Élections municipales en Centrafrique : un report suspect
Les élections municipales initialement prévues en octobre 2024 en Centrafrique ont été repoussées à avril 2025, selon les récentes annonces de l’Autorité nationale des élections (ANE). Derrière ce report se cachent des enjeux bien plus complexes que de simples ajustements logistiques. Nombreux sont ceux qui y voient une manœuvre calculée du gouvernement pour maintenir sa mainmise sur le pouvoir, au mépris des principes démocratiques et des attentes du peuple centrafricain.
Bangui, 22 août 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Une démocratie sous perfusion.
Depuis plus de quatre décennies, la Centrafrique n’a pas organisé de véritables élections municipales. Le pouvoir en place a pris l’habitude de nommer les maires, contournant ainsi la volonté populaire. Aujourd’hui, les autorités tentent de relancer ce processus électoral, mais beaucoup y voient une simple opération de communication visant à masquer un manque de volonté réelle de réformer le système politique du pays.
Une constitution contestée et imposée.
Le socle de ces élections reportées est une nouvelle constitution, adoptée dans l’opacité la plus totale. Cette loi fondamentale, imposée par un référendum dont la légitimité est largement contestée, a été décriée par l’opposition comme par la société civile. Le limogeage de la présidente de la Cour constitutionnelle, Danielle Darlan, après son opposition à cette constitution, n’a fait qu’accentuer les doutes sur l’intention réelle du pouvoir en place. Le faible taux de participation au référendum confirme le rejet populaire de ce texte.
Un boycott unanime de l’opposition.
En réaction, l’opposition politique a décidé de boycotter ce qu’elle qualifie de “faux-semblant électoral”. Ses leaders réclament un retour à la constitution de 2016, seule base légale, selon eux, pour organiser des élections transparentes et équitables. Le gouvernement, cependant, reste sourd à ces demandes, préférant avancer coûte que coûte, malgré les risques d’isolement accru sur la scène internationale.
Une communauté internationale silencieuse.
Le rôle de la communauté internationale dans cette situation provoque également des interrogations. Au lieu de dénoncer un processus entaché d’irrégularités, certains partenaires, la MINUSCA en tête, semblent faire preuve d’une complaisance coupable, privilégiant la stabilité à court terme à la défense des principes démocratiques. Cette attitude est perçue comme une trahison par une partie de la société civile, qui attend un soutien clair et sans ambiguïté aux aspirations démocratiques du peuple centrafricain.
Un coût économique et social lourd
Ce report soulève également des questions sur les priorités du gouvernement, alors que le pays fait face à des défis économiques et humanitaires majeurs. Les ressources consacrées à ces élections pourraient être mieux utilisées pour répondre aux besoins urgents de la population. En repoussant ces élections, le pouvoir espère peut-être gagner du temps, mais cette stratégie risque de plonger la Centrafrique dans une instabilité encore plus grande, avec des conséquences imprévisibles pour son avenir.
Ce report des élections municipales n’est pas simplement une question de calendrier, mais le reflet d’une crise politique profonde qui ne cesse de s’aggraver. La Centrafrique se trouve à un tournant crucial, et les choix qui seront faits dans les mois à venir détermineront l’avenir du pays.
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