eu un effet positif ! On a assisté, en effet, au retour précipité des Français, avec, dans leurs valises, des euros et des armes. L’annonce en avait été faite par le ministre français des Affaires Étrangères lors de son dernier voyage à Bangui. L’intrusion des Russes et leur tactique de séduction envers les Centrafricains ont eu pour corollaire l’effacement de la France de son ex-colonie et ont rendu plus âpre la guerre froide que se livrent les deux puissances sur les bords de l’Oubangui.

         On dirait que, désormais, tous les coups sont permis. C’est ainsi que les Français ont stigmatisé les initiatives de paix russe à Khartoum et tenté d’instrumentaliser celles de l’Union Africaine. Pourquoi le gouvernement le président Archange Touadera n’a-t-il pas saisi l’occasion pour faire monter les enchères ?

Petite pointe d’humour dans une situation crispée : la Centrafrique ressemble à une demoiselle que deux postulants courtisent avec frénésie ; il appartient donc à son père, le président Touadera, de fixer le montant de la dot !

         Emmanuel Macron et Vladimir Poutine vont faire le voyage de Bangui. Qu’ont-ils à proposer aux Centrafricains en matière de paix ? Que vont-ils engager comme action militaire forte pour désarmer et arrêter les chefs de guerres tueurs de Centrafricains ?

         Tous les habitants de ce pays martyr aspirent à la paix et à la réconciliation nationale. Souverains, ils veulent être maîtres de leur destin. Et non les otages de forces d’occupation, préoccupées par la protection de leurs intérêts et porteuses d’un impérialisme qui ne dit pas son nom.

         La Centrafrique n’a pas vocation à rester le dernier terrain de jeu d’influence de l’homme blanc.

LA DIABOLISATION DE LA FRANCE  EST UN NON-SENS

         Entre un colonisé et son ex-colonisateur, les frustrations, les rancunes et les reproches légitimes surgissent à chaque fois que se fait sentir le comportement méprisant de l’ancienne puissance coloniale. Il faudra du temps et des efforts, de part et d’autre, pour effacer ce passé douloureux. Les comportements infantilisants et paternels qui relèvent d’un passé détestable et révolu ont, malheureusement, tendance à se reproduire. Ajoutez-y le mépris, le racisme, le complexe de supériorité et vous obtenez un concentré de haine, prêt à exploser à chaque rappel des moments douloureux de la colonisation.

         De là à charger la France de tous les maux dont souffre la République Centrafricaine, on verse dans l’aberration et le non-sens. Ceux qui pensent que les Russes vont remplacer les Français en matière d’assistance se font des illusions. Depuis l’indépendance, c’est bien l’ancienne puissance coloniale qui accompagne la Centrafrique financièrement, matériellement et militairement – même si, on le sait, sa présence n’est pas qu’altruiste.

         La République Centrafricaine est, en effet, immensément riche en matières premières. En outre, sa position géographique, au centre du continent, lui confère une position stratégique unique. De nombreux Français vivent et prospèrent dans le pays. Il est réjouissant de constater que, depuis le début du chaos, depuis l’intrusion des Russes qui incitent certains Centrafricains à diaboliser les anciens colonisateurs, aucun détenteur de passeport français n’a été molesté ni brutalisé – ce qui fait honneur à la maturité politique des Centrafricains et doit continuer ainsi.

LE COMBAT POUR LA PAIX EST L’AFFAIRE DE TOUS

         Aujourd’hui, l’impression détestable qui prévaut en Centrafrique est celle d’un pays occupé par des chefs de guerre barbares, qui martyrisent et supplicient les populations abandonnées par leurs dirigeants. Les responsables du pays semblent suivre, impuissants, la descente aux enfers de leurs concitoyens.

         Est-il décent d’assister à la mort d’une nation souveraine, membre de l’ONU, dans une indifférence abjecte ? Est-il humainement supportable de faire la sourde oreille aux complaintes tragiques des populations, saignées par des chefs de guerres sanguinaires ?

         Non !

         Le chaos centrafricain doit devenir l’affaire de toute la communauté mondiale. Il est impératif et urgent de mettre fin à cette violation des préceptes de l’humanité, au premier rang desquels la protection des êtres humains. C’est un combat pour tous qui s’impose en République Centrafricaine. La communauté internationale ne doit pas assister en biaisant à l’agonie et à la mort d’un de ses membres. La lutte indécente de chefs blancs dans un pays martyr est intolérable. Il faut que cesse la guerre froide est-ouest qui a surgi en Centrafrique.

         Les intérêts partisans doivent se taire en face de l’urgence : il faut sauver une nation en péril.

                                                                                                                                                                                            

Aucun article à afficher