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Centrafrique : Sarandji et Ngamana, nouvelle bataille, nouvelle stratégie

Sarandji et Ngamana, nouvelle bataille, nouvelle stratégie

 

De gauche à droite, Simplice Mathieu Sarandji, président de l'Assemblée nationale et Évariste Ngamana, 1er vice-président de l'Assemblée nationale
De gauche à droite, Simplice Mathieu Sarandji, président de l’Assemblée nationale et Évariste Ngamana, 1er vice-président de l’Assemblée nationale. CopyrightCNC

 

Bangui, 30 octobre 2023 (CNC) – Pays de paradoxe et d’anomalies multiples, la Centrafrique est à nouveau le théâtre d’un nouvel affrontement politique de grande envergure au sommet du pouvoir. Où? À l’Assemblée nationale ou l’on voit tous les murs des couloirs de cette assemblée, secoués. À l’origine, un bras de fer qui oppose le Président de l’Assemblée nationale, le Professeur Simplice Mathieu Sarandji, à son premier vice-Président, Évariste Ngamana, qui s’est fait remarquer par des manœuvres controversées depuis 2021. Ce duel intrigue et interroge, laissant planer de nombreuses questions sur les motivations, les enjeux et les issues de cette rivalité politique.

 

L’un des éléments déclencheurs de cette bataille au sommet de l’État est le vote illégal et controversé de la nouvelle constitution, une initiative portée par le Président putschiste Faustin Archange Touadera , visant à lui permettre de briguer un troisième mandat. À bien des égards, certains espéraient que cette manœuvre apaiserait les tensions au sein de l’Assemblée nationale, mais au contraire, elle a ravivé les flammes de la rivalité.

 

Évariste Ngamana, un ancien marabout des milices Anti-Balaka de Carnot, a fait un parcours politique atypique. Ses ambitions semblent dépasser les limites de la décence. Après avoir occupé le poste de directeur de cabinet au ministère chargé du Secrétariat du gouvernement, il a réussi à devenir député de la République. Plus surprenant encore, il a été promu au poste de premier vice-Président de l’Assemblée nationale. Son objectif à mi-parcours: devenir le Président de l’Assemblée nationale, un poste clé dans la politique centrafricaine et au final, président de la République centrafricaine.

 

Pour atteindre son objectif, Évariste Ngamana multiplie les attaques fétiches contre le Président de l’Assemblée nationale, Simplice Mathieu Sarandji. Il a déjà tenté à plusieurs reprises de destituer ce dernier, mais ces manœuvres ont échoué. Récemment, il a lancé une pétition pour recueillir des signatures de ses collègues députés dans le but de présenter une motion de destitution contre Simplice Mathieu Sarandji. Malgré ces manœuvres, le Président de l’Assemblée nationale reste confiant et serein, selon son entourage.

 

Évariste Ngamana a élaboré une stratégie qui semble relever de la cour de récréation en plaçant certains députés à la tête d’un groupe soi-disant en colère. Il joue sur l’ethnicité des députés en mettant en avant un député de l’ethnie Yakoma et un député Banda, dans l’espoir de brouiller les pistes et de faire croire que c’est l’ancien Premier ministre Henri-Mari Dondra, un Yakoma, qui serait derrière cette tentative de destitution. Et ce que ce féticheur oublie, c’est qu’Henri-Mari Dondra a créé son propre parti politique et n’est plus impliqué dans les affaires du MCU, le parti au pouvoir.

 

Le jeu de Ngamana Évariste est facilement décelable, notamment lorsque l’on voit les mêmes avatars ? créés hier pour s’en prendre à à tort l’ancien Premier ministre Henri-Mari Dondra, l’accusent à nouveau d’être derrière cette manigance. Malgré tous ces efforts, la pétition d’Évariste Ngamana est encore loin d’atteindre le quota fixé par le règlement intérieur de l’assemblée nationale, à savoir les deux tiers des députés nécessaires pour destituer le Président de l’Assemblée nationale. Mais d’après un des signataires de cette pétition, Évariste Ngamana, tout comme Touadera, restent sereins et déterminés.

 

Pour certains Centrafricains, cette bataille de pouvoir semble être un stratagème visant à évincer Simplice Mathieu Sarandji de la présidence de l’Assemblée nationale pour ensuite le propulser comme premier vice-Président de la République aux bonnes et mauvaises humeurs de son ami patron de toujours, Faustin Archange Touadera. Et pour d’autres, le refus à l’œil nu de Simplice Mathieu Sarandji de coopérer avec les juges désignés cherchant des motifs pour la levée des immunités de ses deux parents du nord députés, Ziguelé et Dologuelé, comme le veut Ngamana, serait à l’origine.

 

Les enjeux politiques en Centrafrique restent complexes, et cette lutte au sein de l’Assemblée nationale ne fait que refléter la nature mouvante et parfois volatile de la politique dans le pays. L’avenir politique de la Centrafrique reste incertain, mais une chose est claire : cette confrontation au sommet du pouvoir n’est pas près de se résoudre.

 

Par Gisèle MOLOMA

 

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