Birao asphyxiée : crise du logement et explosion des prix

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Birao, capitale provinciale de la Vakaga, située à plus de 1 000 kilomètres au nord-est de la République centrafricaine, près des frontières du Soudan et du Tchad, elle est aujourd’hui submergée, dévastée par une crise humanitaire d’une ampleur inimaginable. En quelques mois, sa population a triplé, frôlant les 40 000 habitants. Pourquoi ? Parce que la guerre fratricide qui déchire le Soudan voisin a poussé des milliers de réfugiés à franchir la frontière, cherchant un refuge dans cette ville déjà fragile. Mais Birao n’était pas prête. Et Bangui, la capitale, reste désespérément muette.
Une crise du logement
Imaginez : une ville où le nombre d’habitants, qui était auparavant 15 000, triple presque du jour au lendemain. Les modestes logements, autrefois accessibles, ont disparu, engloutis par la marée humaine. Les loyers, dans cette ville reculée de la Vakaga, dépassent désormais ceux de Bangui, la capitale supposée prospère ! Trouver un toit à Birao est devenu un parcours du combattant, une lutte acharnée où les plus faibles sont laissés pour compte. Les habitants, désespérés, bricolent des abris de fortune, des maisons “à la va-vite”, dans l’espoir de grappiller quelques francs pour survivre. Mais même cela ne suffit pas. Les réfugiés occupent chaque recoin, et les locaux, eux, se retrouvent à la rue, dans leur propre ville. C’est une injustice criante, un chaos silencieux qui étrangle les familles jour après jour.

La faim comme nouvelle compagne
Et puis il y a la nourriture, ou plutôt son absence. Birao dépendait du Soudan pour son approvisionnement. Mais avec la guerre dans le pays, la frontière est devenue une ligne de feu, presque infranchissable. Les groupes armés rodent, et les commerçants courageux qui osent s’aventurer vers le Tchad reviennent avec des produits rares et hors de prix. Acheminer des marchandises depuis Bangui est une mission quasi impossible : plus de 1 100 kilomètres de routes en piteux état rendent l’opération coûteuse et périlleuse. Seuls quelques vols de la MINUSCA et de petits avions privés liés à Wagner desservent la zone, mais ces derniers ne transportent pas de biens commerciaux, laissant la population livrée à elle-même.
Résultat : le coût de la vie explose. Un simple savon, vendu autrefois à 200 francs, atteint aujourd’hui 500 francs, une augmentation de plus de 150 %. Le verre de café et thé, n’en parle pas. Le prix a triplé. Les produits de première nécessité sont hors de portée pour de nombreuses familles. Seule exception : le poisson et la viande, dont les prix restent relativement abordables, constituant une maigre consolation pour les habitants confrontés à une crise généralisée.

L’inaction de Bangui : une trahison
Devant cette catastrophe humanitaire qui se déroule sous leurs yeux, les autorités de Bangui restent passives. Aucun plan d’urgence, aucune politique de soutien, aucune anticipation. Le gouvernement dirige à vue, sans stratégie pour répondre à cette crise pourtant prévisible. Birao, isolée, souffre dans l’indifférence totale du pouvoir, abandonnée aux conséquences d’un conflit qui ne fait qu’aggraver la misère des populations locales.
Un cri dans le désert
Birao est à bout de souffle. Ses habitants, qu’ils soient locaux ou réfugiés, survivent dans un enfer quotidien fait de loyers exorbitants, de marchés vides et d’un avenir incertain. Ils méritent mieux qu’un silence assourdissant de la part de ceux qui devraient les protéger. Bangui doit se réveiller. Le monde doit regarder. Parce que si rien ne change, Birao ne sera plus qu’un souvenir, une ville fantôme écrasée par l’indifférence et la guerre d’un autre.
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