Bangui : Des parents s’insurgent contre l’accueil et le mauvais traitement réservé aux patients à la pédiatrie

Publié le 3 juillet 2014 , 11:47
Mis à jour le: 3 juillet 2014 11:47 pm

Bangui, 2 juillet 2014 (RJDH)- Les parents se plaignent de l’accueil réservé à leurs enfants malades par le personnel du complexe pédiatrique. Certains parents rencontrés par le RJDH ce matin évoquent la lenteur du service de consultation, un fait qui entraine parfois le décès de certains patients arrivés dans un état d’urgence. Face à ce dysfonctionnement, le directeur de cet hôpital Docteur Jean Chrysostome Ngodi et le pédiatre Gustave Bobossi Séréngbé se disent mécontents.

Dans une longue file d’attente, on peut de loin entendre les pleurs des enfants qui ne supportent plus la chaleur et les maux dont ils souffrent. Les mamans, impatientes, essaient de bercer les plus petits en faisant des mouvements de ‘’va et vient’’. Tel est l’ambiance du service d’urgence à la pédiatrie de Bangui.

Olive Demba, habitant le quartier Bimbo et mère d’un patient rencontrée à la pédiatrie, nous explique son impatience: « Nous sommes ici depuis cinq heures du matin, parce que nous avons passé une nuit très mouvementée compte-tenu de la santé de l’enfant qui est inquiétante. Mais du moment de notre arrivée jusqu’à onze heures ce matin, l’enfant n’a pas été consulté, ni par un médecin ni par un interne. »

« Mon enfant convulse à tout moment. Je suis obligée de lui mettre un peu d’eau sur la tête, pour faire chuter sa fièvre. Ce n’est pas du tout normal », s’est-t-elle indignée.

Une autre femme, qui a emmené sa fille à l’hôpital et qui a requis l’anonymat, s’exprime en ces termes : « à mon avis, cette lenteur est liée à la gratuité des consultations et examens qui se font actuellement. C’est mieux que nous payions normalement les consultations, au lieu de rester là à attendre en risquant de perdre nos enfants. »

Depuis plus d’un mois, les soins sont donnés gratuitement à la pédiatrie sur décision du gouvernement. Des médicaments ont également été remis à cet hôpital par l’État, appuyé par des structures humanitaires présentes à Bangui. Mais lors de la visite effectuée par le RJDH aujourd’hui à la pédiatrie, deux cas de décès d’enfants ont été constatés, ce qui selon les parents serait lié au mauvais accueil et à la lenteur des soins.

« Les conditions n’étaient pas réunies pour donner des soins gratuits »

Face aux plaintes et au désespoir des parents, qui voient leurs enfants parfois mourir dans le corridor d’attente faute du manque de soins, le directeur général du complexe pédiatrique de Bangui, Jean Chrysostome Ngodi, s’exprime : « On ne doit pas traiter des humains comme des animaux, mais plutôt comme des personnes qui ont besoin qu’on les prenne dans leur meilleure dimension, à savoir la dignité. Vous conviendrez avec moi qu’il n’y avait aucune dignité à l’accueil.»

« Les conditions n’étaient pas réunies pour donner des soins gratuits. Et même quand il faut qu’un enfant soit être traité le plus vite possible, nous ne pouvons pas y répondre », s’est insurgé Jean Chrysostome Ngodi.

Selon le directeur, après l’annonce de la gratuité des soins au complexe pédiatrique, « tous les enfants malades de Bangui, de Bimbo et de Bégoua ont afflué. Cependant, les dispositions n’avaient pas été prises en amont pour recevoir un nombre si pléthorique de patients », a-t-il indiqué.

« Pour ce genre de projet, il faut d’abord une préparation en amont, c’est-à-dire autour du nombre de personnel, des ingrédients qui doivent être gratuits, à savoir les médicaments et les examens. Cela n’a pas été fait. Car lorsqu’on parle de gratuité, c’est toute la population qui afflue », a expliqué le directeur de la pédiatrie.

Le Pr. Gustave Bobossi Sérégbé, lui aussi pédiatre au complexe pédiatrique de Bangui, a fait savoir que le personnel de santé est débordé de travail. « Ce n’est pas aux étudiants ou aux internes de travailler à la place de ceux qui sont sensés donner des soins primaires ou secondaires, qui sont les infirmiers. La tâche qu’on nous a donnée est irréalisable, sauf si on décide de recruter des jeunes médecins. Et il faut également, une structure de tri des malades avant de les orienter aux spécialistes ».

Selon le Docteur Ngodi, le complexe pédiatrique de Bangui, est normalement réservé aux soins tertiaires c’est-à-dire aux cas graves. Les soins primaires et secondaires doivent être traités dans les dispensaires. Mais compte-tenu de la gratuité actuelle des consultations, des examens et des médicaments, le nombre des patients a augmenté et l’hôpital est submergé.

Le RJDH s’est rapproché du ministère de la santé publique afin d’obtenir sa version, mais celui-ci n’était pas disposé à répondre aux questions. Toutefois une source proche de ce département promet de faire une déclaration, après avoir effectué une visité à la pédiatrie pour y constater les faits.

Par RJDH

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