dimanche, novembre 24, 2024
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Le système éducatif centrafricain à la dérive : racket généralisé et niveau alarmant au lycée de Gbaloko

Le système éducatif centrafricain à la dérive : racket généralisé et niveau alarmant au lycée de Gbaloko

 

Lycée de Fatima à Bangui. Copyright radio Guira Lycee-de-Fatima-a-Bangui.-CopyrightGuirafm Crise éducative à Bangui: les élèves du lycée de Fatima face à des conditions désastreuses
Lycée de Fatima de Bangui

 

Bangui, CNC. Dans les établissements publics centrafricains, de Bangui aux provinces, le système éducatif centrafricain expose quotidiennement sa déliquescence. À seulement 16 kilomètres de la capitale, le lycée de Gbaloko révèle une pratique devenue systémique : les élèves doivent débourser 100 francs CFA pour participer aux cours d’éducation physique et sportive (EPS), une extorsion qui se répète dans tous les grands établissements de Bangui.

 

Un racket institutionnalisé dans le système éducatif centrafricain

 

Du lycée de Gobongo au lycée de Fatima, en passant par le lycée technique ou Boganda, Miskine, Caron ou ailleurs, , les témoignages recueillis par la rédaction du CNC révèlent un système de taxation parallèle bien rodé. Cette pratique est devenue monnaie courante. Par exemple au lycée de Gbaloko au PK16 de Bangui sur la route de Boali, c’est même devenu alarmant :

« Avec six enfants scolarisés, je dois payer 600 francs CFA uniquement pour les cours d’EPS. Sans compter les autres frais imposés par les professeurs. C’est devenu impossible pour nous », déplore un parent d’élève du lycée de Gbaloko.

 

Plus inquiétant encore, ce phénomène touche toutes les matières du système éducatif centrafricain. Pour l’économie familiale par exemple, au lycée de Gbaloko, les élèves sont contraints de verser parfois entre 500 et 1000 francs CFA. Même la participation aux devoirs est conditionnée au paiement de sommes variant de 100 à 300 francs CFA pour l’achat supposé de copies d’examen, et ce, c’est pratiquement partout dans les établissements scolaires du pays.

 

Un effondrement généralisé du niveau académique : des enseignants aux élèves

 

Dans le quatrième arrondissement de Bangui, le lycée de Gobongo présente les mêmes symptômes que ses homologues du système éducatif centrafricain. Le niveau des enseignants atteint des abysses inquiétant. Au lycée de Gbaloko, un professeur de mathématiques écrit “TEDE” pour “TD” (Travaux Dirigés), révélant des lacunes fondamentales chez les éducateurs eux-mêmes. Cette situation n’est pas isolée mais reflète un problème systémique qui touche l’ensemble des établissements de la capitale.

 

Une autorité de tutelle en plein déni

 

Pendant que les familles s’appauvrissent et que le niveau s’effondre, le ministère de l’Éducation nationale, dirigé depuis 10 mois par un nouveau ministre d’État, vante une prétendue “montée en puissance” du système éducatif. Une communication qui frôle la sorcellerie, où les établissements comme le lycée de Fatima et le lycée technique perpétuent ces pratiques prédatrices depuis des années.

 

La faillite du contrôle

 

L’absence totale de réaction des inspecteurs pédagogiques et des proviseurs face à ces dérives du système éducatif centrafricain  pose question. Cette inertie des organes de contrôle, observée dans tous les établissements de Bangui, suggère soit une complicité tacite, soit une démission pure et simple de l’autorité publique.

 

La capitale centrafricaine, censée représenter une vitrine du système éducatif centrafricain, expose ainsi l’ampleur de la déliquescence de l’école publique. Ce système de racket, parfaitement rodé et généralisé dans tous les grands établissements de Bangui, prospère sous le regard complice des autorités éducatives qui persistent à nier l’évidence.

 

Dans ce contexte, les promesses ministérielles résonnent comme une provocation des sorciers ou des franc-maçon pour les milliers de familles prises en otage par un système éducatif centrafricain  qui a abandonné sa mission d’éducation au profit d’une logique mercantile. Le sort des élèves des lycées de Bangui n’est que la partie visible d’un désastre éducatif national qui hypothèque l’avenir de toute une génération.

 

Sans une intervention urgente et une refonte complète du système de contrôle, l’école publique centrafricaine continuera sa descente aux enfers, sacrifiant au passage les espoirs d’une jeunesse déjà durement éprouvée par des années de crise.

 

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