Boromata : Le sang coule encore sur la route de la mort

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Les bandits soudanais frappent à nouveau près de Boromata. Un milicien d’autodéfense paie de sa vie la protection des siens.
Dimanche 1er juin 2025, vers 15h30. La route qui mène du village 5 Kilos à Boromata s’est à nouveau transformée en piège mortel. À 40 kilomètres de cette ville du nord-est centrafricain, six bandits armés soudanais ont tendu une embuscade fatale. Bilan : un milicien d’autodéfense tué, une région qui saigne depuis des années.
La route maudite de tous les dangers
Dans cette partie oubliée de la Vakaga, la mort rôde sur cette route sablonneuse défoncé. Chaque jour que Dieu fait, les “coupeurs de route” – comme on les appelle ici, traversent la frontière soudanaise pour semer la terreur. Leur terrain de chasse favori ? Ce tronçon maudit entre 30 et 40 kilomètres de Boromata, particulièrement aux alentours des 32-35 kilomètres sur l’axe de 5 Kilos, distant de 70 kilomètres.
“Ils viennent comme des vautours”, raconte Ibrahim, commerçant à Boromata. “Téléphones, argent, motos et tout autre bien de valeur… tout y passe. Nous, on n’existe plus sur notre propre terre en Centrafrique “.
Les barrages sauvages se succèdent. Les voyageurs se font dépouiller. L’État centrafricain brille par son absence. Seuls les jeunes du coin, organisés en milices d’autodéfense, tentent de faire face à cette hémorragie sécuritaire.
Le cycle infernal de la vengeance
L’engrenage de la violence s’est accéléré il y a quinze jours. Trois miliciens de Boromata, partis secourir des victimes d’attaque, sont tombés dans un guet-apens mortel. La riposte ne s’est pas fait attendre. Les jeunes de 5 Kilos, Gordil et Tiringoulou ont traqué les bandits et abattu au passage un homme, un berger Soudanais.
Cette mort a mis le feu aux poudres. Les redoutables Forces de soutien rapide (FSR) soudanaises ont aussitôt menacé de raser Boromata. Ils sont venus s’installer à 32 kilomètres du village en attente. Pour éviter le bain de sang, les sages du village ont procédé aux négociations avec les assaillants. Ces derniers ont exigé un dia”, cette compensation traditionnelle de 30 bœufs.
Dimanche sanglant sur la route de l’espoir
Ce dimanche 01 juin, un convoi de commerçants et de jeunes quittait 5 Kilos, direction Boromata. À bord d’un camion, deux miliciens d’autodéfense assuraient la protection. L’espoir d’un voyage sans encombre s’est brisé net à 40 kilomètres de destination.
Six bandits, deux motos, des armes automatiques. Le piège s’est refermé dans un fracas d’acier et de poudre. La fusillade a été nourrie, implacable. Quand la fumée s’est dissipée, un milicien gisait dans la poussière rouge de la Vakaga. Ses frères d’armes ont repoussé l’assaut et poursuivi la route, le cœur lourd.
“On n’est plus chez nous”
À Boromata, l’amertume colle à la peau comme la poussière d’harmattan. “On ne peut plus continuer comme ça. On dirait qu’on n’est plus chez nous”, souffle un commerçant de Boromata.
Au marché central, les gens commencent à parler déjà d’exode. “Rester ici, c’est trop risqué. On pense à partir, laisser la Vakaga”, confie Fatima, vendeuse de mil, en serrant son pagne autour de sa taille.
Les milices d’autodéfense, armés par les mercenaires russes du groupe Wagner, tentent l’impossible avec des moyens dérisoires. Face à des bandits suréquipés et insaisissables, leurs kalachnikovs rouillées font piètre figure.
Une frontière passoire, un État absent
La frontière avec le Soudan ressemble à une passoire géante. Les troubles qui secouent le pays voisin déversent leurs flots de violence sur cette terre centrafricaine déjà meurtrie.
Dans cette Vakaga sacrifiée, les habitants vivent au rythme des embuscades et des représailles. L’État centrafricain ? Une abstraction lointaine. La protection ? Elle vient des fusils des jeunes du village ou elle ne vient pas.
Entre les murs de banco de Boromata, chacun retient son souffle en attendant la prochaine attaque. Car dans cette région où la mort frappe sans préavis, une seule certitude demeure : elle frappera encore….
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