Au Kenya, le mystère du passager clandestin tombé du ciel

Publié le 17 novembre 2019 , 3:14
Mis à jour le: 16 novembre 2019 10:14 pm

Bangui (République centrafricaine ) – 16 nov. 2019 22:14

Une enquête menée cette semaine par la radio britannique Sky News semble avoir confirmé l’identité du passager clandestin, qui se serait caché dans le train d’atterrissage de l’avion. Mais l’enquête suscite des zones d’ombre.

Selon Sky News, le passager s’appelle Paul Manyasi et travaillait pour une société de services de nettoyage employée par l’aéroport international Jomo Kenyatta, à Nairobi, la capitale kényane. Les autorités kényanes contestent l’enquête de Sky News et soutiennent que l’homme dont parle la radio britannique n’est pas le passager mortellement tombé de l’avion de Kenya Airways. L’administration pénitentiaire kényane a déclaré à la BBC que l’homme se trouvant sur les photos de Sky News s’appelle Cedric Shivonje Isaac et est encore en vie. Il est en prison depuis trois mois pour une infraction pénale qui n’a aucun lien avec l’accident du passager tombé de l’avion. Le porte-parole du gouvernement kényan, Cyrus Oguna, a parlé de “fausses nouvelles”, concernant l’enquête de Sky News. “Nous sommes en train de mener une enquête, et je peux dire que votre enquête correspond à ce qu’on appelle les fausses nouvelles. (…) Vous pouvez constater que c’est clairement quelqu’un de différent. Laissez donc nos enquêteurs faire leur travail”, a déclaré un porte-parole du gouvernement kényan, le colonel Oguna. Les commentaires du porte-parole du gouvernement semblent confirmer la déclaration de l’homme qui avait initialement dit à Sky News que Paul Manyasi était son fils. Mais cet homme s’est rétracté, affirmant qu’il ne connaît personne qui s’appelle comme tel et insiste sur le fait que son fils Cedric est encore vivant. Cedric Shivonje ou Paul Manyasi ? La BBC a corroboré ces informations et a appris que les enquêteurs ont maintenant interrogé à la fois Cedric – en prison – et sa famille, alors qu’ils tentent d’établir quels liens, le cas échéant, ce dernier aurait eus avec l’individu dont parle Sky News et l’incident du passager clandestin. Quant à la question de savoir qui est Paul Manyasi, nous n’en savons pas plus que ce que rapporte Sky News – ce qui est contesté par les autorités kényanes. La KAA, l’autorité publique chargée des aéroports et Colnet, la société de nettoyage pour laquelle aurait travaillé le passager clandestin, qu’elles ne connaissent aucune personne répondant à ce nom. Un badge n’a jamais été délivré à un Paul Manyasi, selon la KAA et Colnet. Le passager clandestin n’est donc pas encore identifié. S’agit-il d’une affaire classée ou d’un camouflage ? Avant la diffusion de l’enquête de Sky News, les autorités kényanes étaient largement muettes sur le dossier, parlant d’une “enquête en cours”. La BBC a tenté d’interroger diverses agences de sécurité sur la question, mais elles ont préféré ne faire “aucun commentaire”. Une équipe de sécurité multisectorielle dirige les enquêtes, mais peu de choses ont été faites, selon la BBC. Il n’y a aucune réponse à la question de savoir quel moyen le passager clandestin a accédé à la zone de haute sécurité de l’aéroport. La KAA et la police ont refusé de confirmer si tout le personnel de l’aéroport et tous les employés des entreprises travaillant avec les services aéroportuaires sont identifiés ou pas. Si tout le personnel a été identifié, cela pourrait signifier qu’un étranger a peut-être facilement déjoué le contrôle de sécurité pour monter dans l’avion. Si tel est le cas, il est embarrassant pour un pays qui vient d’être classé dans la catégorie 1 – le plus haut niveau de sécurité – de ne pas respecter les mesures de sécurité exigées pour les vols en direction des États-Unis. La police britannique a également confirmé qu’elle partageait les empreintes digitales prélevées sur le corps du passager clandestin avec son homologue kényane, une collaboration qui n’a jusqu’à présent pas porté ses fruits. C’est surprenant, étant donné que tous les Kényans âgés de 18 ans au moins doivent faire prendre leurs empreintes digitales avant de se voir délivrer une carte d’identité. Des questions sans réponse de Kenya Airways Si c’est le cas, cela pourrait s’avérer une énorme gaffe pour la compagnie aérienne, qui s’acharne à retrouver sa rentabilité après les pertes cumulées pendant des années. Si les autorités américaines estiment qu’il existe des manquements dans l’enquête menée au Kenya, la note de sécurité de ce pays d’Afrique de l’Est ne devrait plus lui permettre d’ouvrir de nouvelles routes vers les Etats-Unis ou de coopérer avec les transporteurs américains.

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