Ouadda-Maïkaga : le chef du détachement des FACA continue de terroriser la population comme un chef rebelle

Rédigé le 08 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
À Ouadda-Maïkaga, dans la préfecture de la Haute-Kotto, le chef du détachement des Forces armées centrafricaines se comporte exactement comme les chefs rebelles que l’armée est censée combattre. Il impose sa loi par la violence, le racket et le pillage.
Chaque semaine, ce commandant exige des commerçants du marché une cotisation collective de 200 000 francs CFA. Il justifie cette extorsion par l’absence du versement de primes globale d’alimentation pour ses éléments par l’État-major. Tous les commerçants doivent payer, sans exception. Ceux qui refusent ou qui n’ont pas les moyens s’exposent aux conséquences graves.
Ce système de racket organisé transforme les militaires censés protéger la population en prédateurs qui vivent sur son dos. Au lieu de recevoir leurs primes de l’État, ils se servent directement dans les poches des commerçants qui peinent déjà à survivre.
Rappelons – le, il y’a quelques semaines, le commandant avait également envoyé ses hommes dans la brousse pour abattre des dizaines des bœufs appartenant aux éleveurs. Ces vols de bétail rappellent les méthodes des groupes armés de l’UPC qui pillent les troupeaux pour se nourrir ou les revendre. La différence, c’est que ces vols sont commis par l’armée nationale, pas par des rebelles.
Et ce n’est pas tout! Dans cette même sous-préfecture, le chef du détachement exerce une pression particulière sur la famille de Zakaria Damane, ancien premier chef rebelle centrafricain qui avait déposé les armes avant d’être tué par des mercenaires russes à la sortie de Ouadda en 2022. Pourtant, malgré ces faits, ses proches continuent de subir des pressions alors qu’ils n’ont commis aucun crime. L’un d’eux, un jeune de 35 ans nommé Djouma, a été accusé sans preuve d’être rebelle. Face aux menaces, il a dû fuir dans la brousse pour sauver sa vie. Après son départ, le chef militaire a saccagé sa maison et emporté tout dans sa maison.
Pour renforcer son emprise, le commandant recrute des jeunes qu’il utilise comme informateurs. Ces derniers lui fournissent des renseignements souvent orientés qui servent à justifier des arrestations arbitraires. La semaine dernière, trois jeunes de Ouadda-Maïkaga ont été arrêtés, battus et dépouillés de leurs téléphones portables.
Le chef du détachement ne s’arrêt pourtant pas là! Il a également pillé des boutiques et des dépôts au marché, emportant notamment des sacs de café qu’il revend pour son compte personnel. Ces actes de banditisme en uniforme détruisent l’économie de la ville et ruinent les petits commerçants.
Des cas de violences familiales sont aussi signalés. Des habitants ont été passés à tabac. Plus grave encore, une fillette de moins de 15 ans a été violée par ce criminel en arme. La fillette est actuellement enceinte.
À Ouadda-Maïkaga, la population vit maintenant sous la terreur d’un commandement militaire qui impose son autorité par la prédation. Les habitants ne savent plus vers qui se tourner. L’armée qui devrait les protéger est devenue leur bourreau.
Le comportement de ce commandant ressemble trait pour trait à celui des chefs rebelles. Racket méthodique de la population, vol de bétail, pillage des commerces, arrestations arbitraires, violences contre les civils, viol des fillettes : tous les éléments caractéristiques du banditisme armé sont présents.
La seule différence est que ces crimes sont commis par des soldats de l’armée nationale portant l’uniforme FACA. Cette différence devrait normalement rendre ces actes encore plus graves puisqu’ils trahissent la mission même de l’armée. Mais en République centrafricaine actuelle, porter l’uniforme FACA semble garantir l’impunité plutôt qu’imposer la discipline.
Cette dérive n’est malheureusement pas unique à Ouadda-Maïkaga. Dans plusieurs localités du pays, des soldats FACA se comportent comme des occupants plutôt que comme des protecteurs. Ils rackettent, pillent, violent, tuent parfois, sans que leur hiérarchie ne les sanctionne.
Cette impunité détruit la confiance entre la population et son armée. Comment les habitants d’Ouadda-Maïkaga peuvent-ils faire confiance aux FACA quand leur chef local se comporte comme un bandit ? Comment peuvent-ils dénoncer les groupes armés quand l’armée nationale commet les mêmes exactions ?
Le cas de ce commandant devrait normalement conduire à une enquête rapide, à sa révocation immédiate, et à son jugement devant un tribunal militaire. Ses hommes impliqués dans les pillages et les violences devraient également être sanctionnés. Les victimes devraient recevoir des réparations pour leurs pertes.
Mais l’expérience nous enseigne le scepticisme. Combien de commandants FACA ont déjà été sanctionnés pour des comportements similaires ? Combien de soldats ont été traduits devant la justice militaire pour avoir pillé et violenté des civils ? La réponse est probablement proche de zéro.
Cette impunité encourage la reproduction des exactions. Quand un commandant voit qu’il peut racketter, piller et terroriser une population sans conséquence, il continue et peut-être même intensifie ses pratiques. Quand ses soldats constatent que leur chef agit ainsi en toute impunité, ils se sentent autorisés à faire de même.
Le ministre de la Défense et le chef d’état-major des armées portent la responsabilité de cette situation. C’est à eux de faire respecter la discipline dans les rangs, de sanctionner les officiers corrompus, et de protéger les populations civiles contre les exactions de soldats indisciplinés.
Mais dans un pays où les mercenaires russes massacrent des civils sans que personne ne les inquiète, où les groupes armés pillent librement après avoir signé des accords de paix, où la corruption gangrène tous les niveaux de l’administration, peut-on vraiment espérer que les autorités militaires sanctionnent un simple chef de détachement ?
Les habitants d’Ouadda-Maïkaga se retrouvent pris au piège. Ils ne peuvent pas fuir car ils perdraient tout. Ils ne peuvent pas se plaindre car le commandant contrôle la localité. Ils ne peuvent pas résister car ils seraient immédiatement accusés de complicité avec les rebelles et subiraient des représailles encore plus graves.
Cette situation d’impuissance totale face à un pouvoir militaire prédateur constitue une négation de tous les droits des citoyens. Dans un État de droit, les forces de sécurité protègent la population. À Ouadda-Maïkaga, elles la terrorisent.
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