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Neuf ans après, la quête de justice et de réparation des victimes en République Centrafricaine

Neuf ans après, la quête de justice et de réparation des victimes en République Centrafricaine

 

L'ancienne Présidente de transition Madame Catherine Samba-Panza lors de la campagne de paix à Bangui
L’ancienne Présidente de transition Madame Catherine Samba-Panza lors de la campagne de paix à Bangui

 

 

Bangui, 06 mai 2024 (CNC)

La République Centrafricaine a célébré, le 11 mai 2024, la neuvième édition de la Journée nationale des victimes. Instaurée pendant la transition de 2015, cette journée vise à rendre hommage aux victimes des diverses crises militaro-politiques qui ont secoué le pays. Toutefois, malgré les intentions affichées, le chemin vers la réparation et la justice reste semé d’embûches. Le débat politique animé par la radio Ndékèluka sur le sujet a mis en lumière les nombreux défis encore à surmonter.

 

Le contexte historique de la Journée nationale des victimes…

 

La Journée nationale des victimes a été instituée le 11 mai 2015, lors du Forum de Bangui, une initiative de la transition dirigée par Catherine Samba-Panza. Cette journée vise à reconnaître les souffrances des victimes des conflits armés et à promouvoir la justice, la réparation et la réconciliation nationale. Neuf ans plus tard, la célébration de cette journée est marquée par des interrogations sur l’efficacité des mécanismes mis en place pour répondre aux besoins des victimes.

 

Les retards dans le processus de réparation…

 

Malgré les efforts pour instituer la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJR), les retards dans le processus de réparation sont flagrants. Hervé Sévérin Lidamon, coordonnateur national des organisations des victimes, en même temps créateur des victimes, a exprimé la frustration des victimes face à la lenteur de la CVJR. Cette commission, créée pour proposer des pistes de réparation, a vu ses travaux entravés par des problèmes internes et la dissolution de son bureau par un décret présidentiel, renforçant le manque de volonté politique apparente.

 

L’importance de la justice pour les victimes…

 

Pour les victimes, la justice est perçue comme un élément essentiel de leur réparation. Antoine Montaigne, ancienne ministre de la communication, a rappelé que la CVJR doit avant tout établir la vérité et la justice avant de proposer des mécanismes de réparation. Sans justice, il est difficile pour les victimes de tourner la page et de contribuer à la réconciliation nationale. Cependant, les lenteurs judiciaires et les interférences politiques compliquent la tâche.

 

Les obstacles à la gouvernance et à la paix durable…

 

La mauvaise gouvernance est souvent citée comme l’une des causes profondes des conflits en République Centrafricaine. Elysée Nguimalet, coordonnateur de l’observatoire pour la gouvernance en Centrafrique, a insisté sur la nécessité de réformer les institutions pour éviter de nouvelles crises. La corruption, la mauvaise gestion des ressources et l’absence de réformes structurelles empêchent la stabilisation du pays et la mise en œuvre effective des recommandations du Forum de Bangui.

 

Propositions pour un fonds d’indemnisation des victimes…

 

Joseph Bindoumi, président de la Ligue Centrafricaine des droits de l’homme, a proposé la création d’un fonds d’indemnisation des victimes. Ce fonds serait alimenté par des taxes sur certains produits de consommation courante, permettant ainsi de récolter des fonds substantiels pour assister les victimes. Cette initiative pourrait offrir une solution pragmatique et immédiate aux besoins des victimes en attendant la mise en place de mécanismes plus structurés.

 

L’urgence d’une politique publique de solidarité…

 

Pour répondre aux besoins urgents des victimes, une politique publique de solidarité est indispensable. Mme Montaigne a appelé à la mise en place de services publics dédiés dans chaque préfecture, afin que les victimes puissent être prises en charge localement. Cette approche décentralisée permettrait de mieux répondre aux besoins spécifiques des victimes et de faciliter leur accès aux services essentiels.

 

Le rôle des partenaires internationaux…

 

Les partenaires internationaux jouent un rôle crucial dans le soutien aux victimes et la stabilisation de la République Centrafricaine. Plusieurs organisations, dont l’ONU et l’Union Européenne, ont contribué au financement et à l’accompagnement technique de la CVJR. Toutefois, ces efforts doivent être coordonnés avec une volonté politique claire de la part du gouvernement centrafricain pour être véritablement efficaces.

 

Vers un mémorial pour les victimes…

 

Un mémorial dédié aux victimes des conflits en République Centrafricaine est une autre proposition discutée lors du débat. Ce mémorial servirait à préserver la mémoire des événements tragiques et à éduquer les générations futures sur les conséquences des conflits. Un tel projet nécessite une collaboration entre historiens, anthropologues et autres experts pour garantir une représentation fidèle et respectueuse des faits.

 

Le défi de la réconciliation nationale…

 

La réconciliation nationale ne peut être atteinte sans une reconnaissance officielle des souffrances des victimes et des mesures concrètes pour leur réparation. Les discussions lors du débat ont montré que la paix durable en République Centrafricaine dépend largement de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les recommandations du Forum de Bangui et à engager des réformes profondes. La participation active des victimes dans ce processus est cruciale pour assurer la légitimité et l’efficacité des mesures prises.

 

Les attentes des victimes…

 

Les attentes des victimes sont multiples et complexes. Elles demandent non seulement des réparations financières, mais aussi la reconnaissance de leur statut de victime et la justice pour les crimes commis. Le manque de progrès dans ces domaines alimente la frustration et le sentiment d’abandon. Une approche holistique, incluant la justice, la réparation et la réconciliation, est nécessaire pour répondre à ces attentes de manière adéquate.

 

Le rôle des médias et de la société civile…

 

Les médias et la société civile jouent un rôle important dans la sensibilisation et le plaidoyer pour les droits des victimes. Radio Ndeke Luka, par exemple, en organisant des débats comme Patara, contribue à maintenir le sujet des victimes au centre des discussions nationales. La société civile, quant à elle, continue de pousser pour des réformes et de surveiller la mise en œuvre des politiques de réparation.

 

Le chemin à parcourir…

 

La route vers la justice et la réparation pour les victimes en République Centrafricaine est encore longue et semée d’embûches. Les discussions lors de la neuvième édition de la Journée nationale des victimes montrent que, malgré les avancées, beaucoup reste à faire. La volonté politique, le soutien international et la mobilisation de la société civile sont essentiels pour avancer dans cette direction.

 

Perspectives d’avenir…

 

Les perspectives d’avenir pour les victimes en République Centrafricaine dépendent de plusieurs facteurs. Une meilleure coordination entre les différents acteurs, une réforme des institutions et une volonté politique forte sont nécessaires pour assurer la réparation des victimes. L’implication des victimes dans le processus de prise de décision est également cruciale pour garantir que leurs besoins et leurs droits soient respectés.

 

Enjeux de la consolidation de la paix

 

La consolidation de la paix en République Centrafricaine passe par une reconnaissance des erreurs du passé et des mesures concrètes pour les réparer. Le rôle de la CVJR, bien qu’important, doit être soutenu par des initiatives plus larges visant à renforcer la cohésion sociale et à prévenir de nouveaux conflits. La mise en place de mécanismes de justice transitionnelle et de réparation est un pas important vers une paix durable.

 

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