Centrafrique : Calme précaire à Bouar après une scène de la guérilla urbaine de ce matin.
Bangui, le 17 novembre 2016. 20:17′.
Par: Gisèle MOLOMA.
Depuis le déclenchement de la guerre civile en 2012, les Centrafricains sont de plus en plus nombreux à faire la Justice eux-mêmes sans avoir recours à la loi de leur pays. La ville de Bouar, très calme ces derniers temps, vient de renouer avec ses vieux démons du passé. Pour un accident banal de la route, toutes les armes cachées sont sorties pour renouer dans tout le secteur dans le chaos. Est-il vraiment la bonne solution ?
Si dans le reste du monde on considère un accident de la route comme un acte non prémédité, en Centrafrique depuis quelques années on le considère comme un fait exprès, pour ne pas dire volontaire. L’accident de la route de ce matin à Bouar dans lequel un véhicule des soldats de la MINUSCA qui escorte les convois a renversé mortellement un enfant de six ans, témoigne à quel point la Justice n’a plus sa plus sa place dans la tête des centrafricains, la loi de « œil pour œil » et « dent pour dent » serait la meilleure solution pour eux.
Selon les témoins des faits contactés par CNC, il y’avait faute de la victime. Cette dernière, qui voulait traversée le plus vite que possible la route pour son domicile mitoyen à la route, a été très vite rattrapée par le dernier véhicule de la MINUSCA qui escortait les convois. Conséquence, le jeune enfant a rendu sur le champ son âme. Cette mort constatée, toutes les armes enterrées ou cachées étaient sorties, la pratique d’incivisme consistant à bruler les pneus sur le goudron a été mise en exergue. Pourtant, les travaux de bitumage de cette route viennent à peine de s’achever.
Selon nos informations, des véhicules de la MINUSCA et de la gendarmerie ont été brûlés par les manifestants, des voies barricadées et les crépitements des armes ont rendu la ville morte toute la journée. Il a fallu les interventions des autorités locales pour que le corps de l’enfant soit ramené à la maison pour inhumation et les barricades enlevées à la fin de la soirée.
Du côté de la MINUSCA et du Gouvernement, aucune réaction pour l’instant, mais pour combien de temps ? Personne n’est en réalité en mesure de répondre à cette interrogation.
Les événements regrettables de ce matin dans la ville de Bouar ne sont pas les premiers du genre en Centrafrique. À Bangui comme dans le reste du pays on constate de plus en plus qu’une volonté de rendre la Justice soi-même est perçue comme un moyen efficace au détriment de la Justice régulière. Chose étonnante, la quasi-totalité des centrafricains n’ont plus la notion de « regarder à gauche et à droite avant de traverser la route » et les chauffeurs, dont la plus part obtiennent leurs permis de chez eux sans avoir comment embrayé avant, ne connaissent rien sur le code de la route. Chacun fait ce qui lui remonte aux nerfs et chacun accuse l’autre si un sinistre se produit. Plus graves encore les motocyclistes. C’est la confusion totale sur les routes centrafricaines.
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