Bangui:« LE PEUPLE CENTRAFRICAIN DAUX CANDIATS AUX ELECTIONS » DIXIT LAURENT GOMINA PAMPALI

Publié le 27 juin 2015 , 9:15
Mis à jour le: 27 juin 2015 9:15 am

(Corbeau News Centrafrique)

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INTERVIEW EXCLUSIVE : « LE PEUPLE CENTRAFRICAIN DOIT FAIRE ATTENTION

AUX CANDIATS AUX ELECTIONS » DIXIT LAURENT GOMINA PAMPALI

Bangui, Corbeau News Centrafrique, 27-06-2015

 

Le président de l’Union nationale des Démocrates Républicains, en abrégé UNADER, Laurent Gomina Pampali donne sa vision sur le processus électoral en Centrafrique et en a également interpelé le peuple centrafricain sur les conséquences qui pourraient en découler. Dans une interview exclusive qu’il a accordée à Corbeau News, l’homme politique centrafricain incarnant les idéologies de Barthélémy Boganda, propose lui une solution idoine à la sortie de crise définitive en République centrafricaine. Avec 27 ans de carrière politique, quatre fois ministre, quarte fois député de la région de Nola, et sept ans comme député au parlement CEMAC, Laurent Gomina Pampali préconise l’Unité et la justice pour le relèvement de la République centrafricaine.

Corbeau News Centrafrique (CNC) : Bonjour Monsieur Laurent Gomina Pampali !

Laurent Gomina Pampali (LGP) : Bonjour très cher compatriote !

CNC : Après avoir participé au Forum national de Bangui qui s’est tenu du 04 au 11 mai dernier, quelle analyse en faites-vous?

LGP : J’ai tenté une petite analyse dans un article que j’ai publié dans les journaux de la place et que j’ai intitulé « Petit catéchisme pour le dialogue politique et la réconciliation nationale ». J’ai abordé, cher compatriote, les questions qui ont failli diviser et tuer la République centrafricaine fondée par Barthélémy Boganda. Quel type de problème, quel type de question? La question du conflit et la question de division. Les divisions et les conflits ont commencé quelques décennies bien après l’indépendance vers les années 80 à 90. C’était des divisions à caractère tribal, le nord contre une partie du pays et le début de la rébellion avec les armes. La rébellion mais plus précisément les mutineries, cher compatriote, étaient déjà les résultats des divisions à caractère militaro-ethno-politique. J’ai écrit même un livre à ce propos « Le Centrafrique face lui-même » que je vais compléter dans les jours à venir « Le Centrafrique face à lui-même et face aux autres Etats ». L’analyse, pour revenir au Forum, est que la RCA est entrée dans une crise fondement. C’est vrai, le pays avait déjà connu le sectarisme, les divisions sur le plan politique, le rejet de l’autre. Mais au dernier moment, on a voulu mettre ça sur compte d’un conflit religieux, un conflit entre Musulmans et Chrétiens. Et moi Centrafricain 100% bien sûr, je me suis opposé à cette idée très tôt par de petits articles à travers les journaux en montrant qu’il s’agissait là purement et simplement des manipulations des esprits par les uns et les autres, par ceux qui ne veulent pas que le pays avancent, par ceux qi ont tué le pays, et qui voudraient que ça reste dans cet état pour en tirer profits. Mais que la crise centrafricaine est d’abord une crise politique et économique. Politique parce qu’il y a la lutte pour le contrôle du pouvoir par les uns et par les autres ou par ceux qui estiment que depuis l’indépendance jusqu’aujourd’hui, et bien, leur catégorie, leur région n’a jamais accédé au pouvoir et que le moment était venu pour qu’eux aussi prennent le contrôle du pouvoir. Mais surtout un problème économique parce que c’est la guerre pour le contrôle des richesses du pays par les uns et les autres. Certains l’ont contrôlé déjà, d’autres voulaient arriver au pouvoir pour les contrôler et voilà l’engrenage de la violence. Parce que chacun rêve du palais de la Renaissance pour accéder au diamant, à l’or, au pétrole et à l’uranium car ça donne de l’argent. Ça permet au clan, aux parents et autres de s’enrichir. Voilà le problème politique et économique qui a fait éclater une guerre effroyable puisque beaucoup des Centrafricains ont perdu la vie. En marge du Forum, j’ai dit laissons tomber de côté les pseudos conflits, les faux conflits. Et lorsqu’on est là pour diriger, on doit faire de sorte que toutes ces richesses profitent à tous les citoyens centrafricains. La manière de bien faire la politique c’est de mettre la justice entre tous les citoyens.

CNC : Selon vous, que doit-on faire pour que les recommandations prises lors de ce Forum soient appliquées à la lettre?

