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Ballets de sanctions et guerres de positionnement au sein des groupes armés centrafricains

Ballets de sanctions et guerres de positionnement au sein des groupes armés centrafricains

 

Le chef rebelle Ali Darassa et ses hommes dans la localité de Bambari en février 2022
Le chef rebelle Ali Darassa et ses hommes, ici dans la localité de Bambari en février 2022

 

Bangui, CNC. La scène politique centrafricaine est le témoin d’un spectacle inattendu ces derniers jours. Les groupes armés centrafricains, généralement unis contre le régime de Bangui, s’engagent maintenant dans une série de manœuvres internes. On observe une succession rapide de communiqués contradictoires, de sanctions disciplinaires et de créations de nouvelles alliances. Cette agitation expose les profondes divisions qui existent au sein de ces groupes armés centrafricains et expose leurs luttes internes pour le leadership.

 

Le point de départ de cette situation remonte au mois dernier suite à la publication d’un communiqué d’Ali Darassa, chef de l’UPC (Unité pour la Paix en Centrafrique). Dans ce document, Darassa a appelé à l’ouverture d’un dialogue avec le gouvernement centrafricain. Cette déclaration a créé des remous au sein de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), dirigée par l’ancien président François Bozizé.

 

La réaction de Bozizé ne s’est pas fait attendre. Il a rapidement limogé Darassa de son poste de chef d’état-major de la CPC. En réponse, Darassa a pris l’initiative de créer sa propre coalition, baptisée CPC-F (Fondamentale). Pour cette nouvelle alliance, il s’est associé à certains de ses alliés dans les groupes armés centrafricains, notamment une faction du FPRC (Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique) de Noureddine Adam.

 

Cependant, la composition exacte de cette nouvelle coalition reste floue et sujette à controverses. Plusieurs groupes armés centrafricains, initialement cités comme membres, ont rapidement démenti leur participation. C’est le cas notamment des anti-balaka et du MPCR. Seule une petite faction anti-balaka, dirigée par Bernard Mokom, dont les éléments sur le terrain n’existe pas, semble avoir effectivement rejoint les rangs de la CPC-F. Il est important de noter que les éléments de ce groupe sur le terrain sont pratiquement inexistants.

 

La situation au sein du FPRC est tout aussi complexe. Certains généraux ont publiquement exprimé leur volonté de rester fidèles à la CPC originelle. En réaction, la direction du FPRC, menée par Aroun Gay, a pris des mesures disciplinaires. Un officier a été suspendu, accusé d’avoir produit un faux document de démission collective au sein du FPRC engageant ses collègues sans leur consentement.

 

Du côté de l’UPC, la confusion règne également. Un responsable a d’abord annoncé son intention de rester dans la CPC. Peu après, un autre communiqué affirmait sa démission de la CPC et son ralliement à la CPC-F. La CPC a rapidement réagi, dénonçant ce dernier communiqué comme un faux fabriqué par la CPC-F.

 

Cette multiplication de déclarations contradictoires et de sanctions internes rend la situation particulièrement difficile à déchiffrer. Les différents groupes armés centrafricainssemblent davantage préoccupés par des luttes de positionnement et de leadership que par des actions concrètes sur le terrain.

 

Dans ce contexte chaotique, seul le mouvement 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation) semble maintenir une certaine cohésion. Il reste uni et déterminé dans sa position, contrairement aux autres formations qui donnent l’impression de se disputer des postes ou des financements potentiels.

 

Ce spectacle de divisions ne joue pas en faveur de la crédibilité de ces groupes armés centrafricains. Il contraste fortement avec la relative cohésion affichée par certaines factions, comme les anti-balaka dirigés par des figures connues telles que Ngaïssona, ou le fils de Bozizé, Francis.

 

La situation reste donc très instable. Certains éléments semblent ouverts à l’idée d’un dialogue avec le gouvernement, tandis que d’autres s’y opposent fermement. Ces reconfigurations semblent avant tout refléter des conflits de personnes et des luttes de pouvoir au sein de la rébellion centrafricaine.

 

Pendant que ces groupes se livrent à ces querelles internes, leurs actions sur le terrain semblent limitées. Cette situation pose la question de leurs véritables motivations. Cherchent-ils réellement à défendre une cause ou sont-ils plus intéressés par l’obtention de postes au gouvernement ou de financements ?

 

En fin de compte, ce ballet de sanctions et de communiqués contradictoires offre un spectacle peu glorieux. Il révèle les faiblesses et les divisions au sein de ces groupes armés, tout en questionnant leur capacité à présenter un front uni face au gouvernement centrafricain.

 

Pour l’instant, la population centrafricaine reste spectatrice de ces manœuvres, attendant de voir comment cette reconfiguration des forces rebelles va influencer l’avenir politique et sécuritaire du pays. Une chose est certaine : cette situation complexe et changeante rend les perspectives de paix et de stabilité en République centrafricaine plus incertaines que jamais.

 

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