Avenue des Martyrs sous les eaux : où sont passés les millions de l’opération Kwa ti Kodro ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
L’Avenue des Martyrs ressemble aujourd’hui à un fleuve Oubangui en pleine capitale. Après les premières pluies du mois de mai 2025, cette route qui mène à l’aéroport international Mpoko, s’est transformée en lac boueux. Les motocyclistes pataugent, les piétons retroussent leurs pantalons, les voitures avancent au ralenti dans cette eau qui monte jusqu’aux genoux.
Pourtant, il y a quelques semaines à peine, les autorités centrafricaines, conduites par le Président Baba Kongoboro étaient venues ici en grande pompe pour lancer l’opération “Kwa ti Kodro”. Deux passages, disent-ils. Nettoyage des canaux, curage des canalisations, assainissement de la capitale. Les promesses étaient belles. La facture aussi, sans doute.
Deux opérations à Combattant sur l’avenue des martyrs, zéro résultat
Regardons les faits. L’opération Kwa ti Kodro devait nettoyer Bangui de fond en comble. Sur l’Avenue des Martyrs, les équipes sont venues deux fois. On nous a parlé de canaux désobstrués, de canalisations remises à neuf, de système de drainage modernisé.
Aujourd’hui, les Banguissois barbotent dans l’eau sale. Les commerçants ferment leurs boutiques dès qu’il pleut. Les taxi-motos font demi-tour. Les enfants n’arrivent plus à l’école. Voilà le bilan de cette opération tant vantée.
L’argent du contribuable dans le vent
5 milliards de francs CFA par an pour l’opération Kwa ti Kodro. Faites le calcul : cela représente environ 96 millions de francs CFA chaque semaine. Car oui, cette opération a lieu tous les samedis, avec le président lui-même. Un show hebdomadaire à prix d’or qui transforme le nettoyage de la ville en rendez-vous politique.
96 millions par semaine pour aboutir à quoi ? À l’Avenue des Martyrs transformée en piscine boueuse dès la première pluie sérieuse. L’argent n’a manifestement pas servi à résoudre le problème. Les mêmes rues inondées, les mêmes galères pour circuler, les mêmes maladies qui pointent le nez avec l’eau stagnante.
Avec un budget pareil, on aurait pu construire de vrais systèmes de drainage, former des équipes techniques compétentes, acheter du matériel durable. Au lieu de cela, on organise des samedis de nettoyage présidentiel pendant que les familles perdent leurs affaires, les malades n’arrivent pas à l’hôpital, et l’économie s’arrête à chaque averse.
Bangui, une ville otage de l’improvisation
Bangui grandit vite, trop vite pour ses infrastructures. Les quartiers poussent sans plan, les canalisations vieillissent sans entretien, les budgets partent on ne sait où. Résultat : dès qu’il pleut un peu fort, la capitale s’arrête.
Ce n’est pas une fatalité. D’autres villes africaines ont trouvé des solutions. Elles ont investi dans de vrais systèmes d’évacuation, planifié leur croissance, entretenu leurs équipements. Elles n’organisent pas des opérations spectacles pour se donner bonne conscience.
Ce qu’il faut à Bangui, ce ne sont pas des opérations médiatiques. C’est un vrai audit du système de drainage. Des travaux sérieux menés par des professionnels. Un suivi rigoureux des chantiers. De la transparence sur les budgets et les résultats.
Il faut aussi arrêter de prendre les citoyens pour des imbéciles. Quand on promet de résoudre un problème, on s’en donne les moyens. Quand on échoue, on l’assume. Quand on dépense l’argent public, on rend des comptes.
Les conséquences de cette gestion à vue, c’est la population qui les paie. Chaque jour. À chaque pluie. Les commerçants qui perdent leur marchandise. Les parents qui ne peuvent plus emmener leurs enfants à l’école. Les malades qui n’arrivent pas aux centres de santé.
Sans compter les dégâts à long terme : routes abîmées, véhicules usés prématurément, propagation des maladies liées à l’eau stagnante. Tout cela coûte plus cher que de vrais travaux d’assainissement.
L’Avenue des Martyrs noyée après deux opérations Kwa ti Kodro, c’est le symbole d’une approche qui ne marche pas. On ne résout pas les problèmes de fond avec des coups de communication.
La saison des pluies va continuer. D’autres inondations viendront. À moins que les responsables décident enfin de traiter les causes plutôt que de multiplier les discours….
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