Il faut que le gouvernement s’exécute puisque c’est lui qui a le pouvoir d’appliquer les lois. Le peuple soit par referendum soit au cours d’un forum comme celui qu’on vient d’organiser, adopte aussi des recommandations, les orientations, les projets de société, il appartient au gouvernement, au chef de l’Etat et à son gouvernement d’appliquer. Et le pays va commencer à sortir de l’ornière, de trou et c’est un pas une affaire d’un seul jour. Et que la transition finisse dans les meilleurs délais, la sécurité revienne dans le pays pour que les élections soient organisées. Et le Centrafricain qui sera élu par le peuple continuera à appliquer ces recommandations parce qu’il y en a beaucoup, on ne peut pas les appliquer en un seul jour. C’est un long chemin à parcourir pour que la RCA revienne à l’Etat normal.

CNC : Etant l’un des candidats aux élections à venir, comment voyez-vous les processus électoraux avec le chronogramme de la tenue des élections en Centrafrique?

LGP : Et bien le processus électoral, là aussi j’ai réfléchi et je suis en train de faire circuler un petit document depuis janvier, « Osons ensemble ». C’est ma profession de foi. Chers compatriotes, je dis clairement que la RCA et tous ceux qui l’aiment devront commencer par veiller sur les préparatifs des élections à tous les niveaux, à toutes les étapes pour que par exemple les questions d’argent ne viennent pas encore transformer le peuple centrafricain en un peuple esclave parce que y en a qui va déverser des billets de banque. Connaissant la situation de dénouement du peuple centrafricain après deux années de crise, tout le monde va courir vers l’argent et oublier d’exiger que les candidats soient les candidats de qualité et que le futur chef d’Etat soit un homme de qualité. Un homme de qualité c’est un homme vertueux qui connait les principes moraux de gouvernance. Donc il faudrait que les amis de Centrafrique, ceux qui viennent nous aider, et les autorités de transition veillent à ce que l’argent ne soit pas un obstacle à l’accession des hommes de qualité au pouvoir. Parce qu’on va voir que c’est celui qui a beaucoup d’argent, et comme il a beaucoup d’argent, il va gouverner. C’est faux ! L’avoir n’est pas synonyme de l’être et du savoir. L’argent devra effectivement faire l’objet d’un regard critique de tous ceux qui veulent nous assister, de la communauté internationale, de l’Autorité nationale des élections (ANE). Ça c’est avant qu’on en arrive aux élections proprement dites. Et puis aussi la sécurité. Parce que si on ne désarme pas, si on ne met la sécurité dans les villes, sur les routes, et dans les compagnes, le peuple ne votera pas, ou ceux qui viendront voter, voteront avec l’idée que les armes derrière la tête, l’oreille et ça sera pas un vote objectif et le résultat sera que l’on aura mal voté. Et ça sera le retour à la case de départ. Voilà ce que je crains. Donc je m’adresse aussi bien aux autorités de la transition pour qu’elles veillent sur le préparatif des élections. J’ai même posé la question du financement des élections dont les candidats retenus par la Cour constitutionnelle. Dans les pays civilisés, enfin stables, on veille à ce que les candidats soient à peu après sur le même pied d’égalité au départ. Ça s’est fait dans les pays au tour de nous où le gouvernement finance les candidats, mais les candidats dont les dossiers sont retenus par la Cour constitutionnelle. Si on n’a pas beaucoup d’argent ça ne veut pas dire qu’on est médiocre mais c’est parce qu’on est resté intègre. 27 ans de carrière politique, les mains propres, j’ai quand même le droit de demander que le peuple centrafricain m’élise comme chef d’Etat. Mais pour cela, il faut que l’Etat qui est pour tout le monde, soit juste à l’égard de tous les citoyens centrafricains. Je dis et j’insiste sur le fait que les élections doivent être bien préparées, et que le gouvernement de transition, la communauté internationale, et les amis de Centrafrique, ceux qui veulent que la RCA redevienne un Etat de droit, devront veiller sur le préparatif des élections avec un œil sur tous les aspects. Aspect liste électorale, aspect financement des élections, aspect sur les dossiers des élections. Mais si on ferme les yeux là-dessus pour laisser les gens se débrouiller, et que le plus fort gagne, ça sera la loi de la jungle.

CNC : Dans une brochure que vous avez publiée concernant le Forum de Bangui, vous avez proposé des solutions véritables que les Centrafricains doivent adopter pour le présent et le futur : quelles sont alors ces solutions?

