Le pays a décidé d’introduire l’armée de l’air dans la lutte contre le groupe terroriste Le Cameroun réorganise son dispositif sécuritaire pour faire face à Boko Haram basé au Nigéria voisin. Une décision diversement appréciée en interne.
« Ce n’est pas le Boko Haram qui va dépasser le Cameroun. Nous continuons le combat et nous les vaincrons », a déclaré Paul Biya, le président du Cameroun samedi à la presse, au moment de son départ à Washington pour le sommet Etats-Unis-Afrique.
Alors que les exactions et les enlèvements perpétrés par Boko Haram en territoire camerounais se multiplient, Paul Biya a tenu à rassurer les camerounais et a annoncé avoir demandé au chef d’Etat-Major des armées de « réorganiser » le dispositif sécuritaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun, la région qui partage sa frontière avec l’Etat du Borno au Nigeria, fief connu du groupe Boko Haram.
Le président camerounais n’a pas donné de plus amples informations sur cette réorganisation mais des sources sécuritaires qui souhaitent garder l’anonymat indiquent à l’agence Anadolu que la principale innovation est « l’intervention de l’armée de l’air dans la lutte contre Boko Haram ».
En effet, jusque là, seules les troupes à pied et motorisées étaient impliquées dans cette lutte.
La décision d’impliquer l’aviation dans la lutte contre Boko Haram est diversement appréciée en interne. « Nous ne pouvons que respecter les instructions de la haute hiérarchie. Mais, sur le terrain, nous pensons que l’usage d’avions de chasse n’est pas réellement indiqué dans un guerre asymétrique comme celle que le Cameroun mène contre Boko Haram », explique par exemple à l’agence Anadolu un officier supérieur de l’armée camerounaise qui souhaite garder l’anonymat.
« L’ennemi est caché, il n’a pas une base connue, une fois que vous déplacez un avion de chasse contre un ennemi inconnu et dont vous ignorez les positions, vous devenez vulnérable et il peut facilement vous atteindre », justifie la source.
A la question de savoir si ces avions pourront par exemple servir au transport des troupes pour renforcer un dispositif en cas d’attaques, toutes les sources de l’agence Anadolu sont formelles : « le Cameroun ne dispose pas de ce type d’avion. Aucun de nos avions militaires ne peut transporter par exemple un bataillon. Or, lors des récentes attaques de Boko Haram, l’on a constaté qu’ils sont venus en grand nombre, parfois jusqu’à près 400 personnes ce qui est la taille d’un bataillon. A quoi servirait-il de transporter 10 soldats camerounais pour aller faire face à 400 assaillants», s’interroge une deuxième source.
Toutefois, certains avis sont favorables. « Ces avions pourront par exemple servir au transport du petit matériel et au ravitaillement en munitions en cas d’attaques de longue durée », explique une autre source qui ajoute : « Ces avions peuvent aussi être très importants lors de la poursuite des assaillants, dans la recherche et le repérage. On se souvient que plusieurs fois, lors des précédentes attaques de Boko Haram, les assaillants sont venus avec beaucoup de véhicules et en ont emporté plusieurs. Les véhicules en mouvement sont difficiles à dissimuler et peuvent rapidement être localisés d’en haut ».
Dans son souci de renforcement du dispositif sécuritaire, le Cameroun mise également sur du sang neuf en « nommant de nouveaux hommes aux postes stratégiques » et en envoyant « des soldats supplémentaires » tout le long de la frontière avec le Nigéria.