Violence, menaces et intimidation : vent de répression russe sur la presse africaine

Publié le 6 décembre 2022 , 7:06
Mis à jour le: 6 décembre 2022 12:56 pm

Bangui (République centrafricaine) – La volonté de répression de la presse par la Russie dépasse aujourd’hui largement les frontières du pays. En Afrique, depuis quelques mois, le quotidien des journalistes africains a été bien impacté.

Jean Saint-Clair Maka Gbossokotto décédé le 23 février 2022
Jean Saint-Clair Maka Gbossokotto, fondateur du quotidien Le Citoyen décédé le 23 février 2022

 

Rédigé par Adama Bria

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le lundi 5 décembre 2022

 

Vent de répression russe sur la presse africaine

Depuis l’arrivée de mercenaires russes sur le continent, on enregistre une hausse dans les actions entravant l’exercice de la presse africaine. Le contexte politique de nombreux pays du continent étant également très tendu (putsch, coup d’Etat réguliers, manifestations populaires, etc..), on pourrait penser qu’il s’agit uniquement d’un problème conjoncturel. Pourtant, il serait légitime de se poser la question suivante : est-ce une malheureuse coïncidence ou un véritable phénomène de déstabilisation de la presse africaine. Plusieurs affaires récentes en Centrafrique et au Mali pourraient aider à y voir plus clair.

Les russes font régner la peur en Centrafrique

 

Tout d’abord, il serait difficile de ne pas évoquer la mort tragique, mais surtout suspecte, du journaliste centrafricain Jean Saint-Clair Maka-Gbossokotto, le 23 février 2022. Le directeur de publication du média Anti Infox RCA et coordonnateur du Consortium des Journalistes Centrafricains pour la Lutte contre la Désinformation (CJCLD) avait, soi-disant, fait un malaise chez lui. Certains pensent plutôt à un empoisonnement, tant le célèbre fact-checker dérangeait fortement les mercenaires de Wagner. Par ailleurs, il refusait catégoriquement toute forme de collaboration avec les Russes. Cette raison aurait pu pousser ces derniers à se débarrasser du journaliste influent, surtout depuis son article où il disait espérer une future “dewagnerisation” de la Centrafrique.

Plus récemment, Fiacre Ursul Serema Salabe, fact-checker appartenant notamment au réseau des journalistes pour les droits de l’homme et travaillant pour l’UNICEF en RCA, a subi sur les réseaux sociaux des menaces de mort, sur un compte intitulé « Ma communauté RCA ». A l’origine de cet acharnement : il s’était rendu pour un reportage le 4 septembre au meeting du Front républicain sur le terrain de l’UCATEX, d’où il a été violemment écarté par un militaire du régime alors qu’il était habilité à couvrir l’événement. C’est après cette séquence que les messages de haine ont été postés en ligne, l’accusant de trafiquer les informations. M. Fiacre Salabe a saisi le Haut Conseil de Communication centrafricain pour dénoncer ces agissements. (Répression russe sur la presse africaine). A ce jour, sa situation est encore très précaire, les menaces se poursuivent.
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La même scène se reproduit au Mali

 

Au Mali, le reporter Malick Konaté a participé à un reportage « Ligne Rouge » traitant de la présence de Wagner au Mali et diffusé par BFMTV le 05/11. Depuis la diffusion, il est ciblé par des attaques sur les réseaux sociaux, manifestement émises par de faux comptes. Il est notamment accusé d’espionnage et de transmission d’informations secrètes sur le Mali.

Toujours au Mali, le journaliste Mohamed Attaher Halidou a pris la parole lors d’un éditorial sur Joliba TV, chaîne créée en 2021, en affirmant que « la liberté d’expression est en danger, la démocratie avec. Nous sommes dans la dictature de la pensée unique ». Pour ces propos, la chaîne de TV a été suspendue pour deux mois par la Haute Autorité à la Communication (HAC) du Mali. (Répression russe sur la presse africaine).

Cette situation au Mali rappelle malheureusement celle de la RCA : « Cette situation au Mali rappelle malheureusement celle de la RCA, quand un média est catalogué, ciblé et intimidé par le groupe Wagner. » il est catalogué, ciblé, intimidé. C’est le nouveau quotidien de la presse malienne qui subit ces pressions et qui vit dans la peur. Ceci pousse certains médias internationaux, également visés par ces pressions, à mettre en sécurité leurs reporters en les faisant quitter le pays.

Ces faits exposés ne sont malheureusement pas des cas isolés. Depuis ces événements, on ne cesse de recenser entraves, intimidation, violences envers les journalistes africains, issus de nationalités différentes, centrafricaine, malienne, mais pas seulement. Le point commun ? Les pays où les journalistes subissent le plus d’entraves et de menaces, sont ceux qui ont ouvert grand leurs portes aux « militaires » russes de Wagner. Affaire (tragique) à suivre…. (Répression russe sur la presse africaine).

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