Variole du singe : La population de Bangui paralysée par la peur et la désinformation
Depuis l’annonce de l’épidémie de variole du singe dans la capitale Bangui, la psychose s’est installée parmi la population, en particulier concernant la consommation de viande de brousse. Des rumeurs infondées et la peur de contracter la maladie perturbent la vie quotidienne et l’économie sur les marchés, notamment sur les marchés où les commerçants peinent à écouler leurs produits.
Bangui, 13 août 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Variole du singe : la viande de brousse au cœur des inquiétudes.
La viande de brousse, une source essentielle de protéines pour de nombreuses familles en Centrafrique, est aujourd’hui au centre des débats. Alors que le ministère de la Santé publique tente de rassurer les citoyens, beaucoup restent sceptiques, alimentés par des rumeurs persistantes sur les dangers liés à la consommation de gibier.
Vanessa, une vendeuse du marché de Boy-Rabe, témoigne des difficultés auxquelles elle est confrontée : « Depuis que cette maladie est annoncée, mes ventes ont chuté. Une de mes clientes régulières m’a raconté que sa famille a refusé de manger la viande de brousse qu’elle leur a apportée, après avoir entendu parler de la variole du singe. Je demande aux autorités de nous donner des informations claires pour que nous puissions rassurer nos clients».
Variole du singe : la peur s’installe dans les foyers.
La panique ne se limite pas aux marchés. Dans les quartiers de Bangui, de nombreuses familles ont décidé de bannir la viande de brousse de leur alimentation, par crainte de la maladie. À Galabadja, une femme au foyer explique sa décision : « Avec ma famille, on mange de la viande de brousse de temps en temps, mais depuis que j’ai entendu parler de la variole du singe, j’ai refusé d’en préparer. La sécurité de ma famille passe avant tout».
Bernard, père de famille, exprime également son désarroi : « Je mange de la viande de brousse au moins deux fois par semaine, mais depuis qu’on a appris l’existence de cette maladie, j’ai complètement changé mes habitudes. Cela affecte notre quotidien, et nous vivons dans la peur».
Réponse du ministère de la Santé.
Face à cette situation, le Docteur Pierre Somsé, ministre de la Santé publique, a pris la parole pour tenter de dissiper les inquiétudes : « Lorsque vous achetez de la viande de brousse, il est crucial de suivre des précautions. La viande doit être manipulée avec soin et cuite correctement. Nous n’avons jamais dit qu’il ne faut pas consommer de gibier, mais il est impératif de respecter les mesures sanitaires de base pour éviter tout risque».
Il a ajouté que le ministère a mis en place un plan de riposte pour contrer l’épidémie et intensifie les campagnes de sensibilisation : « Le département de la Santé travaille activement à informer la population. Nous devons nous assurer que les gens reçoivent des informations exactes pour ne pas céder à la panique».
L’impact économique de la désinformation.
Au-delà de la santé publique, cette crise a des répercussions économiques significatives. Les commerçants, déjà affectés par l’instabilité du pays, voient leurs revenus diminuer à cause de la méfiance des consommateurs. Vanessa, au marché de Boy-Rabe, n’est pas la seule à déplorer la situation : « Nous avons besoin que le gouvernement nous soutienne en fournissant des informations fiables. Sinon, nos moyens de subsistance sont menacés».
La situation reste précaire. La diffusion d’informations claires et fiables est essentielle pour apaiser les tensions et permettre à la population de retrouver un semblant de normalité. Le ministère de la Santé est sous pression pour intensifier ses efforts de communication et éviter que la peur ne continue de paralyser Bangui.
Sans une action rapide, la panique liée à la variole du singe risque de laisser des séquelles durables sur l’économie centrafricaine et le quotidien des Centrafricains.
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