Affaire Yandocka, le procureur Benoit Narcisse Foukpio dos au mur
Bangui, CNC. L’arrestation de l’opposant Dominique Éphrem Yandocka plonge la justice centrafricaine dans l’embarras. Neuf mois après son incarcération, le dossier du député reste vide, mettant le procureur de la République, Benoit Narcisse Foukpio, dans une situation délicate.
Une arrestation controversée, et le procureur Benoit Narcisse Foukpio à la dérive.
Le 17 décembre 2023 à 4 heures du matin, Dominique Éphrem Yandocka, président du parti ITA, est arrêté à son domicile du quartier Fouh dans le 4e arrondissement de Bangui. Le député est accusé de tentative de coup d’État et immédiatement placé en détention au camp de Roux. Pour justifier cette arrestation sans la levée de son immunité parlementaire au préalable, le procureur Benoit Narcisse Foukpio évoque une “enquête en flagrance”.
Un dossier vide qui embarrasse le procureur Benoit Narcisse Foukpio .
Neuf mois plus tard, le député croupit toujours en prison sans avoir été jugé. Son état de santé s’est dégradé, le contraignant à l’infirmerie. Pendant ce temps, le dossier du procureur Benoit Narcisse Foukpio reste désespérément vide. “Le juge d’instruction n’a même pas de dossier, rien pour monter l’affaire”, confie une source proche du dossier. Le procureur Benoit Narcisse Foukpio lui-même se retrouve incapable de rassembler des preuves tangibles.
Des incohérences juridiques flagrantes.
L’accusation repose uniquement sur un enregistrement audio du député, censé prouver des achats d’armes et le recrutement des mercenaires étrangers. Or, comme le souligne un juriste, “un simple enregistrement ne constitue en aucun cas un flagrant délit”. La notion même de flagrance est remise en question, puisqu’aucun fait concret n’a été constaté. De plus, l’immunité parlementaire de Yandocka n’a toujours pas été levée, rendant sa détention très très illégale.
Le Procureur Benoit Narcisse Foukpio aux abois.
Désemparé, le procureur Benoit Narcisse Foukpio en est réduit à quémander des preuves auprès du gouvernement et du président Kongoboro . “Il demande au gouvernement de lui fournir des éléments pour étayer l’accusation“, révèle à CNC un magistrat proche du dossier. Cette situation ubuesque prouve pour la nième fois les dysfonctionnements criants de la justice centrafricaine.
Un deux poids, deux mesures qui interroge.
Le contraste est saisissant avec d’autres affaires récentes. Trois suspects arrêtés pour trafic de faux billets ont été jugés et condamnés en un temps record. De même, deux Franco-Algériens interpellés par des milices de la garde présidentielle ont écopé rapidement de deux ans de prison. Ces procédures expéditives tranchent avec l’enlisement de l’affaire Yandocka.
Une justice aux ordres.
Cette affaire pousse les centrafricains à s’interroger sur l’indépendance de la justice dans leur pays. Le procureur semble incapable d’assumer ses responsabilités sans l’aval du pouvoir politique. “On prend des bras cassés pour les mettre à des postes clés et ils sont incapables de respecter la loi”, s’indigne un avocat centrafricain sous couvert d’anonymat.
L’affaire Yandocka révèle au grand jour les failles béantes d’un système judiciaire à la botte du pouvoir. Instrumentalisée à des fins politiques, la justice centrafricaine perd toute crédibilité. Le procureur, pris à son propre piège, se retrouve dans l’impasse. Seule une réforme en profondeur pourrait restaurer l’État de droit dans un pays miné par l’arbitraire.
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