Assassinat du chef rebelle Zakaria Damane, allié du pouvoir, le gouvernement se dit compatir à la douleur de la famille

Publié le 15 février 2022 , 7:08
Mis à jour le: 16 février 2022 12:13 am

 

Bangui, 16 février 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Si cela  n’est pas une moquerie, cela y ressemble parfaitement. Comme tout le monde le sait, l’assassinat du chef rebelle Zakaria Damane, allié du pouvoir, par les mercenaires russes, forces alliées du pouvoir, est un fait purement réfléchi et programmé.  Mais pour le gouvernement, c’est un incident survenu entre deux alliés du pouvoir, et donc il faut connaître les circonstances réelles avant de porter des accusations inutiles. C’est un malheur, et le gouvernement tient à compatir à la douleur de la famille.

 

jean willybiro sako
jean willybiro sako. Photo RFI

 

Ultimatum de Wagner, un rappel

Rappelez-vous, en septembre 2021, le ministre d’État Jean-Willybiro Sako, chargé du désarmement, avait conduit, du lundi à mercredi  15 septembre 2021, une délégation ministérielle à Bria, capitale provinciale de la Haute-Kotto. L’objectif, selon le ministre d’État, s’entretenir et parler de paix avec les responsables des ex-rebelles désarmés, avec la société civile,  la jeunesse locale ainsi que les différentes entités présentes dans la ville. Mais lors de ces différentes rencontres, Monsieur Willybiro avait prévenu les participants :

« Il y’aura une grande opération de ratissage à venir. Tenez-vous bien! Si vous faites la tête, c’est vous qui verrez les conséquences. Je tiens à vous prévenir. Ce n’est pas la responsabilité du gouvernement ou du chef d’État », avait déclaré le ministre d’État Jean-Willybiro Sako lors de sa réunion avec les ex-rebelles, à la société civile  et aux associations de la jeunesse locale.

 

Inquiétude des rebelles désarmés

Mais les responsables des ex-rebelles lui demandent pourquoi on leur a demandé de faire le désarmement,  et par la suite on leur a dit encore qu’ils ne sont plus en sécurité ?

« Donc cela veut dire que nous ne sommes pas en sécurité en ce moment  malgré que nous nous sommes désarmés ? », lui demande un responsable des ex-rebelles.

Dans sa réponse, le ministre d’État a pris le soin de préciser qu’en ce moment, ce sont les Russes qui dirigent le pays. Et ce sont eux qui décident, ce n’est pas leur responsabilité. Aussitôt, le silence plane dans la salle.  Les participants se disent  que ce n’est pas le message que la population attend du gouvernement.

« Dire que ce sont des Russes, des étrangers  qui dirigent le pays n’est pas digne d’un homme d’État. C’est une manière de fuir sa responsabilité. Le gouvernement veut nous faire savoir qu’il y’aura un autre événement militaire à venir, et il ne sera pas tenu responsable des conséquences  », déclare un participant de la société civile.

 

Les massacres sont arrivés

 Voilà, c’est fait! Cinq mois après la déclaration du ministre Sacko, on assiste maintenant à de vastes opérations de ratissage dans la Haute-Kotto dont il avait annoncé.

Souvenez-vous, le 16 et 17 janvier 2022, au moins 87 personnes ont été massacrées, selon le bilan exact communiqué par un chef du groupe du village Yanga et Aïgbado. Et ce n’est pas tout! Le mercredi 9 février 2022, dans les villages Mouka, situé à 90 kilomètres de Bria sur l’axe Ouadda,  et  à Yangoudroudja, situé à 155 kilomètres de Bria sur l’axe Ndélé, au moins 90 personnes ont été massacrées. Comme si cela ne suffisait pas, le 12 février, le chef rebelle Zakaria Damane et les membres de sa famille ont été exécutés par les mercenaires russes au grand jour, en présence du public. Et si aujourd’hui, le gouvernement centrafricain, par la voix du ministre d’État au Désarmement Jean-Willybiro Sacko parle d’un incident qui a causé la mort du général Zakaria Damane, mais les centrafricains ont le droit de penser que c’est une vraie moquerie les propos du ministre.

Un incident ne peut jamais causer la mort d’une dizaine des personnes. C’est un assassinat pour ne pas dire un génocide et il faut que les auteurs déjà connus par le gouvernement soient traduits devant la justice pour être jugés ” répond un enseignant chercheur à l’université de Bangui.

 

Par Gisèle MOLOMA

Journaliste rédacteur

Alain Nzilo

Directeur de publications

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