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CENTRAFRIQUE : UNE TÊTE DE PONT POUR LA RUSSIE EN AFRIQUE CENTRALE ?

 

 

 

CENTRAFRIQUE : UNE TÊTE DE PONT POUR LA RUSSIE EN AFRIQUE CENTRALE ?

 

 

L’ORDRE SOVIÉTIQUE À BANGUI ?

 

          Incroyable ! Tout se passe comme si la France avait déserté le marigot centrafricain en ébullition pour se réfugier à N’Djamena !

          En effet, c’est désormais dans la capitale tchadienne qu’Emmanuel Macron et Idriss Déby s’agitent pour tenter de résoudre l’équation à plusieurs inconnues de l’espace centrafricain. Incapables de contrer l’expansion militaire et politique des Russes dans le pays des Bantous, les deux présidents initient une réunion hasardeuse à N’Djamena, avec les seules factions des ex-Sélékas, sans même les autorités légales centrafricaines ! Cette façon de faire ne peut être considérée que comme un geste inamical et une sorte de provocation par les Centrafricains, pour qui le président tchadien est un bourreau.

          Pendant ce temps, les Russes ont quartier libre et se frottent les mains ! Après avoir investi les rouages du pouvoir centrafricain, ils s’installent dans les provinces administrées par les ex-Sélékas. Ils négocient directement avec les séditieux les conditions d’exploitation des mines de d’or et de diamants, comme si les bandes armées étaient devenues les autorités légales du pays. Il est d’ailleurs fort à parier qu’avant de se rendre à la réunion de N’Djamena, les rebelles ont échangé avec eux. Avec leurs mercenaires de la société Wagner, les Russes semblent être devenus les forces principales et les maîtres du jeu en Centrafrique. Omniprésents dans les lieux où se décide la politique de la RCA, très influents auprès des autorités de Bangui, ils donnent véritablement l’impression d’orienter leur politique.

          Qu’elle est loin, l’époque où les ambassadeurs de France à Bangui intervenaient intempestivement dans la politique centrafricaine ! Ils se mêlaient de la composition du gouvernement et indiquaient leur préférence pour un candidat aux élections présidentielles.

          Désormais, ce sont les Russes qui semblent avoir l’oreille des dirigeants centrafricains.

 

DES CHINOIS SILENCIEUX, UN BIZNESS FRUCTUEUX

          Malgré l’insécurité, les Chinois investissent et font des affaires. Elles sont juteuses : exploitation de mines d’or, de diamants et autres minerais ; recherche d’uranium ; prospection de gisements de pétrole. C’est la compagnie pétrolière chinoise Shaanxi Petroleum Internationale qui s’occupe de l’or noir dans le Vakaga. Rappelons que cette région est sous la coupe sans partage des ex-Sélékas. Les Chinois ont donc dû négocier avec les rebelles leur sécurité et la protection de leurs sites.

          Les ressortissants chinois sont nombreux en Centrafrique. Parmi eux, beaucoup d’irréguliers et de clandestins. Les Chinois sont experts en corruption de fonctionnaires. Dernièrement, un de leurs ressortissants a été arrêté pour non-paiement des droits d’exploitation minière. Il avait soudoyé un fonctionnaire du service des mines.  La vigilance du personnel qui y travaille est souvent altérée par la quête du Goro (bakchich).

          Férus de tactique reptilienne, se moquant de ce qui leur semble être des balivernes comme la démocratie ou les droits de l’homme, ne se mêlant pas de la politique intérieure des pays qui les accueille, se livrant uniquement aux affaires qui leur rapportent, les Chinois ne se privent pas néanmoins de tirer les ficelles dans l’ombre, pour, le moment venu, intervenir dans les négociations.

          Dans ces conditions, on se rend bien compte que la France est cernée dans son pré carré. Elle sera désormais obligée de batailler dur pour reconquérir l’estime et l’amitié perdue des Centrafricains, résultat des politiques hasardeuses et néocolonialistes qu’elle a menées dans ce pays. Elle devra ensuite tenter de freiner l’influence galopante des Russes et des Chinois. Mais si elle continue de penser que le président Idriss Déby Itno est le mieux qualifié pour résoudre l’imbroglio centrafricain, elle se trompe. La reconquête de sa place en Centrafrique sera alors bien compliquée.

          A la vitesse où vont les choses, on se demande si l’avenir de la jeunesse centrafricaine ne se concocte pas sur les bords de l’Oural ou du Yang-Tse-Kiang.

                                                                                                         

 Par : JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(15août 2018)

 

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