Reconstruire Bambouti : Le défi titanesque de la MINUSCA face à l’apathie des autorités centrafricaines
La ville de Bambouti, située dans la préfecture du Haut-Mbomou, au sud-est de la République centrafricaine, connaît enfin un regain d’attention après des années d’isolement. Une délégation composée du ministre résident du Haut-Mbomou, Marcel Dimassé, et de la chef de la MINUSCA, Valentine Rugwabiza, accompagnée d’organismes des Nations unies tels que le PAM et l’UNESCO, s’est rendue sur place samedi dernier pour évaluer la situation et apporter une assistance à la population.
Bangui, 19 juillet 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
La MINUSCA joue un rôle capital dans le désenclavement de Bambouti. Des ingénieurs pakistanais de la mission onusienne s’attellent actuellement à la construction d’une nouvelle route reliant Obo à Bambouti, mettant fin à des années d’isolement. Jusqu’à présent, la ville n’était accessible que par hélicoptère ou en passant par le Soudan du Sud.
L’accès à l’eau potable est l’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les quelque 2000 habitants de Bambouti. La délégation a pu constater que la population dépend d’une source d’eau insalubre, responsable de nombreuses maladies. Pour remédier à cette situation, la MINUSCA a lancé des travaux de construction de trois forages et prévoit de creuser des puits supplémentaires.
La visite a également été marquée par la pose de la première pierre de la future mairie de Bambouti, un autre projet soutenu par la MINUSCA.
Cependant, derrière ces avancées, se cache une réalité plus sombre qui soulève des questions sur l’engagement réel des autorités locales et nationales.
Le comportement du maire de Bambouti, Anne-Marie Siokani, lors de cette visite est particulièrement interpellant. Au lieu de saisir cette occasion pour remercier vivement la MINUSCA pour ses efforts considérables, elle s’est contentée de rappeler les événements tragiques qui ont frappé la ville, notamment les attaques rebelles de 2002, 2008 et 2020. Plus troublant encore, elle a choisi de consacrer son temps à envoyer un message énigmatique au président de la République via le ministre, lui demandant de “ne plus reculer”.
Cette déclaration soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Sur quoi exactement le Président ne devrait-il pas reculer ? S’agit-il de promesses non tenues envers Bambouti, ou cette requête concerne-t-elle des intérêts plus personnels, peut-être liés à sa propre nomination en tant que maire ? L’absence de contexte et de précisions rend ce message pour le moins ambigu.
Cette attitude du maire contraste fortement avec l’urgence de la situation à Bambouti et les efforts tangibles déployés par la MINUSCA. Elle révèle un manque de vision concrète pour l’avenir de la ville et une apparente déconnexion avec les besoins immédiats de la population.
Quant au ministre résident du Haut-Mbomou, Marcel Dimassé, sa promesse de “travailler ensemble” et de revenir dans “trois ou six mois” pour faire le bilan apparaît bien légère au regard des défis immenses auxquels Bambouti est confrontée. On peut légitimement s’interroger sur l’absence d’un plan d’action concret et immédiat de la part des autorités gouvernementales.
Il est frappant de constater que la quasi-totalité des progrès réalisés à Bambouti – qu’il s’agisse de la construction de la route, des forages, ou même de la mairie – sont le fait de la MINUSCA et non des autorités centrafricaines. Cette situation soulève des questions quant à la capacité et à la volonté du gouvernement de prendre en charge le développement de ses régions les plus reculées.
Le retour progressif de la population et de l’autorité de l’État à Bambouti est certes une bonne nouvelle, mais il ne doit pas occulter les années d’inaction qui ont précédé. Il est temps que les autorités locales et nationales prennent leurs responsabilités et cessent de se reposer entièrement sur la communauté internationale pour le développement de leur propre territoire.
La population de Bambouti mérite mieux que des promesses vagues et des visites ponctuelles. Elle a besoin d’un engagement fort et durable de ses élus et du gouvernement pour sortir définitivement de l’isolement et de la précarité. Il est grand temps que le maire et le ministre résident passent des paroles aux actes et élaborent une véritable stratégie de développement pour Bambouti, en coordination avec les efforts louables de la MINUSCA.
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Cliquez sur ce lien pour intégrer nos groupes WhatsApp :
Rappelons que dans les deux premiers groupes, seuls les administrateurs publient des contenus. Et c’est réservé uniquement aux articles du CNC.