Bangui: des tirs de kaslashnikov au premier jour de l’Aïd

Effrayés, des Banguissois ont quitté leurs maisons en pyjamas en essayant d´identifier la source des tirs.

 

Des tirs de kalashnikov ont retenti, lundi matin, très tôt, dans les rues de la capitale centrafricaine. Effrayés, des Banguissois ont quitté leurs maisons en pyjamas en essayant d´identifier la source des tirs. Quelques minutes plus tard, les tirs se sont intensifiés, cette fois avec des explosions de grenades. Il ne s’agit pas d’une énième attaque d’Anti-Balaka contre des musulmans ou des positions de la MISCA (force africaine en Centrafrique), mais de la célébration de l’Aïd-el-Fitr, fête musulmane sanctionnant la fin du Ramadan, cette année au goût amer pour les Centrafricains.
Photo Diapora
Photo Diaspora

«Cette fête n’est pas comme les autres cette année. Certains de nos proches sont partis vers d’autres pays, certains sont blessés, d’autres sont déplacés au Nord et d’autres au cimetière » s’est plaint Aziz, un habitant de PK-5, quartier à majorité musulmane à Bangui où les habitants se trouvent confinés depuis plusieurs mois. «[i Ma maison est détruite, celle de mon père aussi. Les Anti-Balaka ont détruit mon commerce, ils ont tué ma femme sous mes yeux, mes enfants sont partis au Cameroun. On est bloqué ici dans une prison à ciel ouvert» poursuit Aziz dans une litanie de jérémiades. «On ne peut pas aller au cimetière pour enterrer nos proches parce que l’endroit est occupé par les Anti-balaka qui nous attendent pour nous enterrer avec nos proches. Je ne sais pas où je dors demain. Eid moubarak tout de même.»

Avant décembre, ils étaient environ 15 % de musulmans dans ce pays d’Afrique centrale, soit 800 000 personnes, selon des données de l’ONU. Désormais, ils sont à peine 2 % dans tout le pays, selon les mêmes sources. Les pays limitrophes ont accueilli, en tout, près de 280 000 réfugiés qui se retrouvent éparpillés, principalement, entre le Cameroun, le Tchad et la République démocratique du Congo. «[i Cette années nous n’avons pas d’argent pour acheter de nouveaux habits à nos enfants. Et même si on en avait, on ne pourrait pas sortir pour faire ces achats. Et même si on avait de l’argent et qu’on pouvait sortir de PK-5, on n’a presque plus d’enfants.» déclare Mahjoub Almuzzamel, habitant de PK-5 avant de poursuivre, résigné «Mais Dieu nous a ordonnés de célébrer l’Aïd, alors on le fait.»

Alrufa’i Aziz Omar, président de l’association des jeunes musulmans en RCA, préfère, quant à lui, positiver en appelant ses coreligionnaires, où qu’ils se trouvent, à intensifier leurs invocations et leur soutien «pour leurs frères musulmans qui vivent dans le malheur». «Qu’ils nous aident par le Duaa. On voudrait aussi qu’ils nous aident pour reconstruire nos mosquées. A nos frères en Palestine je dis, on pleure avec vous, mais ne quittez pas les mosquées !»