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BANGUI: LES PARLEMENTAIRES : REFLETS DE LA SOCIÉTÉ CENTRAFRICAINE.

(Corbeau News Centrafrique)

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LES PARLEMENTAIRES : REFLETS DE LA SOCIÉTÉ CENTRAFRICAINE.

 

 

Bangui, (C.N.C), 04-05-2016

Le résultat d’une enquête auprès des parlementaires centrafricains montre que plus d’1/3 des députés sont analphabètes ou illettrés. Cette situation a surpris bon nombres d’entre nous qui la qualifient de scandaleux et d’incroyable. Nous avons après analyse compris que cette situation est normale, une suite logique  que scandaleuse : c’est le reflet de la société centrafricaine.
La population centrafricaine est à moitié analphabète ou illettrée. Qui avait affirmé que les députés sont les représentants du peuple, les élus de la nation ? Alors en quoi avoir des députés illettrés ou analphabètes dérange ? Il ne faut pas faire d’amalgame entre les deux concepts qui sont des synonymes mais différents. L’illettré par définition est la personne qui ne sait ni lire ni écrire suite à une scolarisation. Par contre l’analphabète n’a jamais été scolarisé.
Nous sommes en démocratie, et la démocratie sous-entend le respect du principe de légalité. Ainsi existe -il des dispositions dans le droit positif centrafricain qui interdisent aux illettrés ou analphabètes d’être candidats à la députation ou d’être élus ? À notre connaissance non, aucun texte n’interdit les députés analphabètes d’être élus. Alors pourquoi s’en prendre aux députés illettrés ? Quelles fautes ont-ils commis ? Leur seul tort, c’est d’être illettrés ? Sur la base de quoi on les profane ? S’il y a un coupable dans ce dossier, c’est le législateur qui n’a pas imposé un minimum de scolarisation dans les conditions d’éligibilité des parlementaires : alors, arrêtez de les stigmatiser. Si une bonne partie des députés est illettrée, la faute incombe à l’Etat : un système éducatif non adapté, manque d’infrastructures, certains villages n’ont pas d’écoles ou il faut faire des kilomètres pour en trouver une alors que l’alphabétisation  et le droit à l’éducation sont des droits fondamentaux garantis par l’article 26 de la déclaration universelle des droits de l’homme. On assiste ainsi à la défaillance et la démission de l’Etat dans ses missions régaliennes. S’il arrive qu’un député illettré ou analphabète démissionne suite aux harcèlements, la haute cour constitutionnelle ne dispose pas de base juridique pour accepter une telle démission.
Le député est le représentant du peuple à l’assemblée nationale. A ce titre, il défend ses intérêts, examine les projets de loi et les vote. Ainsi avant de voter il faut comprendre, analyser, discuter, amender et voter. Les débats portent sur différents thèmes qui ne sont pas enseignés à l’école. Il faut vivre les problèmes du terroir pour les comprendre d’où l’importance des analphabètes ou paysans qui vivent dans les terroirs et qui connaissent mieux les problèmes dû terroirs que les intellectuels venus d’ailleurs qui ne maîtrisent pas les réalités socio-économiques. Les profils des députés doivent êtres différents et complémentaires. Il est avéré que certains députés passent leur temps à dormir lors des sessions et à voter sans comprendre la quintessence des lois mais il ne faut pas généraliser. Alors, quelle est la différence entre un député analphabète et un député qui dit toujours “oui, oui” à toutes propositions ?
Les députés illettrés ne sont pas l’apanage de la Centrafrique, on les retrouve partout ailleurs en Afrique. Alors qu’est ce qui surprend ? Des solutions sont proposées dans ce cas d’espèce pour palier à ce que certains qualifient de dramatiques : entre autres, les débats peuvent se tenir en sango car cette dernière est la deuxième langue officielle, les repartir dans les différentes commissions de l’assemblée nationale, ne pas leur attribuer des postes de responsabilité ou de prestige, les respecter car ils ont été élus par un peuple souverain. Ensuite, le gouvernement doit initier un projet de loi pour exiger aux candidat à la députation au minimum le brevet des collèges. Ainsi, ne peuvent être parlementaires que des personnalités justifiant d’un niveau d’instruction équivalent à la fin des collèges. Mais attention, ne le dites à personnes, si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Yaoundé, le 03 Juin 2016
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections.
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