LGP : Ah mais c’est des solutions d’abord qui remontent à Boganda et qui nous reviennent effectivement. Ce sont des propositions qu’il a faites très top. Sachant que c’est des principes viables et qui font qu’un Etat reste stable. L’Unité avant tout, le principe de l’Unité. Le premier terme de la devise centrafricaine, c’est l’unité. Boganda a dit « l’Unité c’est la vie, les divisions c’est la mort ». J’ai répété ça partout dans les journaux et sur les radios, le peuple centrafricain le sait mieux que tout le monde. Depuis qu’on est divisé, on a vu des cadavres partout parce qu’on est divisé. Le jour où on va se réunir pour savoir que la République centrafricaine, c’est nous tous ensembles. C’est notre terre, notre mère, notre champ, notre rivière, c’est nos réserves de chasse et de pèche, c’est la tombe de nos pères et de nos mères, c’est tout ce qui nous donne la vie et qui nous fait vivre, c’est ça la République centrafricaine. Là j’ai cité Barthélémy Boganda, «l’Unité ». Après il faut appliquer les bons principes politiques de gouvernance, la justice, une bonne constitution. On en a toujours eu mais malheureusement c’est l’application, parce que c’est ça l’origine des problèmes. Une bonne constitution et l’appliquer. Si vous violez la constitution, vous violez le pacte social, il n’y a plus de confiance et chacun veut faire à sa tête, donc on insiste dessus. Et bien savoir aussi que dans la vie on a besoin de l’autre, un seul cerveau ne peut pas tout penser. Et mettre en avant le principe du mérite, chers compatriotes. Si on met en avant le principe du mérite, ça veut dire qu’on ne juge pas quelqu’un non pas parce qu’il appartient à la famille présidentielle ou il appartient une ethnie mais on le juge par compétence. Si vous avez un problème, on ne va pas dire que c’est Chrétien ou un Musulman, ça n’a pas de sens. Votre nom, ce que vous êtes et ce que vous faites. Vous êtes Journaliste, oui, monsieur X est auteur de tel acte. Et si c’est un acte positif, l’Etat doit de dédommager et si c’est un acte négatif, l’Etat doit te punir. A partir de là, l’Etat est devenu un Etat qui donne confiance et en qui le peuple fait confiance. C’est un Etat de sureté. La sûreté, c’est que si

quelque chose t’arrive, tout de suite le policier va intervenir. Mais tout le monde doit retenir que ce qui fait qu’un pays rentre dans le désordre c’est lorsque les lois sur lesquels on doit s’entendre ne sont plus appliqués. Cela sème la méfiance, les divisions et le désordre. Et vous avez vu qu’un pays de désordre ce n’’est pas Etat enviable par les autres. C’est enviable par ceux qui profitent du désordre.

CNC : Avez-vous un message particulier au peuple centrafricain ?

LGP : Le message c’est que les Centrafricains, qu’ils décident tous ensemble de revenir à la vie commune, à l’unité. Je sais que moi je suis né dans le Sud-ouest de Centrafrique, mais je dois aspirer à pouvoir aller dormiraussi dans la Basse-kotto, dans la Vakaga, dans le Haut-Mbomou sans peur. Et que celui qu’un citoyen de la Vakaga même s’il vit dans la Vakaga, qu’on lui donne l’occasion d’aller voir ce qui se passe à Nola. Et s’il a envie de faire des affaires là-bas, qu’il y reste parce que c’est chez lui comme par le passé dans le pays que Boganda a fondé. Pourquoi à un moment donné, on a appelé la RCA, Suisse d’Afrique? C’est la question que les Centrafricains devraient se poser après tout ce qu’on a vécu. La Suisse est pays de paix, de dialogue. On a dit que la RCA était la Suisse africaine car Boganda nous a donné un pays stable où il y avait la paix, le dialogue. Donc rêvons de redevenir la Suisse africaine, pays de paix pays d’accueil. Tous les pays voisins venaient se réfugier chez nous, les Congolais, les Tchadiens etc… parce qu’il y avait la guerre chez eux. Et maintenant c’est nous qui les imitons et qui allons chez eux. Voilà ça devrait nous faire réfléchir. Il y a deux manières de gouverner que le peuple centrafricain devra savoir parmi les candidats. Ceux qui viennent par la force ou par la ruse pour prendre le pouvoir. Peu après, le pouvoir leur sert à s’enrichir. Les chercheurs de pouvoir pour s’enrichir, ils deviennent nécessairement des dictateurs. Et il y a ceux-là qui pensent que, suite à leurs analyses et qu’ils en sont convaincus, on gouverne pour servir le pays, dont le peuple. Et on est là, les richesses du pays c’est pour construire le pays, former les cadres, former les jeunes, les ingénieurs, les médecins, aider les agriculteurs à améliorer les manières de cultiver au lieu de faire toujours la même chose depuis 50 ans. Donc le peuple centrafricain doit faire attention de voir parmi les candidats, qui appartient à la première méthode et qui veut appliquer la deuxième et pays s’en sortira.

CNC : Nous vous remercions !

LGP : Ah, c’est moi qui vous remercie !

Des propos recueillis par Eric NGABA, Bangui pour CNC

 

Bangui, Eric NGABA Pour CNC

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