Ali Darassa, on va te tuer! On va te tuer! Déclare le ministre conseiller à la présidence Fidèle Gouandjika

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Ali Darassa, on va te tuer! On va te tuer! Déclare le ministre conseiller à la présidence Fidèle Gouandjika

 

Le chef rebelle Ali Darassa et ses hommes dans la région du Mbomou, au sud de la République centrafricaine
Le chef rebelle Ali Darassa avec ses hommes dans la région du Mbomou

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Les menaces de mort proférées par Fidèle Gouandjika contre Ali Darassa dans une vidéo virale sur Facebook agitent la Centrafrique et menacent la fragile paix.

 

En avril dernier, un accord de cessez-le-feu signé à N’Djamena, au Tchad, entre le mouvement 3R et l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), dirigée par Ali Darassa, semblait promettre une désescalade dans le conflit centrafricain. Ce texte prévoyait un arrêt des combats, l’intégration de certains rebelles dans les forces armées nationales et, potentiellement, l’accès de leurs leaders ou proches à des postes de responsabilité dans le gouvernement ou l’administration publique. Une tentative de pacification ambitieuse, mais qui a immédiatement provoqué des oppositions au sein du pouvoir, notamment de la part de Fidèle Gouandjika, ministre conseiller à la présidence et proche du président Faustin-Archange Touadéra.

 

Dans une vidéo diffusée en direct sur son compte Facebook, relayée massivement, Gouandjika a tenu des propos d’une rare virulence. « Touadéra, non ! Pas avec Ali Darassa ! Les Centrafricains ne veulent pas de Darassa ! », a-t-il répété avec force. Il reproche au chef de l’UPC d’être responsable de nombreux crimes contre la population. « S’il vient ici, on va le tuer ! Soldats FACA, tuez-le ! », a-t-il lancé, incitant ouvertement à l’assassinat de Darassa. Ces déclarations, d’une gravité exceptionnelle pour un haut responsable, défient l’accord de paix signé sous l’égide tchadienne et exposent les fractures au sein de l’élite politique centrafricaine.

 

Ali Darassa, d’origine tchado-nigérienne, est une figure centrale du conflit. Arrivé en Centrafrique au sein de la coalition Séléka, il crée l’UPC en 2014 après la dissolution de ce mouvement. Son groupe est accusé par des organisations internationales, y compris l’ONU, de multiples exactions : meurtres, viols, pillages et déplacements forcés. En 2021, le Trésor américain a imposé des sanctions contre lui, l’accusant d’« abus graves des droits humains », notamment pour l’attaque de 2018 contre un camp de déplacés à Alindao, qui a tué au moins 112 personnes. Pour Gouandjika, cet accord avec Darassa équivaut à une « trahison » du peuple centrafricain, un mot chargé qui semble viser indirectement le président Touadéra, accusé implicitement de compromission.

 

L’intégration d’anciens rebelles dans les sphères du pouvoir n’est pas nouvelle, mais elle reste controversée. Le cas de Hassan Bouba, ministre de l’Élevage et de la Santé animale, en est un exemple. Ancien cadre de l’UPC, Bouba a été arrêté en 2021 par la Cour pénale spéciale pour son implication présumée dans le massacre d’Alindao. Libéré dans des circonstances opaques, avec la possible intervention de mercenaires russes de Wagner, il siège aujourd’hui au gouvernement, malgré une maîtrise limitée du français et de sango, langue nationale. Sa présence au conseil des ministres, comme celle d’autres ex-rebelles, alimente un sentiment d’injustice et de méfiance parmi la population et certaines élites.

 

Les propos de Gouandjika interrogent également le rôle de la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA). Chargée de promouvoir la paix et la cohésion sociale, elle n’a pas réagi publiquement à cette incitation à la violence formulée par un ministre. Ce silence renforce l’impression que les institutions internationales peinent à influencer les dynamiques nationale. Dans un pays où les tensions ethniques et religieuses, souvent exploitées par les groupes armés, restent vives, de telles déclarations risquent d’attiser les violences, particulièrement dans les zones d’influence de l’UPC, comme la Ouaka, Basse-Kotto ,  ou le Mbomou.

 

L’accord de N’Djamena, conçu pour stabiliser la Centrafrique, se heurte ainsi à des résistances internes et à un climat de défiance généralisé. Les paroles de Gouandjika révèlent un malaise profond : celui d’un pays où la réconciliation bute sur les cicatrices du passé et les compromis du présent. À l’approche des élections locales et présidentielle de 2025, cette polémique pourrait redoubler les tensions et fragiliser un État déjà en proie à de multiples crises.

 

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