Centrafrique-Cameroun: les camionneurs envisagent un arrêt de travail illimité

Publié le 16 juillet 2014 , 2:06
Mis à jour le: 16 juillet 2014 2:06 pm

Après le meurtre d’un Camerounais à Bangui le 14 juillet dernier, les camionneurs envisagent un arrêt de travail illimité dès le 07 août 2014 face au mutisme des autorités

 

Pour des assassinats à répétition dont ils se disent victimes, les transporteurs qui effectuent le corridor Douala-Bangui et en particulier l’axe Garoua-Boulaï – Bangui annoncent une «interdiction de travail illimitée à compter du 05 août 2014 jusqu’à ce que des solutions durables soient apportées.» Ils disent en avoir ras-le-bol de la crise centrafricaine. L’incident fâcheux pour ces derniers a eu lieu il y a à peine deux jours. Un motor-boy (terme généralement utilisé au Cameroun pour désigner une personne en charge de la manutention à bord d’un car, bus ou camion) de la société Segcam Sti employé pour le camion immatriculé DB 013 BG a été tué par des Antibalakas à Bangui, lieu-dit PK-70, le lundi 14 juillet 2014.

 


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La nouvelle a été communiquée par le Syndicat national des chauffeurs professionnels des transports du Cameroun (Syncprotcam) dans une lettre adressée au ministre des Relations extérieures hier. Le motor-boy assassiné à Bangui lundi est un citoyen camerounais du nom de Hamma Gambo Djallo, né en 1976 et originaire du département du Faro et Deo dans l’Adamaoua. C’est le sixième assassinat du genre en neuf mois en RCA après celui de Adamou Oumarou – qui travaillait toujours pour la société Segcam Sti – survenu le 05 juin 2014 dans le village Balembe, à 50 KM de Baouro.

Après la grève qui avait déjà mobilisé plus de 200 camions à Garoua Boulaï, les transporteurs ont donc décidé cette fois d’une mesure plus radicale : couper les vivre à la RCA qui s’approvisionne essentiellement par les camions qui viennent du Port de Douala. «Nous pensons en réalité qu’aucun retour à la paix n’est possible sans que les vivres et autres ne soient ravitaillés par nos soins tant que des assassinats de ce genre sont perpétrés par des individus au vu et au su de tous», écrit Ibrahima Yaya, le président du Syncprotcam qui revendique plus de 1700 membres.

Les transporteurs décrient l’action des gouvernements camerounais et centrafricain par rapport à leur sécurité en ces termes : «Les camionneurs que nous sommes avons fait l’amer et triste constat que les gouvernements ont le verbe haut et l’action lente» ; critiquant dans la même veine «les mots et les résolutions qui sont loin d’être une armure de protection contre les balles et les machettes d’une bande de fanatiques et d’illuminés à qui nous avons toujours apporté notre concours pour leur équilibre socio-économique».

Le gouvernement camerounais manifesterait, selon le Syncprotcam, de l’engagement quand il s’agit de trouver une solution à des otages étrangers et négligerait la situation de ces «simples chauffeurs». Lesquels disent demander simplement «que les politiciens fassent leur travail». En attendant les mesures de sécurité qui pourront être garantis à ces transporteurs pour éviter l’arrêt de travail illimité prévu le 05 août 2014, le Syndicat demande le retour de la dépouille du moto-boy assassiné lundi à Bangui par les Antibalakas et la prise en charge par la société Segcam-Sti de sa femme et de ses quatre enfants.

Par Eugène C. Shema

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