« Avec le bitcoin,   c’est l’économie centrafricaine qui sera saignée  à blanc », dixit le député Joseph Bendounga

 

Rédigé par Gisèle MOLOMA

Publié par Corbeaunews Centrafrique ) (CNC), le jeudi 5 mai 2022

 

Bangui (CNC) – Près de deux semaines après l’adoption et la promulgation de la loi autorisant la cryptomonnaie comme une monnaie légale en République centrafricaine, les centrafricains se demandent de plus en plus pour quel intérêt  pour la République centrafricaine d’avoir cette loi.

Le député de Bimbo3 Joseph Bendounga interviewé par les journalistes après le vote de la politique générale du gouvernement
Le député de Bimbo3 Joseph Bendounga interviewé par les journalistes après le vote de la politique générale du gouvernement. Photo CNC

 

Anicet Georges Dologuelé

 

Pour l’opposant Anicet Georges Dologuelé, ancien premier ministre et ancien directeur général de la banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), le problème de la République centrafricaine est que c’est un pays pauvre. L’un des pays les plus pauvres au monde.

« Nous avons très peu de ressources en terme d’État. Nous avons très peu d’hommes d’affaires. Et donc ceux qui viennent chez nous  pour faire des affaires, soit dans les ressources naturelles, soit dans le commerce général, notre intérêt  est qu’ils fassent ces affaires  de manière publique, organisées, et que le trésor puisse prendre  ce qui lui est du. C’est-à-dire les taxes liées à cette activité. Mais il faut que ça soit transparent pour que les affaires profitent au pays et aux centrafricains. Mais si vous créez  une situation, où l’opérateur  sait qu’il peut utiliser un canal  qui échappe à l’État pour faire ses trafics en Centrafrique, ça veut dire que nous serons de plus en plus pauvre, et ceux qui viennent chez nous serons de plus en plus riche », déclare l’opposant Anicet Georges Dologuelé.

 

Joseph Bendounga

 

Justement, sur la question de transparence, le député Joseph Bendounga considère pour lui qu’avec le bitcoin,   c’est l’économie centrafricaine qui sera saignée  à blanc.

« L’État a le droit de regard   Sur tout ce qui se passe sur toute l’étendue de son territoire. Avec la monnaie virtuelle,  la République centrafricaine n’a pas la possibilité de taxer, de contrôler, et pour le cas spécifique  en République centrafricaine, nous n’avons pas une bourgeoisie nationale.  Tous les grands opérateurs économiques sont des étrangers. Vous savez que les libanais,  partout dans le monde, à la fin de chaque année, drainent leurs richesses du monde vers le Liban. Avec le bitcoin, ça sera un grand boulevard. C’est l’économie centrafricaine qui sera saignée à blanc, et in fine,  la faillite de l’État centrafricain », s’insurge le député Joseph Bendounga. .

 

Martin Ziguelé

 

Pour l’opposant Martin Ziguelé, ancien premier ministre, ancien Directeur national de la banque des États de l’Afrique centrale (BEAC),  il n’y a aucun dispositif  d’assurance dans cette loi.  Pour lui, il faut que l’ensemble des risques auxquels peut être soumis l’épargnant soient sériés, listés, et comme font les écoliers, il faut cocher chaque case de sécurité pour que l’épargnant ne perde pas au risque.

« L’État est là pour protéger  le citoyen. Aucune mesure de protection est faite dans cette loi », affirme le député Martin Ziguelé. D’après lui, c’est exactement  comme quelqu’un qu’on « largue  en parachute,  et Dieu seul sait ce qui va se passer  pendant le moment où vous êtes la sortie de l’avion en parachute libre  et le moment où vous atterrissez ».

Pour les autorités du pays, l’adoption de la cryptomonnaie dans le pays est une opportunité supplémentaire pour l’économie centrafricaine.

 

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