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La pluie et l’or : le paradoxe agricole de Cantonnier

La pluie et l’or : le paradoxe agricole de Cantonnier

 

Cantonnier, ville centrafricaine à quelques mètres de la frontière du Cameroun. CopyrightCNC
Cantonnier, ville centrafricaine à quelques mètres de la frontière du Cameroun. CopyrightCNC

 

Dans la préfecture de la Nana-Mambéré, au nord-ouest de la République Centrafricaine, la ville frontalière de Cantonnier connaît une situation paradoxale. Alors que la pluie y tombe abondamment, parfois même deux fois par jour, l’agriculture locale est en déclin. Ce phénomène contraste fortement avec d’autres régions du pays, où les agriculteurs souffrent de la sécheresse.

 

Bangui, 18 juillet 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

À Cantonnier, les précipitations intenses ont des conséquences sur les infrastructures. Certains bâtiments mal construits s’effondrent, tandis que d’autres perdent leur toiture sous l’effet combiné du vent et de la pluie. Cependant, le véritable problème réside ailleurs.

 

Paradoxalement, cette abondance de pluie ne se traduit pas par une agriculture florissante. Au contraire, on observe une hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires. Les feuilles de manioc, par exemple, autrefois vendues 25 francs CFA, atteignent désormais 100 francs. Les petites bottes, quant à elles, se négocient entre 100 et 200 francs CFA.

 

La raison de cette situation ? L’attrait irrésistible des activités minières. Les jeunes et les agriculteurs traditionnels délaissent leurs champs pour se tourner vers l’exploitation minière, perçue comme plus lucrative. Résultat : de vastes étendues de terres fertiles restent en friche, recouvertes d’herbes sauvages.

 

Ce phénomène est particulièrement visible sur la route reliant Cantonnier à Baboua, où des hectares de forêts sauvages ont remplacé les cultures. L’impression qui s’en dégage est celle d’une région dépeuplée, en dépit de sa population bien réelle.

 

Le contraste est saisissant avec d’autres localités du pays. À Bangui, la capitale, et plus précisément dans le village Djabarona, situé à PK45 sur la route de Boali, les agriculteurs se plaignent amèrement du manque de pluie. Depuis près de deux mois, la sécheresse sévit, détruisant les récoltes de maïs et d’arachides.

 

Ainsi se dessine un tableau contrasté de l’agriculture centrafricaine : d’un côté, Cantonnier, où la pluie abonde mais où les agriculteurs manquent ; de l’autre, des régions où les cultivateurs sont prêts à travailler mais où l’eau se fait rare. Ce paradoxe souligne les défis complexes auxquels fait face le secteur agricole du pays, entre changement climatique et attrait des activités minières.

 

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